Bonjour à tous,
Gérard :
Les équipes de maraude sont en place. Chacun trouve naturellement sa place, avec bienveillance, et parfois un peu d’humour pour alléger l’atmosphère. Mais il ne faut pas – et on ne peut pas – s’habituer à ce que l’on voit. Ces jeunes que nous croisons ont quitté leurs familles, traversé la famine, connu l’exil, et parfois la guerre.
Trois Afghans, anciens militaires, nous ont parlé des combats qu’ils ont menés contre les talibans. Ce ne sont pas des histoires lointaines : ce sont leurs vies. On lit la fatigue dans leurs regards. Leurs visages portent les marques de ce qu’ils ont traversé.
Certains restent à Vintimille, acceptant des petits boulots sous-payés, vivant sous un pont dans des conditions indignes. D’autres gardent l’espoir de régulariser leur situation, quelque part en Europe, pour enfin vivre normalement.
Merci à celles et ceux qui, chaque jour, leur tendent la main, sans jugement.
Félix :
Les trois hommes sont afghans. Ils ont encore le parler tranquille et doux de leur pays malgré, les fuites, les traques, les menaces, les coups qui ont meurtri leur corps au long de leur route d’exil. Ils nous sourient.
Celui-là me montre deux cicatrices sur sa cuisse et son mollet : « La balle est entrée ici et elle est sortie par là. Depuis j’ai mal, il faut m’opérer mais j’attends d’avoir les papiers pour aller à l’hôpital. » Son copain a eu de la chance, une balle a traversé son thorax de part en part mais il a survécu au tir des talibans.
Tous deux ont été soignés puis ils ont fui le pays. Là-bas, ils étaient militaires, ils ont laissé leur famille pour survivre. Je pense aux femmes seules cachées sous l’épaisseur des voiles, abandonnées au pouvoir des barbus˝ fils de dieu˝.
Le troisième homme est silencieux, ses yeux tristes sont cernés de bleu comme si on l’avait battu. Ils sont tous trois proches comme des frères. Ils comptent : « on est 9 afghans là sous le pont ».
Est-ce qu’on peut imaginer leur parcours depuis l’Afghanistan, leur marche obstinée vers nous ? combien de kilomètres, combien de frontières franchies, combien d’années de galère jusqu’à l’Europe ? combien de frères perdus sur la route ?
Enfin, en France, une ville où se poser, l’espérance d’un « papier », un dossier de demande d’asile, un travail clandestin pour survivre. Et le « verdict » de l’OFPRA tombe un jour mauvais : REFUSE. Malgré la balle des talibans dans le corps, malgré le désir profond de vivre parmi nous. OQTF. Obligation de Quitter le Territoire Français.
On les a ramenés en Italie où ils ont été enregistrés pour la première fois en Europe. Ils se cachent sous le pont à Vintimille. Ils ont déposé un dossier à la préfecture, ils attendent.
On est là, petit groupe d’amis solidaires, en face d’eux, si aimables toujours, tranquilles, patients. On peut juste les écouter, leur formuler des paroles d’espoir, leur offrir un verre de thé, serrer leur main.
Shara et Francoise :
Nous ne sommes jamais sûrs de ce que nous allons recevoir lorsque nous nous retrouvons au Mille Club de Fayence un samedi matin. Avant notre voyage à Vintimille….. samedi dernier, nous avons reçu une grande quantité de couvertures et de serviettes qui nous aideront énormément cet hiver !
Nos véhicules étant pleins à craquer, nous nous sommes rendus à Vintimille samedi soir pour distribuer de la nourriture et de l’eau aux personnes se trouvant sous le pont de l’autoroute. La police était présente en force – nous n’arrivons pas à comprendre la raison – une dissuasion ? une façon de rassurer les habitants sur la gestion de la situation par le maire ? qui sait !
Un mélange d’Afghans, de Soudanais, de la Maghreb, d’Africains de l’Ouest et d’Albanais nous attendaient, affamés et assoiffés à la fin d’une chaude journée. Ils étaient ravis de pouvoir choisir plusieurs t-shirts parmi la grande quantité que nous avions apportée avec nous ; ils me regardent d’un air incrédule lorsque je leur explique qu’ils peuvent en prendre plus d’un.
Tout est tellement contrôlé : où ils peuvent et ne peuvent pas aller, à quelle heure ils peuvent obtenir de la nourriture et de l’eau, quand ils peuvent se doucher (ils doivent s’inscrire auprès de Caritas pour le nombre limité de créneaux disponibles pour une douche dans les installations de Caritas), ou prendre une « douche de camp » fournie par la merveilleuse équipe de No Name Kitchen, sur le bord de la route.
Arrêt sur image imprimé sur nos rétines : « Le jongleur » de ce samedi soir. Grace au don d’une quarantaine de balles de tennis, reçu de la ressourcerie » La Source » à Montauroux, présenté en fin de distribution dans un panier parmi les t-shirts qu’ils choisissent avec soins. Le premier réfugié qui plonge ses mains dedans en ressort trois d’un coup et s’anime, nous montre pendant 30 secondes ses talents, et le sourire qui va auprès ! Eclat de joie simple et partagé, parmis d’autres heureusement, dans cet endroit toujours aussi sordide.
Françoise et moi avons dû soigner de nombreux petits maux : poignets foulés, ecchymoses, piqûres d’insectes, maux de ventre, maux de gorge – même l’été apporte son lot de défis à ceux qui vivent sous le pont.
Un jeune homme nigérien à la voix douce est revenu plusieurs fois pour discuter – il parlait très bien français et espérait que ses papiers seraient traités en temps voulu à Vintimille. Danielle lui a expliqué qu’elle avait été à Niamey il y a plusieurs années et son visage s’est illuminé lorsqu’il a parlé de sa famille et de sa maison, en haoussa et en français, et de ses espoirs pour l’avenir.
Lorsque nous sommes partis, le parking s’était vidé, tout le monde était parti à la recherche d’un endroit convenable pour la nuit, et les « carabiniers » n’étaient que trop heureux de remonter dans leur camionnette et de s’enfoncer dans la nuit.
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Concernant la maraude du mois d’août, les équipes sont constituées et se fera en petit comité, pas de collecte prévue.
La prochaine collecte & maraude de Pays de Fayence Solidaire aura lieu le samedi 23 septembre 2025 organisée par notre amie Francoise Boogarts.
Si vous voulez participer à cette journée, merci de la contacter avant le 5 septembre 2025 par courriel à l’adresse : fr.boogaerts@outlook.fr
ou lui envoyer un message au : 06.75.60.65.51.
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