Bonjour à toutes et à tous,
Une fois de plus, la ténacité et la générosité de nos donateurs et bénévoles nous ont permis d’organiser cette maraude.
Le repas chaud a été préparé par des collégiens de la section Segpa du collège de Montauroux, une belle équipe animée par leur professeure Camille Portelli ; un excellent Chili Con Carne qui a été très apprécié par la soixantaine de migrants présents ce soir là à Vintimille.
La veille de la maraude, Claude, Félix et Françoise ont pu dialoguer avec ces élèves et leur ont présenté un diaporama et un film. Cela leur a permis de découvrir les conditions dans lesquelles survivent les migrants et de s’interroger sur la façon dont ils pourraient les aider. Ce repas constitue donc aussi pour ces élèves leur première action concrète de solidarité avec les migrants.
Vos dons ont été abondants, ce qui nous a permis d’augmenter les quantités dans les sacs de nourriture distribués, et de remettre à l’association No Name Kitchen une importante quantité de tentes, de vêtements et de chaussures.
Sur le parking, nous avons retrouvé trois bénévoles qui se sont impliqués dans la mise en place du mémorial de la Commemor’Action du 6 février 2025 en hommage aux 49 personnes décédées à la frontière franco-italienne depuis 2016, et plus récemment à l’enterrement de Yonas décédé le 8 février dernier. Nous y avons également rencontré des bénévoles de l’association Karama Collective Solidarité présents pour quelques jours à Vintimille.
Témoignage de Félix :
Debout, une main sur la poignée de sa grande valise, elle attend, toute seule, dans un coin du parking. Ce soir, il y a un homme qui lui fait face à 100 mètres, assis sur le mur délabré contre le grillage qui « interdit » l’accès à l’abri sous le viaduc.
Lui aussi attend notre arrivée, son bagage serré entre ses jambes.
Voyageurs sans destination, égarés, après quel périple ?
Les yeux de l’homme s’allument à notre sourire, la femme s’avance à petits pas jusqu’à nous, voilà un moment de chaleur à vivre pour égrener le temps, des mains tendues, des paroles humaines au-dessus du grondement de la route, des marmites encore fumantes d’un bon plat épicé odorant qui aidera à tenir debout jusqu’à demain.
Maintenant, ils sont quelques dizaines devant nous, en file indienne, ils attendent patiemment leur tour.
Leurs visages disent leur terre de naissance, Afghanistan, Erythrée, Soudan, Maghreb, Afrique occidentale … diaspora miséreuse échappée de pays blessés, ravagés par les guerres, verrouillés par des pouvoirs obscurantistes, où être jeune ne suffit pas à espérer. Il y a chez eux une famille à nourrir, il faut à tout prix avancer, passer par-dessus les frontières, parvenir à faire patiemment sa place quelque part dans un pays où vivre digne.
Samir, lui, a renoncé. Dans 4 jours il retourne au pays. Sa fille a onze ans, elle avait deux ans quand il est parti.
Certains sont là depuis des mois, on les reconnait, on sait un peu de leur histoire, Jawal, Abdellha , Mustapha …ils zonent ou ils travaillent alentour, attendent les « papiers », un meilleur salaire pour se loger enfin, se fixer, ne plus être le migrant, le SDF, aider la famille qui espère là-bas.
Ils veulent exister. Simplement. Dignement. Ils ont tellement marché pour ça. On est juste là pour ça, les aider un peu à tenir debout. On est une belle équipe.
Ce sont les jeunes élèves de la SEGPA du collège de Montauroux qui ont préparé le plat. Ils ne savaient pas pour qui ils avaient cuisiné. On leur a expliqué. Ils sont fiers de ça, ils voudraient aider plus. On est fiers d’eux.
Témoignage de Catherine :
Une maraude toujours aussi bien ficelée où chacun connaît bien son poste. Une fois de plus je me suis retrouvée à servir avec Ariane et Danielle le délicieux chili con carne dont le fumet nous a mis en appétit pendant tout le trajet dans le fourgon de Félix.
Cela ne m’a pas empêché d’intervenir à la demande d’Emmanuelle pour une douleur à la main dûe à un coup. Un peu de gel Arnica et du froid en bombe ont eu l’air de soulager ce monsieur qui ne parlait pas français.
Heureusement Danielle était là dans son rôle de traductrice bien utile.
C ‘est là que la barrière de la langue se fait sentir et où l’on se dit qu’il serait temps d’apprendre les bases d’italien.
La soixantaine de migrants ont semblé se régaler après leur journée de ramadan. Certains semblaient effectivement avoir grand faim lors de notre installation et s ‘impatientaient d’être servi.
Nous avons retrouvé des visages connus, des échanges de sourire, des remerciements, des regards plus timides.
En cette après-midi où il pleut des cordes, je ne peux m’empêcher d ‘avoir une pensée émue pour tous ces migrants qui pour la plupart ont pour seul toit, le pont de l’autoroute et qui heureusement peuvent avoir un peu de soutien grâce aux associations comme No name Kitchen que l’on a pu rencontrer pendant cette maraude
Témoignage de Jeff :
Samedi 8 mars, nous partons à nouveau bien chargés en direction de Vintimille. La camionnette Agile Auto est remplie de vêtements, tentes, couvertures. Notre premier arrêt nous conduit chez No Name Kitchen, où nous déposons ces précieuses fournitures. Chaque jour sur le terrain, ils connaissent parfaitement les besoins urgents de ceux qu’ils aident. Certains auront plus besoin de tentes, d’autres de chaussures ou de couvertures. Leur enthousiasme face à ces dons est palpable, ils vous remercient tous.
Peu après, nous nous installons sur le parking, à nouveau côté pont. Est-ce le fait d’être plus éloigné de la police, ou le plus faible nombre de migrants, mais cette configuration crée un espace propice aux échanges plus longs. Les gens restent davantage, se retrouvent dans des discussions simples et chaleureuses, et beaucoup en profitent pour se resservir du délicieux plat chaud que les élèves de Segpa du collège de Montauroux ont préparé avec tant de soin. Un grand merci à eux pour ce geste si généreux.
La distribution se déroule sereinement, et au final, après quelques retardataires, 86 sacs de nourriture trouvent preneur. Peut-être quelques doublons, mais cela représente tout de même une 70aine de personnes aidées, chacune avec sa propre histoire, son propre besoin. Les dattes, disposées en libre-service, sont particulièrement appréciées, surtout en ce mois de Ramadan où le partage et la solidarité prennent une signification toute particulière.
Je retrouve aussi notre ami du Cachemire, Il attend toujours ses papiers et nourrit l’espoir de pouvoir travailler en France. Sa patience, sa dignité et son regard résolu me rappellent les combats invisibles de tant d’autres, qui, comme lui, cherchent une place dans un monde qui semble parfois bien trop froid pour les accueillir.
Pour terminer quelques paroles de Tiken Jah Fakoly “Ouvrez Les Frontières » qui résonnent avec le parcours de tout ces jeunes …
[…]
Ouvrez les frontières, ouvrez les frontières
Ouvrez les frontières, ouvrez les frontières
Nous aussi on veut connaître la chance d’étudier,
La chance de voir nos rêves se réaliser,
Avoir un beau métier, pouvoir voyager,
Connaître ce que vous appelez liberté.
On veut que nos familles ne manquent plus de rien,
On veut avoir cette vie où l’on mange à sa faim,
On veut quitter cette misère quotidienne pour de bon,
On veut partir d’ici car nous sommes tous en train de péter les plombs !
[…]
Témoignage de Bernard :
Alors qu’il rechargeait son téléphone, je me suis assis sur le tapis à côté de Yassine, et nous avons très longuement échangé, car il était content de parler français et de me raconter son long parcours depuis qu’il a quitté la Tunisie. Il me décrit son séjour à Nice, où il a pu travailler comme brodeur & couturier ; et où il a pu se faire opérer du genou, mais avec des séquelles suite à une mauvaise prise en charge post-opératoire par un kiné. Il a même brièvement travaillé dans le pays de Fayence ! Puis il a dû retourner en Italie où son périple l’a finalement conduit sous ce pont à Vintimille. On le sent las, désabusé, fatigué. Il n’en peut plus de cette vie misérable et sans espoir. Alors, il a décidé de bénéficier de « l’aide au retour » et dans quelques jours il va rentrer chez lui, retrouver sa femme et sa petite fille de 11 ans. Alors, après cet échec, il va tenter d’y recommencer une nouvelle vie …
Les prochaines collecte et maraude auront lieu le 5 avril et seront organisées par Shara Quartermaine.
Si vous voulez participer à la collecte, à la cuisine et/ou à la maraude (être adhérent, pour bénéficier de notre assurance), merci de le contacter avant le 23 mars à : xarazt@me.com ou par téléphone : 06.03.92.85.99
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