Bonjour à toutes et à tous,
Véronique M, organisatrice de la maraude :
Samedi 15 novembre, au milieu du festival Bagiliba, trois équipes se sont constituées dès le matin: deux au Mille Clubs, l’une pour collecter vêtements, couvertures, chaussures, une autre pour préparer les sacs de denrées et les sacs de produits d’hygiène amenés par les sympathisants; une troisième encore autour d’Eric pour cuisiner un bon repas chaud.
Plusieurs fois dans la journée nous avons scruté le ciel et consulté la météo. Celle-ci persistait à annoncer la pluie. Gérard T. est allé acheter un barnum, l’un des deux utilisés habituellement étant hors service. Mais finalement nous avons eu beaucoup de chance. Un peu de pluie à l’aller, beaucoup de pluie au retour. mais sur le parking de Vintimille, la quarantaine de réfugiés qui nous attendait a pu manger au sec, prendre le temps de choisir les vêtements disponibles, emmener le sac alimentaire pour le lendemain, et le sac de produits d’hygiène indispensables au quotidien.
Nous n’avions malheureusement pas emmené de couvertures, car il n’y en avait pas pour tout le monde et convenu qu’elles seraient apporter fin novembre par Shara à l’association qui oeuvre sur place No Name Kitchen. Nous avons finalement servi 60 repas, distribué les sacs, dans une ambiance sereine.
Les bénévoles témoignent:
Jean-François :
Il est 18 heures. Déjà une trentaine de jeunes hommes patientent sur le parking. L’installation se met en place comme une chorégraphie bien répétée : les tables se déplient, les spots s’allument, chacun récupère sa caisse. En quelques minutes, notre cantine éphémère prend vie.
Très vite, une dizaine de personnes arrivent au stand téléphone pour recharger le leur. Peu de mots échangés : la faim les appelle, et ils rejoignent la file. Depuis mon poste “téléphone”, j’observe la distribution qui se déroule dans le calme. Certains s’installent à même le parking pour savourer le repas préparé par Éric.
Nous proposons aussi des produits d’hygiène, des pulls, des ponchos pour affronter la pluie qui pourrait tomber.
Vers la fin, une femme arrive 2 grandes filles et une autre avec un petit garcon pour prendre un repas. Leur présence tranche avec la foule de jeunes hommes.
Puis chacun repart. Mais pour aller où ? L’accès à la rivière et au pont est désormais entièrement grillagé. Ont-ils un endroit où passer la nuit, un coin où se mettre à l’abri, même un peu ?
La question reste sans réponse …
Danielle :
Une maraude tout en douceur, avec des sourires et des échanges possibles car beaucoup moins de migrants que certains mois que nous avons connus auparavant. Maintenant que le parking où nous faisons la distribution est entièrement clôturé pour que nos amis ne puissent plus s’y abriter, où dorment ils?
Un pakistanais est venu me voir pour savoir s’il pouvait avoir une couverture, la sienne étant trempée. Quelle tristesse. Filippo est arrivé avec quelques couvertures et a pu faire une petite distribution. Merci.
Parmi toutes ces personnes, donc des pakistanais, des afghans quelques somaliens et erythreens et chose rarissime un Français du Pas de Calais qui souhaite tenter sa chance en Italie. Beaucoup de remerciements à tout le monde pour la distribution de sous vêtements et produits d’hygiène et bien sûr pour le bon repas chaud. Au moins un peu de chaleur dans leur corps abîmés par la vie……
Bernard :
Au rayon des vêtements, les mains s’agitent et les yeux s’éclairent. Celles-ci farfouillent, déplient, replient les pulls et vêtements chauds qui y sont exposés. Ceux-là, plus furtifs, au regard aiguisé ou blasé, cherchent la perle rare, évaluant les tailles, les couleurs ou la texture des tissus. Nombreux sont ceux qui hésitent à se servir, demandant presque l’autorisation de prendre ce qui les intéresse. La plupart remercient, parfois avec le sourire, lorsqu’ils ont trouvé un vêtement à leur taille ou à leur goût. Tout le stock apporté sera rapidement écoulé, sauf quelques articles pas assez chaud pour la saison. Nombreux sont ceux qui nous demandent des pantalons, mais nous n’en avons pas ce soir, de même pour les chaussures.
Dans la file, certains attirent l’attention, comme ce jeune homme très maigre et claudiquant, résultat probable des séquelles de son périple pour arriver ici ; comme cette jeune femme, portant son enfant de 3 ou 4 ans dans les bras ; ou encore ces deux fillettes qui aident leur maman à remplir un grand sac pour y placer délicatement les boîte contenant leurs plats chaud et quelques vêtements.
Au rayon des vêtements, il y avait un peu de vie ce soir, comme un semblant de normalité en ce lieu désolé.
Sylvie :
Lors de la distribution des kits d’hygiène, j’ai failli m’étouffer de rire! Une personne m’a demandé d’échanger son caleçon…parce que les inscriptions étaient roses; visiblement, c’était un crime contre la mode. Certains autres ont ouvert leur blouson pour que je puisse vérifier la taille de leur futur sous-vêtement, façon défilé improvisé…
Gérard W. :
Quand nous sommes arrivés sur le parking où se tient la maraude, une trentaine de réfugiés nous attendaient, ils avaient déjà formé une file d’attente, dans le calme, il faisait nuit, ils étaient entourés par un groupe de militaires qui ont relevé nos plaques d’immatriculation .
Nous avons reconnu certains migrants sédentarisés, squattant des ruines abandonnées, vivant de petits boulots mal payés. D’autres étaient à l’écart, portant sur leurs visages la fatigue des jours passés et des épreuves traversées.
On pouvait lire dans leurs regards, l’usure et l’incertitude des jours a venir.
D’autres ont encore la foi de la jeunesse espérant trouver au delà de la frontière une vie meilleure, une bienveillance de la population et un accueil chaleureux….
Que dire ? Que ce n’est pas normal, que ce n’est pas digne, que personne ne devrait vivre ça…
Que faire? Une main tendue, un peu d’humanité et de réconfort, on se sent démunis devant tant d’injustice…
La prochaine collecte & maraude de Pays de Fayence Solidaire aura lieu le samedi 13 décembre 2025 organisée par notre ami Bernard Louis.
Si vous voulez participer à cette collecte, être en cuisine ou à la distribution de nourriture à Vintimille, merci de le contacter avant le 2 décembre 2025 par courriel à l’adresse : b.louis.2@orange.fr ou lui envoyer un message au : 06.71.93.55.33
Pour une question d’assurance, nous demandons à toute personne souhaitant participer à la distribution de nourriture à Vintimille d’être à jour de son adhésion (10€ ou 30€).
RETROUVEZ AUSSI NOS DERNIERES PUBLICATIONS SUR NOTRE SITE INTERNET : www.paysdefayencesolidaire.fr
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