





Comptes rendus des maraudes de 2024
- Maraude du 14 décembre 2024
- Maraude du 16 novembre 2024
- Maraude du 19 octobre 2024
- Maraude du 21 septembre 2024
- Maraude du 24 août 2024
- Maraude du 27 juillet 2024
- Maraude du 29 juin 2024
- Maraude du 1° juin 2024
- Maraude du 4 mai 2024
- Maraude du 6 avril 2024
- Maraude du 9 mars 2024
- Maraude du 10 février 2024
- Maraude du 13 janvier 2024
Compte rendu de la maraude du 14 décembre 2024
Maraude du 14 décembre 2024
Bonjour à toutes et à tous,
La fidélité, la générosité et l’implication de nos donateurs et bénévoles nous ont, encore une fois, permis d’organiser la dernière maraude de l’année ce samedi 14 décembre 2024, qui s’est déroulée dans le calme.
Nous avons eu le plaisir d’y accueillir de nouveaux participants, tant le matin pour la préparation du repas chaud, que l’après-midi pour se rendre à Vintimille.
La collecte du matin a été particulièrement fructueuse pour les vêtements, couvertures et couettes qui sont, avec l’arrivée de l’hiver, plus indispensables que jamais. Nous avons pu préparer 80 sacs de victuailles, plus quelques caisses de produits « en vrac » pour permettre aux migrants de s’y servir directement pour compléter leur repas.
Eric, entouré d’une équipe dynamique, a préparé un excellent repas chaud (pates & légumes & viande …) qui a été distribué à une soixantaine de personnes.
A notre arrivée sur le parking de Vintimille, les migrants nous y attendaient déjà, ainsi que les policiers qui ne nous ont rien demandé ce soir là.
Nous étions un peu inquiet, car l’équipe qui devait distribuer à Vintimille le repas du vendredi soir n’avait pas pu venir, et nous redoutions un éventuel afflux de migrants affamés. Mais cela n’a pas été le cas, car ceux-ci avaient probablement pu avoir un repas le midi, distribué par l’antenne locale de Caritas.
Il faut savoir qu’il y a une trentaine de groupes qui interviennent sur Vintimille pour y assurer tout au long de l’année un véritable soutien aux migrants qui y sont bloqués. La coordination entre ces différents groupes est donc essentielle et leur coopération permet de partager une charge qui serait beaucoup trop lourde pour un seul groupe.
La distribution du repas a également été complétée par celle des produits d’hygiène, de vêtements, de tentes, de sacs à dos et de couvertures. Le lendemain, Shara a également acheminé à Vintimille des fournitures et matériels où ils ont pu être stockés chez l’un de nos partenaires qui en assurera la remise aux migrants.
Témoignage de Laurence :
Samedi j’ai soigné une brûlure profonde sur le doigt d’un jeune qui dans notre monde aurait été traitée à hôpital … soigné de manière précaire sur le parking ce garçon était extrêmement reconnaissant .
Petite goutte d’eau…
Témoignage de Françoise :
Photo … notre cercle qui s’agrandit chaque fois…ici un pied de Montauroux en plus, un pied passé par Taïwan, et d’ un jeune réfugié pakistanais …
Témoignage de Bernard :
Lors d’une maraude, on retrouve parfois certains migrants qui sont à Vintimille depuis plusieurs mois, voire plus longtemps, et avec lesquels il est possible d’échanger quelques mots pour prendre de leurs nouvelles. Mais ces échanges sont le plus souvent très brefs et on a l’impression que les migrants se protègent par pudeur comme pour masquer leur situation véritable.
Alors que nous nous interrogeons sur l’évolution de la situation à Vintimille, j’ai pu m’entretenir longuement avec Filippo qui y vit et porte assistance quotidiennement aux migrants. Il les connait donc très bien et son témoignage et ses analyses sont toujours riches d’informations et suscitent de multiples interrogations.
En fin de soirée, alors que nous étions sur le départ, il s’est approché de nous, et par gestes nous a fait comprendre qu’il souhaitait participer à ce qui est devenu, au fil du temps, la traditionnelle « photo des marcheurs ». Il s’est ainsi inséré, symboliquement, à notre communauté. C’est alors qu’il m’a semblé le reconnaitre, car il avait fait de même deux mois auparavant. Mais il était alors plein d’énergie et de gouailles, tandis qu’il était, ce samedi, presque distant, éloigné, avec des gestes lents, comme affaibli.
Alors que nous partions, il était de nouveau tout seul au milieu du parking. Il semblait hagard, le regard trouble, comme s’il était ailleurs, dans en état second, hors du monde, dans son monde … Je n’ai pas pu m’empêcher de descendre de notre véhicule pour aller lui serrer la main pour lui dire …? Qu’a-t-il pu penser de ce geste spontané ? Qu’il était déplacé ? On ne le saura jamais.
Nous vous souhaitons de joyeuses fêtes de fin d’année et vous présentons nos meilleurs voeux solidaires pour l’année 2025 !
Nous vous informons que notre association animera le vendredi 24 janvier 2025 le débat qui suivra la projection du film “L’histoire de Souleymane” à la Maison pour Tous de Montauroux à partir de 20h00.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
15 décembre 2024par Shara Quartermaine, Organisateur
Last night was our last “maraude” of the year and the vans and cars were filled to the brim with hot food, hot drinks, toiletries, underwear, gloves, hats, scarves, ponchos and lots of blankets. We cannot thank you enough on their behalf for your continued support – we have bought countless pairs of sock and boxer shorts (an absolute treasure for these refugees who very rarely get the chance to change their clothes and wash), 52 tents (lifesavers!) and thermal gloves, new trainers, waterproof ponchos and shower gels, deodorants, toothbrushes and toothpastes!!! These are all luxuries for the refugees and we feel very honoured that we can afford them and hand them out when we go to Ventimiglia once a month. So THANK YOU!!!! We wish you all a very merry Christmas and the very best for the year to come. Best wishes from all the team at Pays de Fayence Solidaire…./…








ET un grand MERCI aux couturières de Solidarité Couturières Pays de Fayence pour leur don de snoods qui ont pu être distribués à Vintimille !


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Compte rendu de la maraude du 16 novembre 2024
Maraude du 16 novembre 2024
.Tout d’abord nous tenons à partager notre tristesse suite à la disparition de Délia Buonomo qui, fin octobre 2024, à l’âge de 61 ans, quittait déjà son port d’attache.
Délia pour ceux qui ne l’ont pas connu était la Mama Africa italienne de Vintimille. Elle y tenait le Bar le Hobbit à deux pas de la gare. En 2015 elle avait décidé d’ouvrir sa porte aux femmes et enfants réfugiés (mais aussi les jeunes hommes avaient une main tendue). Les voir passer devant son établissement sans rien faire, l’avait décidé un jour. Il lui fallait les accueillir, un geste d’une incroyable humanité pour un établissement commercial.
A l’arrière du comptoir, deux petites pièces faisaient office de salle de repos, de salle de bain, de dressing et de salle de jeux pour les enfants. Un capharnaüm ordonné de caisses et de sac de denrées alimentaires, de produits d’hygiène et de jeux, que différentes associations* lui procuraient au fil du temps, contenaient notre modeste soutien à son action. En hiver on lui apportait les bons restes de repas distribués au parking le soir, qui étaient aussitôt redistribués par ses soins. Des centaines de personnes y ont trouvé refuge, pour quelques heures, chaque jour, et y ont trouvé un lieu de réconfort unique à Vintimille. C’était aussi la Tour de Babel, d’Italien, il était devenu multilingue avec surtout le langage des signes et de l’amour ! Et les infos circulaient on ne savait pas comment, mais les nouveaux arrivants descendus du train savaient souvent que non loin quelqu’un les attendait dès l’ouverture. Les humanitaires s’y retrouvaient pour leurs réunions, une autre modeste façon de soutenir Délia. Car par son humanité elle a finalement perdu son lieu de travail, les clients habituels ne venant plus, des difficultés juridiques et financières sur de longues années ont finalement été trop lourdes à porter. Et le bar a dû fermer, brisant son cœur à elle.
Au nom de nous tous merci Délia d’avoir été là pour chacun d’entre eux, et pour l’exemple que tu as été pour nous tous.
* notre association l’a également soutenue financièrement jusqu’en juin 2022, date de la fermeture définitive du Bar le Hobbit
Et voici le compte-rendu de notre dernière maraude :
Une fois de plus, grâce à la générosité de nos donateurs et l’implication de nos bénévoles, nous avons pu organiser, samedi 16 novembre, une nouvelle maraude à Vintimille.
La collecte du matin s’est avérée fructueuse, ce qui nous a permis sans problèmes de préparer 100 sacs de victuailles, et de pouvoir également disposer de produits frais “en vrac” qui y ont été très appréciés.
Jean Pierre et Dominique, Frédéric et Emmanuelle ont confectionné le repas chaud, pâtes & légumes & saucisses, merguez … un régal, qui a été fort apprécié par les environ 80 migrants qui étaient présents à Vintimille.
Nous avons eu la chance de bénéficier d’une météo clémente : pas de pluie mais nous nous demandons comment les migrants supportent le froid dès le soir tombé.
Sur le parking, lorsque nous y arrivons, une dizaine de représentants des forces de l’ordre sont déjà présents.
Les migrants nous donnent quelques informations sur leur provenance : Erithrée, Soudan, Afghanistan, Pakistan, Africain du sud, Maroc, Tunisie, Ghana, Gambie. Beaucoup sont extrêmement jeunes, manifestement mineurs et/ou tout juste majeurs.
Les nattes, coussins, draps que nous mettons à disposition dès notre arrivée pour manger par terre sont immédiatement ramassés pour les emmener plus tard dans leur lieu de fortune. Il fait trop froid pour s’installer…
Nous leur distribuons, en complément de la nourriture, comme habituellement, des produits d’hygiène (il y en a assez pour tous), des sous-vêtements, des chaussettes, des écharpes. Il n’y a malheureusement pas assez de bonnets, pulls, pantalons, couvertures, pour tout le monde. Quelques-uns sont en claquettes et nous n’avons pas de chaussures !
Témoignage de Claude, notre soignant :
Derrière la croix rouge, ce soir, calme plat : Une dame souffrante, anémiée et très fatiguée, en provenance du Maghreb, des jeunes gens avec des dermatoses (dues au manque d’hygiène et au stress, peaux sèches (prévoir une crème type XeracalmA.D qui est le soin d’urgence par excellence). Pas de traumatologie cette fois.
Témoignage d’Ariane :
Ça y est le gel s’est invité, nous avons dû gratter la voiture avant de nous rendre à la collecte. C’est vous dire que nos amis de Vintimille doivent avoir froid.
Lorsque nous arrivons sur place, ils sont tous déjà prêts et nous attendent calmement en rang. Cette fois, environ quatre-vingt hommes, des anciens mais aussi de nombreuses nouvelles têtes, jeunes, certains viennent d’arriver. Ils n’ont pas de quoi se vêtir chaudement, certains n’ont même pas de chaussures…
La distribution s’est passée dans le calme. Au stand des vêtements, il a bien fallu en freiner quelques-uns qui auraient bien emporté plusieurs pièces, mais il en faut pour tout le monde.
Nous sommes repartis tôt. Personne ne s’est attardé pour manger son repas avec nous, ils ont préféré retourner sous le pont se mettre « à l’abri ». Le froid était déjà glaçant.
Merci à Veronique et Gérad pour la préparation de cette maraude.
Témoignage de Gérard T. :
Ce samedi le décor n’a pas changé : grand parking vide, exilés dispersés et en attente, cordon de forces de l’ordre qui papotent en bord de route.
Au fond l’autopont protège de la pluie et surplombe ce vaste terrain vague où les migrants s’installent avec des tentes, souvent sur des palettes en bois, ce qui permet aux rats de circuler sans les réveiller.
Je découvre une grande palissade grise nous isole de ce terrain et de ceux et de ce qu’il contient, sans doute posée après le passage des bulldozers qui avaient tout rasé.
A son nord pourtant il manque 3 mètres de clôture ; ça forme un trou noir ; de loin on dirait une porte qui n’est pas fermée.
Après leur repas, la quasi-totalité des migrants y passent ; ils disparaissent à nos yeux, ils disparaissent tout court. Invisibilisation de la misère.
Quand nous repartons le parking est vide et propre, les forces de l’ordre papotent toujours, et derrière la palissade, la Sur-Vie continue, continuons notre aide.
Témoignage de Frédéric :
Dimanche matin, lendemain de la maraude…Je me réveille au chaud dans mon lit. Le jour se lève sur ce parking froid… ma tête y est encore – pour combien de temps avant de reprendre sa petite routine de « nanti » ? Y a-t-il eu du vent cette nuit sous le pont de l’autoroute ? Il paraît qu’il revient aux nouveaux de dire quelques mots, mais que dire ?
Ils nous attendaient bien en ordre, je vois ces visages dignes, qui, pour la plupart, ont encore l’énergie de dire merci et de répondre brièvement à mon sourire entre deux propositions de shampoing, rasoirs, et autres.
Tous ces jeunes, nombreux – Soudanais, Érythréens ? – les plus jeunes, barbe à peine naissante, n’ont pas encore besoin de rasoirs ! Depuis combien de temps ont-ils quitté leur famille, leur mère ?
Certains hommes, néanmoins ne lèvent pas les yeux, je n’ose pas imaginer ce qu’ils ont traversé. Depuis combien de temps buttent-ils sur cette frontière ? Suffisamment, visiblement pour apprendre l’italien.
Deux femmes d’un certain âge se tiennent, hermétiques, à l’écart des hommes et attendent pour manger et glaner quelques couvertures.
Un homme mange à l’écart, invective la nuit en gesticulant… où a-t-il laissé sa tête ? Depuis quand ?
On nettoie le parking sous l’œil inexpressif des Carabinieris, de la Polizia et de quelques soldats F.M. en bandoulière.
Sous la houlettes des plus expérimentés, dans la bonne humeur (merci à vous tous!), le démontage est aussi efficacement et rondement mené que notre installation à l’arrivée… on sent bien que tout cela est rodé depuis un moment !
Nous repartons pour la France dans nos voitures chauffées…../…
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Compte rendu de la maraude du 19 Octobre 2024
Maraude du 19 octobre 2024
Une fois de plus, grâce à la générosité de nos donateurs et l’implication de nos bénévoles, nous avons pu organiser ce samedi 19 octobre notre dernière maraude à Vintimille.
La collecte du matin s’est avérée fructueuse, ce qui nous a permis sans problèmes de préparer 80 sacs de victuailles, et de pouvoir également disposer de produits frais “en vrac” qui y ont été très appréciés.
Shara a confectionné le repas chaud, riz & légumes & merguez … un régal, dont la recette est son secret, et qui a été fort apprécié par la cinquantaine de migrants qui étaient présents à Vintimille
Nous avons eu le plaisir d’accueillir Emmanuelle et Frédéric, pour leur première participation à une collecte & maraude.
Après les très fortes précipitations de ce derniers jours, nous avons eu la chance de bénéficier d’une météo clémente pour nous y rendre, tout en se demandant comment les migrants avaient pu supporter, alors qu’ils sont sans abris ni protection, la violence de ces dernières pluies.
Sur le parking, lorsque nous y arrivons, les représentants des forces de l’ordre y sont plus nombreux que les migrants. Il faut dire que celles-ci s’y sont largement déployées les jours précédents, les campements de fortune sous le pont ayant été détruits à coup de bulldozer, et leur accès interdit par la pose de grilles …
Toujours les mêmes méthodes pour intimider et maltraiter cette communauté de “survivants”, si fragile et si démunie.
Avant la distribution, Shara et Françoise ont pu déposer au local de notre partenaire Progetto 20K un stock de tentes, de vêtements chauds, de sacs de couchage et de couvertures, qui pourront être délivrés sur place aux migrants qui en ont besoin.
La distribution des repas a également été complétée par celle des produits d’hygiène, de vêtements, de sacs à dos et de couvertures.
Témoignage de Catherine :
Troisième maraude ce samedi 19 octobre et toujours autant de plaisir à retrouver l équipe et à accueillir des nouveaux arrivants comme Manu.
Cette fois ci, Bernard m’avait affecté à la distribution des repas chauds et avec Christiane nous avons formé un duo efficace (, enfin je pense) pour servir le délicieux repas préparé par Shara à base de riz, légumes variés et merguez.
Nos hôtes ont toujours autant apprécié l harissa rajouté quasi systématiquement.
Les migrants de nationalités diverses étaient moins nombreux que d habitude et semblaient plus enclins que d habitude à entamer le dialogue.
Après une distribution dans le calme et la bonne humeur, nous avons terminé par la photo habituelle de nos pieds réussie grâce à la participation d’un jeune migrant pakistanais venu à notre rescousse pour mettre le flash.
Tous ces sourires et ces remerciements au moment de repartir nous confortent dans l’idée de continuer ces missions riches en émotions et partages.
Témoignage de Félix :
Comme toujours très bien préparée – bravo Bernard – équipe bien agréable et très efficace. Peu de migrants, moins de 50 je pense.
A mon sens, peu de “passeurs” désoeuvrés, quelques travailleurs employés dans le secteur, plusieurs refoulés dublinés, j’ai reconnu quelques personnes en rade à Vintimille depuis des mois.
ement.
J’ai pu beaucoup échangé avec nombre d’entre elles. Une grande diversité d’origines, afghans, pakistanais, soudanais, somalien, érythréen, sénégalais, égyptiens, marocains, tunisiens, algériens, un jamaïcain.
Beaucoup d’inquiétude, de tristesse dissimulée mais palpable, histoires confiées d’errances, de menaces physiques, de traques, de quêtes toujours infructueuses de papiers, de travail, de log
Certains ont des papiers italiens mais ne peuvent trouver un emploi. Tous galèrent pour dormir, au long de la Roya derrière le grillage installé par les autorités avant la venue de Barnier et Retailleau, sur la plage, dans un squat etc.
Plusieurs parlent abondamment, ils “vident leur sac”, ils en ont besoin, ils me le disent.
Ce soir, les rats sont visibles jusque sur le parking!…
Oui, bien sûr, nous devons continuer les maraudes !
Témoignage d’Emmanuelle :
J’ai participé pour la première fois à la maraude du 19 .
Arrivés sur ce terrain vague ,endroit glauque qui à la tombée de la nuit devient le territoire des rats ,j’ai pu observer la mise en place avec une efficacité et une rapidité remarquable où chacun prend sa place .
Je garde en mémoire des visages hermétiques,d’autres plus ouverts ,des stigmates de souffrance dans les corps et les esprits , certains mutiques d’autres plus affables, des rencontres éphémères ,des mains qui se frôlent lorsqu’on tend un sac,des regards qui se croisent , des sourires ,parfois des rires qui s’échangent.
Il y a aussi des moments légers quand je pense à ce jeune Africain un sourire d’une oreille à l’autre me montrant le sac à dos qu’il avait choisi, à ce jeune couple assis au milieu d’un tas de vétements et de couvertures soulagés de pouvoir se couvrir.
Ce moment vécu est conforme à la représentation que je m’en faisais.Je n’avais pas d’attente particulière si ce n’est vivre ce moment pleinement et surtout entrer en résistance contre des positionnements de plus en plus durs que tout mon être rejette
Ce soir là une cinquantaine de personnes sont reparties avec un repas chaud dans le ventre, des vêtements pour affronter les premiers froids ,quelques antalgiques pour atténuer les douleurs du corps et je l’espère un peu d’humanité rendue.
Merci à vous qui m’avez si bien accueillie et témoigné tout au long de cette journée une attention bienveillante .
Témoignage de Bernard :
Cela faisait plusieurs mois que je n’avais pas participé à une maraude. Et cela a été de nouveau un choc. Un choc bienvenu, car il signifie que l’habitude ne s’est pas, ne s’est pas encore, installée, et que l’indignation demeure à chaque fois que je me rends à Vintimille. Je suis presque soulagé que celle-ci demeure intacte, car c’est elle qui nous pousse à continuer d’y agir.
La police nous y avait précédé ; sous le pont, elle est venue tout nettoyer, et les rats n’y ont plus rien à bouffer ! Elle est venue tout grillager, pour y interdire l’accès à ce lieu de vie, ce lieu de survie. Mais il est certain que les migrants y retourneront, sous le pont, leur seul lieu de relative liberté.
Peu de migrants ce soir, ce qui a été propice à de nouvelles rencontres, à des échanges plus approfondis que d’habitude.
Avec un jeune couple, afghans, parlant timidement le français, très poli, très précautionneux l’un envers l’autre, auquel n’ayant plus de tente disponible, je peux donner deux couvertures pour la nuit. Ils sont trimballés depuis un mois de ville en ville pour pouvoir déposer leur demande d’asile. En fin de soirée, très discrètement, ils avisent l’un de leur compagnon, très grand, pakistanais, avec lequel ils ramassent les déchets sur le parking ….
Avec ces deux amis, l’un très grand, pakistanais, l’autre plus petit, également afghan …
Avec ce jeune qui a séjourné 5 ans en Allemagne avant de se retrouver ici, à Vintimille, pour des histoires de papiers. Il souhaite un sac à dos et il attend patiemment que la distribution des repas soit achevée pour pouvoir l’obtenir, ce qui le ravit. Il insiste gentiment pour que je l’aide à passer en France, mais il comprend lorsque je lui explique que cela ne nous est pas possible de l’y aider. Au retour, lors du passage de la frontière, j’ai eu le coeur serré en pensant à lui : Il aurait été si facile de lui faire passer cette frontière absurde !
Avec ce jeune couple, si réservé lui aussi, mais qui finit par accepter, en fin de soirée, quelques sacs supplémentaires de denrées.
Mais impossible de communiquer avec ce vieillard, entrevu à notre arrivée sur Vintimille et qui a réussi à se trainer jusqu’au parking, qui paraît si épuisé, et auquel Catherine et Emmanuelle prodiguent quelques soins. Est-il arrivé au bout de son chemin ?
Et puis tous les autres, qui ne sont pas si nombreux ce soir, avec lesquels il a été possible d’échanger quelques mots.
Oui, une maraude bien tranquille ! Mais il ne faut surtout pas qu’on s’habitue à cette tranquillité qui n’est qu’apparente, même si elle a permis de vrais contacts humains. Beaucoup plus que d’habitude. Mais de quelle habitude ?
Nous vous informons que notre association tiendra un stand le dimanche 10 novembre 2024 dans le cadre du marché BAGILIBA organisé à l’espace culturel de Fayence.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
20 octobre 2024par Shara Quartermaine, Organisateur
Armed with waterproof ponchos, blankets, warm clothes, a spicy curry and plenty of other goodies we headed down to Ventimiglia yesterday. Françoise and I stopped off to deliver warm clothes, sleeping bags, shoes and boots and 15 new tents (thank you so much for your donations!!) to Progetto 20k – an NGO based in Ventimiglia. They are well placed to hand out supplies when there is the need. Yet again the local council have moved the refugees away from their habitual shelters and taken away their tents and belongings. The recent appalling weather in the south of France and along the Ligurian coast has made life even harder for them. Several of them said that they had not eaten for a few days as they did not want to venture out from their “dry place” to get a meal. There is nowhere that they can go to change their clothes or dry off once they are wet. So I think that they were very grateful to see us turning up with cars full of clothes, blankets and hot food. It’s the least we can do really. Thank you so much for your support…./…



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Compte rendu de la maraude du 21 septembre 2024
Maraude du 21 septembre 2024
A écouter si vous avez le temps, un intéressant podcast de France-Culture intitulé « Jeunesse africaine en exil ».
Ce podcast donne la parole aux Mineurs Non Accompagnés (MNA) originaires d’Afrique subsaharienne. Au terme d’un voyage long et dangereux, ils butent en France sur un parcours semé d’embûches pour être reconnus mineurs et aller à l’école.
Bonjour à toutes et tous,
Merci pour vos dons en nature ou en espèces qui nous ont permis d’assurer cette nouvelle maraude du 21 septembre. Carrie-Ann a préparé un dal aux lentilles, patates douces et lait de coco et Shara a préparé 8 kg de riz ! Nous sommes partis de Fayence avec trois véhicules remplis à ras bord – et pour une première fois, un fourgon électrique Agilauto loué par Gérard. A notre arrivée sur le parking habituel, à l’entrée de Vintimille, nous avons installé les tables, rubalises, et les divers équipements nécessaires à la distribution. Nous avons distribué 80 repas chauds, bien relevés comme ils aiment, et un sac de victuailles pour le lendemain. Nous avons aussi distribué des produits d’hygiène, des sous-vêtements, des couvertures et des pulls légers. Le temps était clément et les réfugiés ont pris le temps de manger sur les coussins et tapis déposés par terre à notre arrivée. Le besoin de chargement des téléphones était toujours important car Upupa (local géré par l’association 20K) reste fermé pour le moment.
Christine, notre infirmière dévouée a apporté quelques soins aux réfugiés, des blessures désinfectées et pansées, des douleurs et des maux de pieds.
Témoignage de Pierre-Marie :
Bonjour à tous. J’ai eu beaucoup de plaisir à refaire une maraude à Vintimille. Très bien organisée par Shara, une équipe complémentaire et très agréable, face à des besoins toujours présents. Parmi les bénéficiaires, il y avait une famille dePéruviens avec 3 petits, 2 femmes (1 Marocaine et 1 Italienne ?). Et pour les nationalités : 1 Kasmiri, 2 Erythréens, 4 Maliens, 2 Nigeriens, 1 Nigerian, 7 Soudanais dont 6 du Darfur (1 du sud), 4 Gambiens, 2 Guinéens-Conakri, 7-8 Tunisiens, une dizaine de Marocains, 5 Somaliens, 3 Afghans, 1 rasta (francais ?), quelques Italiens ou Albanais ou… ? 1 hautain légèrement agressif, 2 mutiques.
Autres commentaires : Le fourgon Agilauto loué par Gérard disposait de suffisamment d’autonomie électrique pour l’aller et le retour sans recharge sur le parcours, en utilisation économique mais avec des passages en côte en mode moins économique. Très agréable à conduire, large contenance…
Commentaire de Dorit (une Danoise très gentille qui est venue nous aider avec Martine et Odile de Nice) :
J’ai été ravie de participer à la distribution samedi soir. Et de voir votre organisation, efficace et fluide. Que dire de plus après seulement une participation. Cette action est une nécessité ici comme au Danemark…..et sur toutes les frontières du monde aujourd’hui ! Et soulagée que Shara et vos contacts italiens aient pu trouver une solution d’urgence pour la famille péruvienne. Et étonnée de la présence de tant de personnes marocaines. Merci de m’avoir accueillie. Je vous souhaite toute l’énergie pour continuer ce travail indispensable !
Témoignage de Gérard W. :
Une maraude paisible….Oui mais à chaque fois les mêmes questions se posent…. N’est-ce pas de notre devoir de citoyen d’accueillir avec bienveillance ces personnes qui ont fuit la guerre, la sécheresse, les dictatures…. Nous fermons nos centres d’accueil, nos frontières et ne montrons aucune humanité envers des personnes qui sont nées aux mauvais endroits…Elles ont déjà traversé mers et déserts dans des conditions épouvantables. Et nous (l’Europe) les renvoyons, payons des pays ( Libye, Tunisie, Turquie…) qui ouvrent des « centres de réfugiés » et exploitent cette main-d’oeuvre si bon marché . J’arrête de faire du misérabilisme…et vous dit simplement merci d’adhérer à nos convictions.
Témoignage de Hugh :
Cela doit être ma dixième participation à une maraude depuis que je l’ai rejointe il y a trois ans, même si je n’y ai pas participé depuis plus d’un an. Depuis la dernière fois, j’ai remarqué qu’il n’y avait plus de policiers en civil qui restaient dans leur voiture banalisée dans le parking, vérifiant nos passeports, mais plutôt un groupe de gendarmes en uniforme, qui restaient à l’extérieur du parking pendant notre distribution. J’ai également remarqué qu’une clôture métallique avait été installée sous le viaduc, pour tenter de dissuader les réfugiés, mais elle ne fonctionnait pas. J’ai aussi remarqué que l’équipe était encore plus organisée et efficace qu’avant, même si elle était déjà impressionnante !
Heureusement, le temps était sec et chaud ce soir-là et les réfugiés étaient au nombre d’une soixantaine. Ils étaient calmes, polis et serviables et plus consciencieux pour ne pas jeter de détritus. Je servais du thé et du café. Il y avait le mélange habituel de nationalités parmi les réfugiés, dont un Algérien arborant des dreadlocks et fier de sortir de l’ordinaire par son look. Il y avait un Érythréen qui jouait du reggae sur sa chaîne audio et il était de si bonne humeur malgré son voyage ardu pour se rendre en Italie. Il y avait un jeune Cachemirien doux et gentil dont l’esprit semblait perdu ailleurs et qui voulait juste de la compagnie, alors il revint prendre plusieurs tasses de thé. Un autre jeune homme parlait couramment l’allemand, mais avait dû quitter ce pays pour une raison inconnue. Il y avait une famille péruvienne avec trois jeunes enfants qui avait dû fuir leur pays mais on leur a trouvé un logement pour les jours suivants.
Enfin, je me souviens d’un Soudanais qui avait mis six ou sept mois pour arriver ici en traversant les zones désertiques, tantôt à pied, tantôt en voiture. Cette expérience d’aide aux réfugiés m’a rappelé à quel point j’ai de la chance . Les réfugiés eux-mêmes, malgré de telles difficultés, ont été très reconnaissants de l’aide que nous leur apportons.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
23 septembre 2024par Shara Quartermaine, Organisateur
Saturday saw us holding our normal collection point in Fayence in the morning, with deliveries of clothes, blankets and food gratefully received, sorted and allocated to different cars for the journey down to Ventimiglia in the afternoon. We took the opportunity this time to hire an electric van from Fayence (a new initiative in the canton de Fayence) and it worked a treat – plenty of room in the back to hold tables, crates of food, thermos’ of tea and coffee and hot casseroles with a warm meal for the refugees. It also did the journey from Fayence to Ventimiglia and back with no recharging needed! Our vehicles were laden with food, clothes, blankets and toiletries and we had a pretty good reception when we started handing things out – the clothes end of things does turn into a bit of a « souk » but as there are only about 60 refugees at the moment, we can afford to let them pick and choose what they would like from the array of t-shirts and sweatshirts that we laid out. Christine was busy at the first aid table, dealing with minor ailments, bruises, and infected wounds. The mobile phone recharging station was also a hive of activity this time as Upupa is closed at the moment, so it is difficult for them to charge their phones. We had a Peruvian family with 3 young children to deal with – confusing situation, but to cut a long story short, we managed to find them a place to stay for 3 or 4 nights, which was a huge relief. There are some wonderful people in Ventimiglia, who will open up their houses to women and children if we ask them. So, having handed out all of our food bags and dal and rice, clothing and toiletries, recharged phones and cleaned up the car park, we loaded the last things back into our cars and headed back to Fayence – and will get ready for our next « maraude » in a month’s time! Thank you so much for your support – we will buy survival ponchos for the next trip to Ventimiglia, as they were a huge success last year and keep the rain out and the heat in and can easily be folded into a pocket…./…


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Compte rendu de la maraude du 24 août 2024
Maraude du 24 août 2024
Bonjour à toutes et tous,
Comme chaque mois, ce 24 août, nous nous sommes rendus à Vintimille , à la rencontre des réfugiés, et c’est avec joie que nous avons découvert en arrivant une équipe d’une vingtaine de scouts italiens qui nous a aidés à distribuer la salade composée confectionnée par l’équipe de Shara, et sa fille Francesca; un sac de denrées non périssables pour le lendemain, des produits d’hygiène, et des sous-vêtements. Des boissons étaient à disposition à volonté, bienvenues par cette chaleur intense. 80 personnes nous attendaient sur le parking habituel.
Chantal, bénévole nous raconte:
Une bonne et belle équipe, et sympa comme d’habitude .
Pas la foule des grands jours, environ 80 migrants dont une dizaine d’habitués. La plupart érythréens et éthiopiens, soudanais aussi. Presque tous jeunes, qui apprécient d’être regardés avec un sourire dans les yeux. Saluons avec joie le retour de Claude Boursin, notre Médecin du Monde .
Francesca, jeune bénévole, nous raconte:
N’ayant pas pu participer aux maraudes mensuelles de Pays de Fayence depuis quelques mois, j’ai grandement apprécié la maraude de ce mois ci. Nous avons servi environ 80 personnes et tout était très fluide. J’ai remarqué que les réfugiés ont non seulement profité du tube de harissa pour épicer leur salade de riz (comme d’habitude) mais ils se sont aussi appropriés des livres que nous avions apportés. Nous avons également eu la compagnie des scouts italiens: des jeunes qui étaient soucieux de nous apporter de l’aide. C’était une très belle expérience, agrémentée par les réfugiés qui étaient très reconnaissants et une bonne équipe!
Merci à nos fidèles donateurs qui nous permettent de continuer à mener notre action à Vintimille et d’apporter un soutien logistique à l’Ukraine.
Merci à nos bénévoles qui par leurs actions (collecte, cuisine, maraude, intendance) contribuent à atteindre durablement nos objectifs .
Merci à la Communauté de Communes du Pays de Fayence qui a alloué à PDFS une subvention de 1.000 euros, et à Direction Régionale Académique à la Jeunesse, à l’Engagement et aux Sports de Provence Alpes Côte d’Azur, qui a alloué une subvention de 2.880 euros. Ce soutien de l’Etat et de l’intercommunalité est une reconnaissance du travail effectué ces dernières années et des actions qui, tout en permettant à l’association de récolter de l’argent pour mener son oeuvre solidaire, contribuent à l’animation du canton (concerts, conférences, films débat, expositions-débat,…), et ce, en partenariat avec d’autres acteurs locaux. Cette aide bienvenue nous permettra de ne plus vous solliciter pour des dons en argent pendant quelques mois et de réduire la liste des courses que nous vous adressons lors des collectes…
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
25 août 2024par Shara Quartermaine, Organisateur
Things have been quite quiet in Ventimiglia this summer with only a few new arrivals – but numbers have swelled s little recently with Sudanese and Eritreans arriving. Several young women and children were amongst the group waiting for us yesterday evening – they appeared to have husbands or family members with them and did not want to be separated. We handed out a hot meal and food bags as well as big bottles of water, toiletries, t-shirts and underwear – they were thrilled. It was wonderful to have Claude with us to help take care of sprains, cuts, and infected wounds – they really appreciate being cared for. A group of Italian scouts are in Ventimiglia for 5 days helping with food distribution and spending time with different associations and the refugees in the area. It was great to have them there – young, caring and supportive – and ready to help in any way they could. So many of the refugees are so young and they relate much better to volunteers of a similar age. All in all it was a relatively relaxed « maraude »! Thank you to everyone who supports our action on the border. We definitely could not do it without you…./…



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Compte rendu de la maraude du 27 juillet 2024
Maraude du 27 juillet 2024
Bonjour à toutes et tous,
La maraude du 27 juillet s’est réalisée dans le calme, l’écoute et la bienveillance.
Tout d’abord merci à nos fidèles donateurs qui nous permettent de continuer à mener notre action à Vintimille et d’apporter un soutien logistique à l’Ukraine.
Merci à nos bénévoles qui par leurs actions (collecte, cuisine, maraude, intendance) contribuent à atteindre durablement nos objectifs .
Bienvenue à Jean Claude, nouvel adhérent qui a participé efficacement au déroulement de cette maraude.
Malgré un contexte politique difficile, les « passagers » gardent une certaine dignité.
Nous avons rencontré des Soudanais qui avaient quitté leur pays depuis 8 ans…et avaient voyagé dans toute l’Europe, cherchant un lieu d’accueil et d’intégration…et malgré tout ils ont confiance en l’avenir.
« Priver les gens de leurs droits humains revient à contester leur humanité même. » Nelson Mandela, militant sud-africain des droits civiques.
L’exil est un bannissement et une mutilation ; il y a là quelque chose d inhumain. Quel que soit le danger que l’on fuit et le soulagement de s’en éloigner, chacun mérite de garder quelque part en lui l’espoir d’un retour.
Extrait de « Le rêve du pêcheur » de Hemley Boum
Et voici le témoignage de Jean-Claude qui nous a accompagné pour la première fois à une maraude :
« Il est d’usage, selon Gérard, que le bizuth de l’équipe partage ses impressions après sa première maraude. Chaque image de cette journée a été pour moi une révélation. Il était grand temps que j’entrouvre ce bandeau insoupçonné mais confortablement bien présent avec lequel je crois avoir toujours vécu. Combien sommes-nous dans ce cas? Je ferai l’impasse sur tout ce qui m’a ébranlé…
Je retiens par exemple cette rencontre avec William, ce jeune Camerounais en route depuis 4 ans, diplômé de l’université de Yaoundé en sciences économiques et de gestion, qui parle 4 langues…que faites vous là ? J’ai eu le privilège de partager son repas, appuyé contre le grillage de ce parking hideux, coincé entre le cimetière et le pont d’autoroute. J’ai pris conscience de la dignité de cet homme et, m’a t-il dit, de son immense solitude. Dieu sait combien de « William » étaient-ils ce jour là, à la recherche d’une petite lueur d’espoir. Voilà pour le chapitre émotion.
Mais alors, maintenant, que dire de cette équipe, de cette poignée d’amis réunis pour cette noble cause. Vous m’avez bluffé…chacun à son poste, collecte, préparation des colis-repas du lendemain, logistique des transports, cuisine ( Jean Pierre, ton curry poulet était de première!). Merci à mes amis Gérard et Véro de m’avoir emmené dans cette belle aventure.
PS : petit retour au chapitre émotion: je regagnais les voitures pour le départ ,alors que je croyais le parking maintenant vide la nuit tombée, sa silhouette s’est détachée de l’ombre et s’est approchée…en me serrant la main, il m’a dit: « Jean Claude, content de t’avoir rencontré. Prends soin de toi ».Je n’ai pas pu lui répondre, une vague d’émotions m’avait envahi. »
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Compte rendu de la maraude du 29 juin 2024
Maraude du 29 juin 2024
Voici le témoignage de Shara publié sur le site GoFundMe :
A little update following our monthly trip down to Ventimiglia on Saturday 29th June – the day before the first round of voting in France!!! Numbers seem to be pretty stable at the moment – with a few new arrivals from Sudan and Eritrea, most of whom had very sore feet due to walking long distances in ill-fitting shoes. Laurence, our lovely nurse, tended to them as best she could and Catherine, a physio, gave them foot massages with anti inflammatory oils which they absolutely LOVED! We had been given a huge box of white and fluorescent pink socks, pink baseball caps and handheld fans (thank you!)- and contrary to our expectations, most of the young refugees were absolutely delighted with them;-) quite a sight watching them head off in bright pink and white socks with their slides and flip flops on, proudly wearing pink baseball caps and carrying a fan!!!!! The police presence was huge – although it would appear that many of them were watching the football as Italy was playing……….The Europe that they have arrived in becomes more hostile by the day but they have the optimism of youth and a huge desire to work and improve their lives. Fingers crossed for them all. And thank you for your continued support in these unsettling times.
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Compte rendu de la maraude du 1 juin 2024
Maraude du 1° juin 2024
Véronique D. : Un grand merci pour vos dons, votre soutien et votre fidélité!
Il faut aussi remercier et féliciter l’équipe de jeune cuistots du collège de Montauroux, pour un “chili con carne” vraiment délicieux et très apprécié par les jeunes migrants à Vintimille – merci pour eux.
A notre arrivée à Vintimille, nous sommes allés directement au local de Progetto 20k pour donner des tentes achetées pour les migrants. Le maire de Vintimille voudrait que le campement de tentes (« tentopolis ») sous le viaduc soit éloigné du centre ville de Vintimille et donc, bientôt, le campement de fortune sera démantelé. Progetto 20k va stocker les tentes pour ceux qui sont installés à Vintimille le temps qu’ils obtiennent leur papiers.
Maintenant je laisse la parole aux autres maraudeurs et maraudeuses….
Christine (et Lina) :
Ma fille de 16 ans Lina, et moi même avons pour la première fois partagé cette maraude en votre compagnie, cela restera une première expérience inoubliable.
Avant d’arriver, nous avions une idée de ce qui nous attendait, car Shara nous avait déjà bien parlé de la situation.
Mais nous avions aussi tellement d’interrogations. Notamment sur la façon dont nous aurions à interagir avec les migrants, venant de pays différents, de cultures différentes, avec cependant en commun une histoire personnelle très difficile. Car au delà de leurs conditions de vie actuelles, le seul fait d’arriver jusqu’à Vintimille a été pour tous un parcours du combattant.
Certains ont le visage fermé, ne nous regardent pas dans les yeux, ne nous adressent pas un mot, tandis que d’autres sont tout sourire, et échangent bien volontiers avec nous leur aventure, leurs expériences, et livrent parfois des détails sur leurs familles laissées derrière eux.*
Cela a été le cas avec un jeune homme sénégalais, qui rêve de pouvoir travailler en France afin de fuir des conditions de vie difficiles, mais surtout pour être en mesure de subvenir aux besoins de sa maman et de ses deux jeunes sœurs restées au pays.
Il est parvenu, après tout un périple, à rejoindre l’Espagne où il a passé 6 mois, dans des conditions de vie similaires, selon lui, à son pays.
Il est maintenant à Vintimille depuis 2 mois, cherchant à entrer sur le territoire français. Ses quelques tentatives n’ont abouti qu’à des échecs car il a été refoulé systématiquement par les autorités françaises.
Il aime la lecture, principalement les livres d’amour et d’aventures, et est à la recherche d’un livre que Lina et moi même lui avons promis d’essayer de trouver pour lui. Cela semble lui tenir à cœur.
Nous espérons que la prochaine maraude sera pour nous l’occasion de le revoir et de lui offrir ce livre tant attendu.
Nous pensons aussi à ses compagnons de route, qui, le temps d’un repas, profitent d’une pause en notre compagnie, de près ou de loin.
Nous espérons à nouveau partager ces moments avec la super équipe de bénévoles à la prochaine maraude.
Marina :
Encore une maraude remplie d’émotions. Un immense merci à Shara pour son organisation impeccable. Merci à tous les amis; c’est toujours un bonheur de vous retrouver, même dans ces conditions si tristes.
C’était une maraude plutôt calme, avec peu de migrants, mais elle s’est déroulée sereinement. Nous avons fait de belles rencontres, notamment avec un jeune Marocain que j’ai redirigé vers notre ami Walid, son compatriote, afin qu’ils puissent s’entraider. Puis il y a eu William, un Camerounais de 40 ans, qui a été un véritable coup de coeur par sa gentillesse et sa culture. Il a decidé de reprendre ses études à la rentrée dans le domaine des statistiques auprès d’assurances. Un vrai battant, il nous donne une belle leçon de vie et de courage.
Rosario :
Retour sur la maraude du 1er juin organisé par Shara. Comme depuis plusieurs mois la maraude s’est passée dans un calme olympien, plus ou moins les mêmes visages que la dernière fois, ce qui conforte mon idée que sont des migrants établis pour la plupart à Vintimille en attendant une régularisation, idée confortée par la discussion qui j’ai eu avec la jeune fille qui s’occupe de Progetto. Néanmoins ils restent des personnes vulnérables et en détresse, confronté au problème d’un logement et d’un travail, et la décision de la mairie d’extrême droite de raser le campement sous le pont n’arrange pas les choses.
On a distribué un délicieux chili con carne vraiment bien préparé, et des produits d’hygiène sans compter la distribution des sourires au combien important pour des personnes qui depuis des mois voient que les visages fermés et dures des autorités.
Françoise :
Week end collecte et maraude, qui avaient déjà commencé le jeudi et le vendredi matin au collège de Montauroux.
C’est là, dans l’intimité de leur cuisine, que jeudi le repas se préparait. Les élèves de la classe de SEGPA, guidés par leur professeur Camille Portelli, ont en effet préparé un délicieux Chili Con Carne pour 80 personnes. Nous voulons pour cela leur exprimer nos plus sincères remerciements !! Le repas a été vraiment apprécié,
et des mains et des pots en carton revenaient pour une seconde portion, avec presque une certaine « gourmandise »…
Félix est intervenu le vendredi matin auprès de ces mêmes élèves, sur la raison d’existence de Pays de Fayence Solidaire et de notre solidarité auprès des réfugiés à Vintimille.
Ils ont échangé ensemble sur les chemins des réfugiés (avec son diaporama en soutien) et la raison de leurs départs vers un avenir qu’ils souhaitent meilleur. Tous les élèves ont participé activement à cette discussion et nous ont surpris par leurs réflexions pertinentes et leurs savoirs. Ce fût un vrai beau moment de partage ! Merci encore Camille !
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La triste nouvelle du décès d’un jeune réfugié gambien ce samedi midi, mort seul dans sa tente sous le viaduc, était dans nos esprits durant toute la distribution.
Ce fut pourtant comme souvent une maraude calme, nos convives sont arrivés par petits groupes pendant presque deux heures.
Entre des visages sombres, souvent de larges sourires qui arrivant devant la table des vêtements essayaient ici une casquette, là un t-shirt à la mode, là une veste .. Comme chaque mois on leur a à tous donné un boxer et une paire de chaussettes neuves. Dans leurs mains déjà leur repas, le sac de victuailles et des produits d’hygiène en route vers la table des boissons chaudes et fraîches !
Au-delà des mots, après la distribution plusieurs ont rebroussé chemin avant de partir et ont exprimé leur reconnaissance avec force démonstration de bras ouverts désignant
tout le groupe de maraudeurs ! Qu’il est beau cet instant d’expression désintéressée et spontanée !
Vintimille n’est majoritairement pas une ville accueillante pour eux, mais ils auront connu grâce à votre aide et vos dons, à cet instant là, quelques moments de joie !!
Ces bras ouverts sont pour vous tous !!
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
2 juin 2024par Shara Quartermaine, Organisateur
A sad day in Ventimiglia yesterday – we were informed at lunchtime that a young African from The Gambia had died in his tent that day – apparently he felt unwell in the night but it was only when friends went to check on him that they realised that he had passed away. His family have been notified and hopefully his body will be repatriated.
The food distribution was calm and quiet – we served up a delicious chili con carne produced by the students at the College de Montauroux. there were only about 60 refugees – so we handed out clothes, underwear, towels and toiletries as well as the hot food and food bags. Everybody was pretty well catered for last night. The word has gone out that the mayor of Ventimiglia is going to « clean up » the area where they sleep; so once again they will have to move on and try to find somewhere else to shelter for the night. As summer approaches, and rich visitors arrive, the unsightliness of the refugees hanging around in Ventimiglia becomes more of an issue for the Mayor. Steps are put in place to make life as uncomfortable as possible for them so that they stay away from Ventimiglia altogether. It’s as simple as that! Thank goodness there are so many different associations, as well as citizens of Ventimiglia, who recognize that they are human beings too.



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Compte rendu de la maraude du 4 mai 2024
Maraude du 4 mai 2024
Voici le compte rendu de notre dernière maraude organisée par Françoise :
Merci pour vos dons en nature ou espèces qui nous ont permis d’assurer cette nouvelle maraude du 4 Mai. Nous sommes partis de Fayence avec trois véhicules remplis à ras bord.
Soixante-dix délicieux repas ont été distribués durant plus d’une heure lors de cette maraude plutôt calme, à peine perturbée par un rodéo urbain organisé sur le parking d’à côté et quelques personnes » égarées » par l’alcool qui ont défilé parmi tant d’autres, dans le calme devant les tables sans rubalises…
Un test qui a plutôt bien fonctionné puisque la plupart connaissent le fonctionnement de la distribution.
Nous étions 12 derrière celles-ci à les accueillir ( dont 3 nouvelles, Irène, et deux étudiantes de Menton : Mara et Émilia ) et à leur offrir le repas, le sac de victuailles, les produits d’hygiène, des vêtements et couvertures. Visages fermés pour certains, mais surtout des souriants devant tant de choses offertes.
On a soigné à coup de Biafine un gros coup de soleil d’un Français (?), un peu perdu, qui s’était endormi sur la plage ce jour-là. Il a été heureux d’apprendre que tous les soirs un repas était servi sur ce parking.
Rosario a pu jouer au pharmacien sans frontière en allant à la pharmacie à la place d’un jeune Marocain, à qui on refusait de lui donner son traitement contre l’épilepsie sur ordonnance.. pourtant hautement nécessaire pour lui éviter des crises et des chutes qu’il avait déjà eues et qui l’avaient blessé à l’arrière de sa tête.. Grâce à Shara qui y a pensé, c’est lui qui a hérité discrètement à la fin de la maraude du vélo reçu le matin même à la collecte. Heureux qu’il était pour tout ceci ! Il souhaitait maintenant retourner au Maroc.
Il y avait une grosse présence policière en tenue et en civil ( ces derniers, même de loin, ne sont pas très rigolos ) comme maintenant tous les soirs … et qui ont regardé sans intervenir une bagarre en dessous du pont qui s’est heureusement terminée comme toujours grâce à deux réfugiés « négociateurs ».
Merci à toutes ces belles équipes du jour et de la nuit, et surtout aux nouvelles maraudeuses qui se sont bien vite adaptées à notre folle équipe du samedi soir.
Voici le témoignage de Martine :
Une maraude très tranquille puisque peu de migrants … donc le temps d’échanger avec eux un peu plus … Par contre, je les ai trouvés plus abîmés … Est-ce la pluie qui les fatigue ou est-ce que les plus en forme ont trouvé le moyen soit de travailler (à bas prix et au noir), soit ont réussi à quitter cette frontière ? Encore bravo à tous pour une organisation sans faille qui permet de faire cette distribution dans un grand respect des personnes.
Et celui de Félix :
Elle attend, seule au milieu du parking du cimetière. Chaque soir, elle est là depuis deux mois. Elle est debout, appuyée contre sa valise roulante, un sac de voyage serré entre ses pieds. Elle se tient bien droite, digne, impassible. Quand on s’adresse à elle, ses yeux s’illuminent un peu, elle lâche deux mots en italien. Elle est d’ailleurs, on ne sait pas d’où, on dirait qu’elle attend un train. Elle a le regard perdu au loin, elle espère.
Les deux amis avancent tranquillement dans la file d’attente. L’un a une main posée sur l’épaule de l’autre. Ils sont venus ensemble d’un douar de la région de Casablanca. « Vous êtes amis, vous avez fait la route ensemble ? ». Ils sourient tous deux, on sent leur complicité, leur confiance. L’un est aveugle et l’autre le guide. Pas après pas, un obstacle devant l’autre. Ils iront ensemble jusqu’au bout de leur rêve.
Le vieux a une gueule de routard, peau cramée par le soleil, le froid aussi. Il vit dehors depuis des lustres, sa barbe blanche mange son visage. Il me parle dans un patois de français et d’italien, il a la voix forte d’un type qui n’a pas peur. Deux gars se battent sous le viaduc à cent mètres, on entend leurs cris, on devine leur empoignade, un homme s’interpose, les calme, semble-t-il. Le routard me rassure : « C’est comme ça tous les soirs, ils ont trop bu. J’étais comme ça, je faisais des bêtises, je buvais, je volais. Maintenant, c’est fini, je suis un homme tranquille. Je veux m’en sortir. »
Hossine vient de Nador sur la côte méditerranéenne du Maroc. Il est parti de chez lui il y a trois ans. Deux années à Lyon dans la restauration. Un emploi précaire ˝sans papier˝ dans lequel il se plaisait et faisait peut-être excellence, il est un garçon très sympathique. Mais voilà, pas de papier : OQTF, Obligation de Quitter le Territoire Français, retour à la case départ en Italie, pays d’arrivée en Europe. Il dort sous une tente à l’abri du Viaduc dans la jungle au bord de la Roya. « C’est très dur, je suis toujours obligé de surveiller. Je suis malade » Il me montre son pansement à la tête, il est tombé, il fait des crises d’épilepsie -il se soigne depuis 15 ans- il n’a plus de médicaments. Je lui parle de Caritas, de Médecins du Monde. Il me montre son dossier médical, l’ordonnance délivrée par les médecins de Caritas. Les pharmaciens ont refusé de lui donner le médicament. C’est insupportable. Rosario part en urgence en quête d’une pharmacie encore ouverte. Après négociation, il revient avec le précieux médicament. Hossine s’illumine. On lui donne le vélo amené à tout hasard par Shara. On voudrait pouvoir lui attribuer une AVLE, une Autorisation de Vivre Librement en Europe.
Et celui de Bernard :
Il n’est pas fréquent de voir l’armée nous accueillir lors de notre arrivée au parking de Vintimille ! Entre ces militaires avec tout leur barda, et les habituels policiers, nous étions plus nombreux que les rares migrants qui nous y attendaient. L’ambiance était d’autant plus étrange que se déroulait dans le quartier comme une course poursuite et c’est dans le vrombissement de véhicules qui s’entrainaient pour une compétition automobile que nous avons installé le dispositif de la distribution.
Pendant ce temps, puis tout au long de la soirée, les migrants sont arrivés au compte gouttes, mais au final nous avons distribués près de 70 repas et failli manquer de contenants pour distribuer les repas chauds ; mais grâce à l’ingéniosité de nos bénévoles, ce problème fut rapidement surmonté !
Un migrant, d’origine japonaise et complètement tatoué, attirait le regard, car il s’est installé, très digne, sur un grand tapis et, s’entourant de coussins, s’appropria les lieux comme s’il était chez lui. Il semblait suivre un rituel tant ses gestes étaient méticuleux, mangeant avec précaution les quelques vivres que nous lui avions données.
Un autre, habillé tout en vert et portant une casquette blanche, traversait sans arrêt le parking en discutant avec son téléphone. Son comportement paraissait étrange, et il n’est pas certain qu’il y avait véritablement quelqu’un au bout du fil.
J’ai longuement discuté avec un monsieur assez âgé, qui avait rangé son vélo à côté du véhicule à partir duquel je distribuais les couvertures. Il avait mis de la musique et cela mettait un peu d’ambiance, et c’est comme cela qu’on a discuté et sympathisé. » Tu comprends, tu comprends .. » me dit-il constamment. En fait, il parlait un mélange de français et d’italien et je ne comprenais peut être qu’une phrase sur deux ou trois. Mais suffisamment pour savoir qu’il parlait de la situation terrible sous le pont, des trafics de drogues ou de cigarettes, du comportements agressif de certains sous l’emprise de la drogue ou de l’alcool, parfois même en ville devant une boulangerie … Ses propos faisaient alors écho aux vociférations, plutôt que des bagarres, qui provenaient au même moment de sous le pont.
La distribution de couvertures a eu beaucoup de succès, chacun pouvant prendre le temps de voir ce qui était disponible et de choisir celle qui lui convenait. Un jeune marocain a ainsi pu notamment remplir un grand sac rouge et jaune, de belle facture et quasiment neuf, de plusieurs articles. Il était accompagné d’un autre jeune homme, qui ne le quittait pas, et dont Félix nous a appris plus tard qu’il était malvoyant. Le premier s’occupait du second comme s’il s’agissait de son frère, avec la délicatesse et la gentillesse d’une mère.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
Yesterday we had our food collection point at Fayence in the morning and then loaded up the véhicules in the afternoon and headed down to Ventimiglia. We had plenty of supplies to give to Progetto, one of the NGOs operating in Ventimiglia – as they are there 7 days a week and organise the showers for the refugees, we try to keep them stocked up with shower gels and clean towels. Having dropped that off, we went and set up the tables and unloaded the food, toiletries, underwear and blankets. It is still surprisingly cool at night and the blankets were a great success! Felix and Rosario came to the aid of a gentle young Moroccan who could not get his prescription medication for epilepsy at the pharmacy – he was terribly upset as he had injured himself having a fit. Rosario dashed off to the closest pharmacy and managed to get the meds for him. He was thrilled – and relieved! He had been working in France for 2 years at a bakery but had been handed a « OQTF » (according to the Dublin Treaty he had to return to the country which he had first arrived in – Italy in this case. Apparently he just wants to get back to Morocco now – so we wished him the best of luck and said good bye. Well fed and with plenty of supplies they all slowly left the car park to find shelter for the night. And we drove back to France to our homes – knowing that at least Pays de Fayence Solidaire had done what it could for the refugees that evening. Many many thanks for your support and interest in what we do.


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Compte rendu de la maraude du 6 avril 2024
Maraude du 6 avril 2024
Et maintenant, voici le compte rendu de notre dernière maraude :
Merci pour vos dons en nature ou espèces qui nous ont permis d’assurer cette nouvelle maraude du 6 avril. Nous sommes partis de Fayence avec trois véhicules remplis à ras bord. A notre arrivée sur le parking habituel, à l’entrée de Vintimille, les réfugiés ont formé une file d’attente. Deux d’entre eux se sont joints à nous pour installer les tables, rubalises, et les divers équipements nécessaires à la distribution. Nous avons distribué 60 repas chauds à base de riz-légumes-poulet-merguez, bien relevés comme ils aiment, un sac de victuailles pour le lendemain. Le temps était clément. Le brouillard dense de fin d’après-midi à la frontière s’est évanoui dans la soirée. Les réfugiés ont pris le temps de manger sur les coussins et tapis déposés par nos soins au sol en arrivant. Nous avons aussi distribué des sous- vêtements , des produits d’hygiène, ainsi que des vêtements. Le besoin de chargement des téléphones était beaucoup moins important cette fois ci.
La soirée s’est passée dans une grande sérénité. Les réfugiés toujours aussi dignes et respectueux, venaient notamment de Somalie, du Sénégal, du Mali, du Bénin, d’Albanie, du Maroc, de Tunisie, (peu d’Érythrée et du Soudan cette fois encore semble t-il). Une seule femme parmi eux. Nous reconnaissons certains d’entre eux qui nous disent vouloir s’intégrer en Italie où ils décrochent quelques petits boulots.
Christine, notre infirmière dévouée a apporté quelques soins à une dizaine de réfugiés, des blessures désinfectées et pansées, du paracétamol pour les maux de tête. Pas de grosses fièvres semble t-il heureusement.
Voici le témoignage de Bernard:
Lorsque nous sommes arrivés sur le parking, plusieurs migrants sont venus nous aider à installer le dispositif de distribution. Cela fait toujours plaisir de les voir s’impliquer ainsi, et cela donne l’occasion de quelques échanges avec eux. Les migrants étaient beaucoup moins nombreux que prévus ce soir, une quarantaine environ, alors que nous avions prévu une distribution de 90 repas.
Surprise, étonnement, interrogations … Il faut reconnaître que cela était un peu désarçonnant : comment expliquer un tel écart ? Que signifie-t-il ? Quelles situations, quelles réalités, cela recouvre-t-il ? Car si la réduction du nombre de migrants peut sembler a priori une bonne nouvelle, elle suscite également de l’inquiétude, et nous interpelle sur sa signification.
A chaque maraude, il nous faut ajuster notre regard sur la situation constatée sur le parking de Vintimille : ce regard ne doit pas être figé, se figer, mais au contraire s’ajuster, s’adapter, évoluer, accepter les écarts, les interrogations, voire les suspicions.
Le calme surprenant de cette maraude, comme une certaine langueur, a été propice à certains échanges plus approfondis que d’habitude avec certains migrants, tel cet Egyptien ou ce Sénégalais qui parlaient bien le français, ou encore cet homme blessé, nous décrivant son intervention chirurgicale et son désarroi de ne pas pouvoir se procurer au quotidien suffisamment de médicaments pour calmer sa douleur, avant d’enfourcher son vélo pour s’en aller dans la nuit.
Il a été possible cette fois de proposer aux migrants plus d’un sac de repas, et ils ont été nombreux à l’accepter avec satisfaction. Pour autant, la plupart ont fait part d’une grande retenue, hésitant à se resservir, ou ne le faisant qu’avec parcimonie.
Malgré leur regard reconnaissant, on pouvait ressentir chez beaucoup comme une grande fatigue ou une grande lassitude.
En fin de soirée, l’un de ceux qui avait déjà participé à l’installation est allé ramasser tous les coussins qui avaient été mis à la disposition des migrants pour leur repas et nous les a déposés discrètement avant de s’en retourner.
Et celui de Michel :
Maraudage
Printemps des migrations, la saison l’exigeait,
Une douzaine d’oiseaux, rossignols, moineaux, geais,
Déplumés pour certains, fleur de l’âge pour d’autres,
D’un coup d’aile, cap à l’est, jouèrent les apôtres.
Vers leurs frères, moins pourvus, qui fuyaient bien des maux,
Ils apportaient du grain, des fruits, du pain, leurs mots.
Peu nombreux, déjà là, partageant le bitume
Avec la transalpine comme il est de coutume,
Ils attendaient, patients, qu’on donne la becquée,
Une pause, un repos, d’un parcours compliqué.
Patte offerte, un regard échangé à la hâte,
Ils restaient les victimes de maints lois scélérates
Qui distinguaient les races, les espèces, les familles,
Leur plumage, leur ramage, ici, à Vintimille.
Ils ont quitté leur nid, loin de là, dans le sud,
Laissant parents, amis, souvent la servitude.
D’un vol mal assuré, ils atterrissaient là,
Groupés en un seul chant, issus du même la,
Celui de la brisure, du mépris, du rejet,
L’âpre goût de n’être pour soi, pour l’autre, qu’un étranger.
Ainsi fut fait. Gosiers rincés, gésiers remplis,
Oiseaux et oiselles entonnèrent le repli.
Alors tout en haut des branches de leurs platanes,
Scrutant les hommes dans un souffle de tramontane,
Ils pépièrent un refrain, peu souvent entendu.
Jamais la gent ailée ne réclame son dû.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
20 avril 2024 par Shara Quartermaine, Organisateur
Last night Pays de Fayence Solidaire organised a film night at the cinema in Montauroux – the film was Io Capitano by Matteo Garrone; the story of two young Senegalese boys who decide to leave their hometown and try their luck in Europe. The film follows their voyage from Dakar across Mali and Niger into the Sahara and then Libya. It documents the horrors and dangers of this well trodden route. And then the last push across the Mediterranean to Europe. A film well worth watching. An article came out in The Guardian yesterday about a moving cinema organised by Cinemovel that is showing Io Capitano in Senegal this month. https://www.theguardian.com/global-development/2024/apr/19/moving-pictures-travelling-cinema-takes-stories-of-departures-and-dreams-to-senegal?CMP=Share_iOSApp_Other
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Compte rendu de la maraude du 9 mars 2024
Maraude du 9 mars 2024
Le compte-rendu de Véronique D. :
Depuis quelques mois, nous avons la chance de compter parmi nos maraudeurs deux infirmières qui s’arrangent pour être présentes à tour de rôle à Vintimille. Elles font ce qu’elles appellent de la “bobologie” ; pour les maux plus graves, elles orientent les migrants vers la Caritas qui a une permanence médicale tous les jours de la semaine, et vers Médecins du Monde présent sur le parking de distribution deux fois par semaine. Ce 9 mars, Laurence a pu soulager avec des crèmes hydratantes des mains abîmées par le froid et le manque d’hygiène, également des maux de tête pour lesquels elle a donné des cachets de Doliprane, et des maux de gorge pour lesquels elle donne des Gouttes aux Essences diluées dans de petites bouteilles d’eau, à boire par petites gorgées sur un ou deux jours. Elle souligne que les contacts sont très confiants, malgré la barrière de la langue.
Danielle, elle, a pu parler avec un homme venu…du Cachemire : comme c’est loin !
Voici le témoignage d’Ariane et Jean-François :
Une belle maraude préparée de mains de maître par Bernard. Deux plans de distributions sont prêts : avec et sans pluie …et finalement on improvisera !
La collecte s’est déroulée dans la bonne humeur, avec quelques donateurs généreux nous fournissant des fruits, dattes, œufs et gâteaux en quantité. Grâce à leur soutien, nous avons réussi à préparer 92 sacs.
Une fois les sacs bien prêts nous avons pu charger les véhicules : tables, barnums, café, thé, caisses services, projecteurs, …
Le stress s’est progressivement installé au fur et à mesure de la journée, les prévisions météorologiques annonçant des conditions précaires.
Cependant, malgré ces craintes, nous nous sommes lancés sur la route avec détermination. !
Arrivés sur place, nous avons rapidement installé les deux barnums pour nous protéger des intempéries, mais finalement, le temps est resté sec, apaisant ainsi nos inquiétudes initiales.
Après un montage rapide des tables, la distribution a commencé dans la bonne humeur. Les rangs de migrants sont clairsemés, ils arrivent petit à petit. Malgré cela, chaque repas et chacun des 92 sacs ont trouvé preneurs auprès d’une soixante-dizaine de migrants. L’arrivée progressive des migrants a finalement participé à une ambiance détendue et conviviale.
La demande pour certains produits, comme le pain, les bananes et les dattes, était particulièrement forte en raison du Ramadan. Ces aliments sont essentiels pour les migrants, leur fournissant l’énergie nécessaire pour tenir toute la journée.
La maraude s’est terminée tôt … et nous avons finalement croisé les intempéries sur la route du retour !
Et celui de Bernard :
Alors que je discutai avec un Marocain d’une trentaine d’année, il m’indiqua qu’il était arrivé voici trois mois, son périple clandestin l’ayant conduit en Libye puis en Sicile.
Notre ami Filippo, toujours aussi présent à Vintimille, nous a raconté que le dépôt de vêtements, tentes et couvertures, qu’il avait installé en libre service pour les migrants, sous le pont, avait été incendié il y a une quinzaine de jours, et que l’intervention des pompiers qu’il avait prévenus par téléphone fut très lente, lui même arrivant, depuis son domicile, sur les lieux en même temps qu’eux, alors que leur caserne jouxte le parking.
Il a été très émouvant de voir, en fin de maraude, ce jeune homme qui a tenté de dialoguer avec nous tout au long de la soirée, se joindre à nous pour la photo, devenue culte, de la rosace de nos pieds de maraudeurs, pour rendre hommage à la longue marche des migrants.
Et nous avons aussi retrouvé cette jeune femme, que nous avions déjà vue le mois dernier, venir faire ses courses pour elle et ses deux enfants, toujours aussi dynamique et joyeuse, avec une vivacité étonnante.
« Elle ne lâche rien! » s’est alors exclamée Marina, alors que nous étions en train d’admirer le courage de cette jeune femme.
Et vous non plus, donateurs et bénévoles, vous ne lâchez rien : grâce à vos dons et vos soutiens, nous avons pu organiser cette maraude.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
12 mars 2024par Shara Quartermaine, Organisateur
With Orange weather warnings on both sides of the border for Saturday night, we had several discussions about our plan of action for the food distribution in Ventimiglia. As the weather front seemed to be coming from Marseille we decided to go anyway – we managed to serve all the food and bags of toiletries and socks and survival ponchos without a drop of rain falling. As we started to pack up, the rain arrived and our drive back was pretty interesting to say the least! But we had managed to hand out hot food to about 70 refugees and tried our best to explain that under no circumstances should they sleep by the river that night. The water level was due to rise at about 4 am – and many of them would have been sleeping there totally unaware of the impending danger. Once again we gave coats and blankets to a local Italian NGO to hand out once the rain had stopped – and the survival ponchos should keep them warm and partially dry on the rainy days. Thank you for continuing to support us with our aid at the border.


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Compte rendu de la maraude du 10 février 2024
Maraude du 10 février 2024
Le compte-rendu de Véronique Mauroy :
Merci pour vos dons en nature ou espèces qui nous ont permis d’assurer cette nouvelle maraude du 10 février sur le parking habituel, à l’entrée de Vintimille, près du pont sous lequel les réfugiés dorment comme ils peuvent. Nous avons distribué 90 repas chauds à base de pâtes-pois chiches-légumes-merguez, un sac de victuailles pour le lendemain, un sac comprenant des sous vêtements et une couverture de survie, un sac de produits d’hygiène, ainsi que quelques vêtements. Les 110 grandes bouteilles d’eau (1,5 l) données par le Relais Solidarité ont toutes été emportées. Les couvertures et duvets ont été remis plus tôt dans l’après-midi par Shara à l’association UPUPA qui les distribuera le lendemain aux réfugiés, au sec.La soirée s’est passée dans une grande sérénité. Les réfugiés toujours aussi dignes et respectueux, venaient notamment de Somalie, du Sénégal, d’Érythrée, du Mali, d’Albanie, du Maroc, (peu du Soudan cette fois ci semble t-il).
Nous avons eu de la chance. La pluie qui tombait abondamment depuis deux jours s’est arrêtée juste avant notre arrivée. Nous avions emmené un grand parasol et envisagé de nous installer plus près du pont pour éviter la pluie sur la file d’attente. Mais finalement nous n’avons eu besoin que d’un seul petit barnum dressé au dessus des deux postes de distribution des repas. Cela procure d’ailleurs une nouvelle ambiance, plus conviviale, à l’ensemble du dispositif. Nous le conserverons peut être dans l’avenir même par temps sec. Les uns et les autres sont plus aguerris avec le système de pliage, qui nécessite d’être quatre (nous étions même 6 ou 7 à tenter de le plier dans une danse improvisée, une vis introduite au montage bloquant nos tentatives, finalement avec succès! Quelques souvenirs de lits pliants de bébés…). La pluie n’a repris que plus tard, après la distribution, sur la route du retour dans le Var.
Laurence, notre infirmière dévouée a apporté quelques soins à une dizaine de réfugiés, des crevasses causées par le froid et des blessures désinfectées et pansées, du paracétamol pour les maux de tête. Pas de grosses fièvres semble t-il heureusement.
A noter que 6 ou 7 policiers étaient ce jour là postés à distance.
Le témoignage de Bernard :
Elle était sinon la première, en tous cas parmi les premiers, dans la file d’attente. Au début souriante, puis de plus en plus volubile et joyeuse de voir qu’on acceptait de lui fournir plusieurs repas pour ses 3 ou 4 enfants qui l’attendaient, sans doute pas très loin du parking. Elle explique qu’elle ne pourra venir demain à la distribution, comme pour s’en excuser, et que c’est pour cela qu’elle demande plusieurs repas … qu’elle oublie, et qu’elle vient rechercher quelques minutes plus tard, toujours aussi souriante !
Il faut dire que ce soir, grâce à votre générosité, nous avons eu un peu plus de fruits que d’habitude, et que nous pouvons ainsi les mettre en libre distribution … Succès garanti, tous demandant un sac supplémentaire pour pouvoir le remplir de ces précieuses denrées. Alors, parfois, c’est compliqué de pouvoir partir avec plusieurs sacs, d’où cet oubli bien vite récupéré.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu « Zidane » qui, ce soir, parcourt dans la nuit le parking sur son nouveau vélo, tel un cowboy au milieu de la pampa ! Il est manifestement heureux de sa nouvelle acquisition, et cela fait plaisir à voir, car cela signifie qu’il a pu améliorer quelque peu sa situation … qui demeure précaire, car s’il a pu trouver un travail non déclaré, cela l’expose également à certains employeurs peu scrupuleux, qui n’hésitent pas à ne pas lui payer plusieurs journées de travail réalisées.
Après le repas, je vais distribuer quelques écharpes à Jawad et ses compagnons. Ils en prennent quelques-unes, mais au lieu de vider toute la caisse, Jawad me dit : « On en a pris assez, il faut en laisser pour les autres, va leur donner là bas … « . Ainsi, même dans le froid et la misère, les notions de solidarité et de partage existent encore. Une belle leçon que nous donnent ainsi ces migrants.
Et il fut le dernier, alors que nous étions sur le départ. Un jeune homme souriant, paraissant détendu, nous explique qu’il revient de Suède car il doit retourner en Sicile, première terre où il est arrivé, pour faire renouveler ses papiers! Parlant 7 langues, préférant voyager seul, il est content de son parapluie qu’il a trouvé et qu’il désigne avec humour, nous indiquant qu’au moins avec lui, il pourra se protéger en cas de pluie!
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
11 février 2024par Shara Quartermaine, Organisateur
A wet and windy Saturday in the south of France saw us driving across the border with hot food, tea, coffee and masses of blankets, sleeping bags, scarves, hats and gloves for the refugees. It appears that the mayor of Ventimiglia is making it as difficult as possible for the refugees to find shelter over the winter – any refugees that have found a “temporary” place to stay in an abandoned house or disused building are constantly being moved on, their belongings taken and blankets thrown away. The only relatively dry place that they have now is under the motorway alongside the Roya river – not the best place to be when it is pouring with rain and the water levels are rising. All the blankets that we had were passed on to a local NGO who will distribute them over the next few days. It is so great that they are there and that we can help them too.
As we handed out warm scarves and woolly hats we talked football – the finals of the African Cup of Nations is today and there was much discussion about who would raise the trophy at the end of the game! Just as we were getting ready to leave the dark and rather damp car park a lone figure arrived and asked if there was any food – we managed to give him a few bits and pieces and some water. He spoke very good English, was Somalian and had just arrived in Ventimiglia – he was all alone and happy to chat. His story was similar to so many others – he had made it to Sweden where he had family, but his asylum claim had been turned down and he was having to go back to Sicily – his point of entry into Europe. He was resilient and resolute – trying to find a better future for himself. “One day at a time” he said. “Thank you for the food and water and Bonne Nuit – I speak a little French”. With a smile he left us, disappearing off into the dark as silently and peacefully as he had appeared.
And on we go too – one day at a time!
from all of us here at Pays de Fayence Solidaire



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Compte rendu de la maraude du 13 janvier 2024
Maraude du 13 janvier 2024
Avant de vous communiquer le compte-rendu de notre dernière maraude, nous vous invitons à nous rejoindre :
Contre la promulgation de la Loi immigration
Dimanche 21 janvier 2024
rassemblements citoyens
A Draguignan, à 10 h 30 devant la sous-préfecture
En décembre, nous avons été nombreux à estimer que la loi Immigration, loin de répondre aux problèmes posés par l’accueil des personnes arrivant sur le sol de notre pays, les stigmatisaient abusivement, sur un fond de discrimination non conforme à l’esprit et à la lettre de nos lois.
Nombreux ont été ceux qui ont signé l’appel demandant au Président de la République de ne pas promulguer cette loi.
Elle remet en cause les fondements mêmes de notre société et du vivre-ensemble (préférence nationale, remise en cause du droit du sol, durcissement des visas étudiants et de délais de carence pour bénéficier de certaines prestations sociales, dont l’APA etc.). Comme si cette loi n’était pas assez dure et régressive, le Gouvernement prévoit aussi de modifier rapidement en profondeur le droit à l’Aide Médicale d’État.
201 personnalités, issues d’associations, d’organisations syndicales et de partis politiques viennent de signer un appel
« Marchons pour la liberté, l’égalité et la fraternité »
Il a été décidé d’organiser le dimanche 21 janvier des marches citoyennes sur l’ensemble du territoire.
« Pays de Fayence Solidaire« , à travers l’expérience que ses membres ont d’ une approche réelle de la situation de migrants, de demandeurs d’asile, de réfugiés depuis 6 ans déjà, a choisi de participer à ces marches citoyennes ou rassemblements .
Les membres de son Conseil d’Administration seront à
Draguignan, à partir de 10h30, devant la sous-préfecture
La maraude du samedi 13 janvier : à petite maraude (en nombre de convives), grand compte-rendu !
Shara :
Merci beaucoup pour vos dons si généreux pour notre maraude du samedi 13 janvier – notre deuxième maraude de l’année ! Nous sommes partis du Canton de Fayence avec 5 véhicules – un délicieux et nourrissant repas chaud preparé par Jean-Pierre et Dominique, des sacs alimentaires pour 150 personnes et des produits d’hygiène, des gants, des bonnets et écharpes, des couvertures et des sacs de couchage…….tristement, la fidèle Espace de Michel n’est pas arrivée à sa destination finale et les couvertures et les sacs de couchage se sont retrouvés à Tassy pour la maraude de février!
Par rapport aux mois précédents, les migrants ne sont pas très nombreux à Vintimille – plutôt des « stationnaires » qui ont fait leur demande d’asile et sont obligés de rester à Vintimille (toujours sans logement et sans abri) dans l’attente de recevoir leur permis de séjour.
On reconnaît plusieurs d’entre eux : des Soudanais, des Marocains, des Somaliens. Le « samedi » mensuel de Pays de Fayence Solidaire est bien connu par les »’stationnaires » : ce n’est pas souvent qu’ils reçoivent des produits d’hygiène, des écharpes et des gants, un repas chaud et un sac alimentaire – ils sont tellement reconnaissants de tout ce qu’on fait pour eux.
A la fin de la distribution, nous avons laissé le surplus à deux autres associations à Vintimille – tous les matins elles vont à la frontière avec de la nourriture et des vêtements pour aider les migrants qui sont refoulés. L’entraide entre nos associations est si importante et fait partie de notre « travail » à Vintimille.
Véronique :
Samedi, nous avons pris la route de Vintimille, répartis dans 5 véhicules chargés à bloc.
Arrivés à la dernière aire d’autoroute, nous n’étions plus que 4 véhicules, avec un message sur le groupe Whatsapp : Michel et Renat tombés en panne sur l’autoroute, dans une montée en virage, dans le noir, et à la recherche d’une borne pour appeler les secours. Les conditions ne permettaient à aucun d’entre nous de faire demi-tour pour leur venir en aide, car il n’y avait pas d’espace pour s’arrêter. Alors nous avons continué la route sans nos amis et sans….. les couvertures tant attendues par les réfugiés !
Sur le parking, une soixantaine d’entre eux se sont approchés le temps de notre installation, éclairés par les spots que nous emmenons avec nous.
Nous avons distribué une soixantaine de repas chauds cuisinés le matin par Jean-Pierre et Dominique et leurs amis: de bonnes pâtes agrémentées de carottes, courgettes, pois chiches, oignons, poulet.
Les jeunes hommes les dégustent assis sur les draps, coussins, nattes que nous avons déployés sur le sol. Parmi les migrants quelques uns que nous reconnaissons et qui nous reconnaissent aussi. Quelques sourires et poignées de main échangés.
Marina :
Après quelques maraudes plus intenses, celle-ci a été plus calme, avec peu de migrants. J’ai été surprise cette fois-ci par les communautés qui étaient un peu différentes, avec quelques Pakistanais, des personnes du Sud et plus de Nord-Africains que lors d’autres maraudes. J’ai eu la possibilité d’amener mon amie Aminata, qui a été très contente de pouvoir apporter son aide.
Enfin, nous avons eu un coup de cœur pour la joie de vivre et la chaleur humaine de deux Marocains adorables qui nous ont parlé de football avec la CAN approchant. Malgré la tristesse du moment et les difficultés qu’ils rencontrent, certains parviennent à avoir de l’humour et à garder le sourire.
Félix :
Filippo est « a posto » dès notre arrivée sur le parking du cimetière. On reconnaît de loin sa silhouette un peu massive de bûcheron et sa barbe blanche de père Noël. Il est là tous les soirs depuis des années, il surveille, il aide à l’accueil des migrants et à leur mise en place dans la longue file d’attente. Tous ceux qui séjournent un peu à Vintimille le connaissent et sa présence bienveillante et quelque peu autoritaire rassure. Il cherche des solutions d’hébergement pour les couples avec enfants, les mères isolées ; sa femme et lui accueillent temporairement les plus en difficultés à leur domicile.
Ce soir, il y a, à son avis, nombre de gars qui sont à Vintimille depuis des semaines et travaillent « au black » dans le bâtiment pour s’en sortir. Il a un mot pour chacun, il encourage. Mustapha l’a appelé de son centre de désintoxication, il y a quelques jours. Il était fier de lui faire entendre son changement, sa détermination à progresser. On se souvient que Filippo l’avait calmé lors d’une crise de folie qui nous avait bien perturbés.
Un autre gars me raconte que Filippo l’a hébergé et soigné pendant des jours à la suite d’une agression, il y a trois ans ; il bosse maintenant à Vintimille, il s’intègre autant que possible, il est, semble- t-il, bien dans sa tête. Voilà un peu de Filippo, et de son association Scuola di Pace.
On pourrait aussi parler des gens formidables qui organisent les séances de toilette avec douche chaude sous les ponts, de tous ces jeunes engagés de Projetto et autres, des groupes qui se relaient tous les soirs pour procurer un peu de chaleur aux bannis de la terre.
C’est cela aussi nos maraudes, cette rencontre avec des personnages hors normes, aidants ou migrants, des personnes qui nous invitent à l’humilité, renforcent notre conviction d’être solidaires.
Bernard :
Du fait de l’absence de notre ami Michel, bloqué avec Renat sur l’autoroute à cause d’une panne de voiture, je me suis retrouvé seul ce soir au poste de rechargement des téléphones.
Est-ce que celui-ci est plus éloigné que d’habitude des autres postes de distribution ou est-ce parce que j’y suis seul, toujours est-il que je ressens ce soir un sentiment étrange en observant de loin la file très fluide des migrants se déplaçant lentement le long des stands de distribution.
Il y a peu de migrants ce soir, et encore moins qui ont besoin de recharger leur téléphone. Mais l’important est d’être là, présents, pour les servir.
Après m’avoir expliqué qu’il venait du Pakistan dont il était parti voici six ans, pour arriver ici à Vintimille il y a 3 ou 4 mois, ce migrant est resté quelques instants auprès de moi, tendu, taciturne et silencieux. Comme s’il avait envie de me dire quelque chose, mais qu’il se rendait compte tristement que cela lui était impossible. Alors il s’en est allé, tout doucement, regagner la file des autres migrants attendant leur tour de distribution.
Cela renforce mon sentiment d’une drôle d’ambiance ce soir, comme un certain poids lié à la distance dont j’imagine que les migrants doivent également souvent le ressentir. Absence des siens, de ses proches, de ses amis. Distance géographique, affective, culturelle. Dans le silence de sa peine et de ses angoisses.
« Vous allez bien me reconnaître » me dit un autre, s’étonnant que je tienne absolument à lui délivrer un ticket (le 32) pour qu’il puisse récupérer plus tard son téléphone après son rechargement. Echange bref, déroutant, qui montre la limite de nos échanges et de notre connaissance de chaque migrant.
Accompagné d’un autre migrant provenant du Maroc et parlant un peu le français, Jawad vient en fin de soirée me saluer et me demander si je peux lui donner un téléphone – « un Iphone s’il te plaît » dit-il en rigolant – ce qui n’est malheureusement pas le cas.
Je pense alors à Michel et Renat marchant, tel deux migrants, le long de la barrière d’autoroute. Comme eux, ils doivent ressentir cette peur d’être exposés à tous les dangers, mais aussi cette détermination à ne pas se laisser submerger par l’angoisse.
Et enfin, les secours sont arrivés. Cela faisait un moment qu’ils attendaient dans le froid de la nuit, au bord de l’autoroute.
C’est peut-être cela le sens d’une maraude : apporter quelques secours et réconforts aux migrants.
La mésaventure autoroutière de nos deux maraudeurs :
Michel, l’infortuné automobiliste, lâché par son véhicule sur l’autoroute, et Renat, son passager : Et pourtant il y monta, Renat (dans l’Espace)… Inconscience ? Défi ? Sens du sacrifice ? On ne saura jamais.
Mais après, on juge les amis sur leur adaptabilité, leur énergie positive, leur présence. Et là, on se rend compte que le même Renat était l’homme idoine. Agissant, suggérant, décidant comme il faut. L’aventure (je suis désolé que nos invités n’aient pas pu profiter des couvertures contenues dans la voiture) s’est terminée, tous les deux dans la voiture, sur le plateau de la dépanneuse, puis dans les rues désertes de Menton ou rapidement à la table d’un resto portugais.
Renat :
On m’avait vendu un voyage en Italie pour partager des thés et des cafés avec des dizaines de copains.
Je me suis retrouvé avec mon pote Totoche sur l’autoroute A8 près de la frontière dans un drôle de véhicule, silencieux, surélevé (genre un espace dans l’espace) à contempler le paysage.
A l’arrivée : Menton ! Quartier nord dans un bar resto portugais devant un verre de vin blanc, dégustant des beignets de morue !
Inattendu ! c’est comme ça la vie !
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
14 janvier 2024par Shara Quartermaine, Organisateur
We started 2024 with a bang! A last minute call up to help out with food on 1st January saw 5 of us trundling down to Ventimiglia to serve a hot meal at lunchtime on New Year’s Day!!! Our food was a success and we returned back to the Canton de Fayence empty handed, having served about 60 people. Yesterday we were back in Ventimiglia for our « normal » monthly food distribution. At the moment most of the refugees that we see seem to be Sudanese, North Africans and Afghans, many of whom have applied for asylum and are in limbo waiting for their paperwork to come through. Some of their faces are familiar now – a few know us quite well and seem genuinely pleased to see us as we come well equipped with plenty of food and other goodies (gloves, hats, scarves, socks and ponchos)! The fact that we also have a nurse is a bonus – being out in the cold means that there are coughs and colds and skin problems to deal with on a fairly regular basis. Two of the associations that operate in Ventimiglia have set up a rudimentary shower system – a cubicle placed on some pallets, and a small gas fuelled water heater – under the motorway bridge! It seems to be in huge demand – what a luxury it must be to be able to have a hot shower, when you spend your life on the streets with no access to running water! The volunteers have also taken it upon themselves to wash their clothes – these small things make a huge difference to the refugees, especially those of them that are waiting for their papers to come through and have no option but to live under the motor way while they wait (for up to two years!).
The whole team at Pays de Fayence Solidaire wishes you a happy and healthy 2024.
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