





Comptes rendus des maraudes de 2022
- Maraude du 17 décembre 2022
- Maraude du 19 novembre 2022
- Maraude du 22 octobre 2022
- Maraude du 24 septembre 2022
- Maraude du 27 août 2022
- Maraude du 30 juillet 2022
- Maraude du 2 juillet 2022
- Maraude du 4 juin 2022
- Maraude du 7 mai 2022
- Maraude du 9 avril 2022
- Maraude du 12 mars 2022
- Maraude du 12 février 2022
- Maraude du 15 janvier 2022
Compte rendu de la maraude du 17 décembre 2022
Maraude du 17 décembre 2022
Compte rendu de la maraude ‘(Shara) :
Un grand merci à Jean Pierre et Dominique, qui ont préparé un repas chaud et délicieux avec pâtes, légumes, viande et juste un peu de harissa…….
Et encore un grand merci à vous, nos bénévoles, nos membres, pour le soutien que vous nous apportez chaque mois ; grâce à vous nous avons pu partir avec 100 sacs de nourriture, les produits d’hygiène pour tout le monde, des bonnets, des écharpes, des belles vestes d’hiver, des chaussures et environ 100 couvertures. Avec nous ce samedi nous avons eu 5 nouvelles bénévoles – merci à elles !
Ces nouvelles maraudeuses ont été impressionné par la qualité de l’organisation sur place, à Vintimille, et par la bonne ambiance entre tous les membres de l’équipe (bravo à tous ceux qui ont permis cela, une fois de plus). L’une d’elles a été étonnée par l’optimisme et la bonne humeur des réfugiés rencontrés lors de cette distribution qui s’est déroulée dans le calme.
Les impressions de Gérard :
Une maraude pas comme les autres…….
Nous avons reçu 70 “passagers” venant de Somalie, du Soudan, d’Ethiopie, d’Afghanistan. Des jeunes entre 20 et 30 ans, transis de froid, certains étaient avec des nus pieds. Quel chemin déjà parcouru! Pas de structure d’accueil. Ils dorment sous un pont infesté de rats. Loin de leur famille, déracinés, et cherchant un avenir meilleur…..Que de désillusions! Une fois le repas chaud, les sachets de produits alimentaires, les produits d’hygiène et les vêtements chauds distribués, nous rentrons dans notre maison au chaud terminer notre soirée au coin du feu en pensant aux fêtes de fin d’année….sans commentaires!
En cette fin d’année une pensée pour eux.
Et celles de Félix :
Comme la fois précédente, j’ai reçu leur gentillesse exprimée par les sourires, les mots de reconnaissance ; j’ai été troublé par la présence énigmatique de cette personne frêle et silencieuse aux mains délicates dont le visage était dissimulé dans l’ombre d’une large capuche, une Erythréenne, je crois. Elle s’est effacée dans la nuit. Un jeune Tunisien nous a aidés lors du rangement, il était extrêmement poli, affable, et on le sentait perdu, isolé du groupe . Il nous a demandé de l’amener en France où il avait des proches, ses bagages très lourds contenaient des jouets pour leurs enfants. Nous ne pouvions bien sûr l’aider à passer en France. Que dire d’une qui sépare les amis, les amants, rejette les demandeurs de mieux-vivre. Nous l’avons accompagné à la gare. Il n’avait pas encore tenté sa chance. Il réussira peut-être.
Jallal, quant à lui, est à Vintimille depuis huit mois. Il travaille à temps partiel chez une fleuriste. Pas assez de salaire pour être indépendant. Il survit avec le sourire malgré la pauvreté et le mal de dos. On a parlé foot, il est marocain et très fier de ses frères, les Lions de l’Atlas. A nouveau plus de Marocains ce soir, des gars de Casa, Marrakech mais aussi des douars de montagne où nous, nous avons la chance de pouvoir cheminer, libres. Un monde à deux vitesses, c’est sûr. Les rois mages aujourd’hui sont bloqués aux frontières.
Voici le message reçu de la part d’une équipe de Menton qui intervient plusieurs fois par mois à Vintimille et qui effectue en outre des permanences à la frontière pour aider et renseigner les personnes refoulées :
…quelqu’un d’une boulangerie de Monaco a donné beaucoup de viennoiseries à distribuer …Deux femmes sont venues manger et un jeune garçon du Yémen ; âgé de 17 ans, il a été reconnu comme mineur par l’ UNHCR (il avait des photos de ses documents). Il avait déjà été à Nice ; nous n’avons pas très bien compris son histoire ; il ne nous faisait pas confiance et craignait que nous ayons un lien avec la police. Il était difficile de communiquer avec lui qui ne parlait qu’arabe. Nous avons compris qu’il n’avait pas mangé depuis quatre jours, qu’il avait perdu sa famille au Yémen. C’était vraiment triste.
Et pour finir, un appel de Tous Citoyens qui donne une idée des situations critiques vécues par les réfugiés :
Walid est un jeune tunisien mis à la rue par l’Aide Sociale à l’Enfance qui l’a déclaré majeur. Nous constituons son dossier pour déposer un recours au tribunal pour enfants et obtenir son placement. Mais nous avons besoin d’un hébergement solidaire ou de plusieurs hébergements solidaires successifs à compter de ce soir. Qui pourrait l’héberger ? Si vous avez une chambre ou même un canapé de disponible chez vous, à Nice ou dans les Alpes-Maritimes, chaque nuit à l’abri lui évitera la rue.
Contactez Michel Séonnet : 06 19 92 12 82
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
19 décembre 2022par Shara Quartermaine, Organisateur
As the year comes to an end and we head towards 2023 it seems unlikely that much will change for the refugees at Ventimiglia. They will probably still be sleeping in the dirt under the motorway – as they try to move on – fleeing persecution, war, conscription and increasingly, famine. We do the best we can in a short space of time – warm and nutritious food carefully and thoughtfully prepared by some of our volunteers, hot coffee or thé à la menthe, food bags for breakfast tomorrow morning and an array of toiletries to choose from. Warm socks and gloves, scarves and hats. A mountain of blankets to chose from as they head off into the damp world under the motorway alongside the river. We chat with some of them, treat them with humanity and respect – and they are equally respectful in return. But we get to jump into our cars and head home to our houses and families. Home for them is wherever they can find for that night – one day at a time – dreaming of a brighter future but living in the moment. Charging their phones is essential – a vital link with family – and a lifeline for most of them – Michel’s charging station is always surrounded by people as they queue to charge their phones. We wish them good luck as we pack up and get ready to leave – luckily a different association will be there tomorrow and the next day and the days after that – ensuring that at the very least they are given a hot meal on these cold winter nights. Thank you for supporting what Pays de Fayence Solidaire does – your donations to us go straight to them, whether it be to buy clothing, or sleeping bags, or backpacks – luxuries for them. So thank you very much and all the best for 2023. Pays de Fayence Solidaire



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Compte rendu de la maraude du 19 novembre 2022
Maraude du 19 novembre 2022
Une collecte n’est pas l’autre, les équipes changent, des nouveaux (c’est la première maraude pour Christine O.) s’intègrent régulièrement et joyeusement aux « anciens ».
Et cette fois-ci le repas chaud a été préparé par les élèves de 3ème du collège de Montauroux : un succulent mafé au poulet (émincés de poulet avec patates douces, patates, carottes, dans une sauce cacahuètes/tomates), accompagné du riz préparé par Eric Bourlier. Une collaboration exceptionnelle avec des jeunes motivés et sensibilisés en amont. Merci à leur professeur Camille Portelli.
Et vous, les donateurs de passage, qui êtes toujours aussi nombreux et aussi généreux à nous soutenir !
Merci à vous tous !
Les voitures bien chargées, grâce à votre soutien, nous voilà partis une nouvelle fois à la rencontre des réfugiés vivant dans la rue à Vintimille, dormant sous les ponts ou les abris bus. Environ 110 migrants nous attendent sur le parking et se regroupent immédiatement en file indienne à notre arrivée, pressés de pouvoir manger. Impressionnants par leur nombre, leur dignité, leur calme. La soirée fut très intense . Les migrants ont pu manger, boire, se ravitailler en produits d’hygiène de base, quelques vêtements, recharger les batteries des téléphones. Une association de Salernes a amené des couvertures, (merci Filippo !) mais n’a pu apporter les vêtements chauds promis, par manque de place. Ceux-ci nous ont cruellement manqué. Certains jeunes étaient trop peu couverts.
Bernard L. qui accueille les réfugiés pour recharger les batteries de leurs portables nous raconte la soirée:
Toute la soirée, sur son vélo, il a sillonné entre les stands, les tables et les migrants. En tournant ainsi, sans relâche, dans la nuit, à quoi pensait-il ? Surveillait-il son troupeau, tel un cow-boy, avec sa radio en guise de lasso, ou masquait-il seulement sa peine derrière ses lunettes noires ? Enigmatique, presque inquiétant mais pas menaçant, il finit par s’arrêter en fin de soirée devant le stand des vêtements. Se saisissant d’une longue écharpe, il noua celle-ci solidement aux deux extrémités de son guidon ; puis, enfourchant son vélo, il s’éloigna dans la nuit, très content de ces nouvelles rênes pour diriger, tel un, cavalier, son vélo.
Faire la connaissance de F. a été un moment privilégié, car ce bénévole italien, qui s’exprime joyeusement dans un français très imagé, s’est donné pour mission, avec sa femme M., de protéger plus particulièrement les femmes et enfants isolés à Vintimille. Il est plein d’anecdotes, fruit d’une connaissance très approfondie de la situation locale, racontant les trafics qu’il a constatés chez les passeurs, dont certains feraient même partie de la maréchaussée, ou encore expliquant que la » frontière ne sera jamais fermée, car cela est impossible … « . Parle-t-il alors seulement des frontières physiques entre nos deux pays, dont il connaît bien semble-il les passages secrets, ou de celle entre les peuples ?
Le point phone est un lieu privilégié d’observation de l’activité nocturne sur le parking de Vintimille, car il est situé à la fin de l’enfilement des stands où sont distribués aux migrants nourritures, produits d’hygiène et vêtements. En début de soirée, peu de migrants y viennent déposer leur portable, car ils sont alors trop occupés par ces activités. Ils y viennent donc plus tardivement, et chacun est alors très attentif lors de la remise de son portable contre un ticket numéroté. » Les chiffres, c’est difficile en français » s’exclame l’un d’entre eux, provenant du Soudan, prenant plaisir à prononcer le « vingt-quatre » qui se transforme rapidement en « quatre-vingt-quatre » ! D’autres – Tunisiens, Algériens et Egyptiens – exhibent de leur téléphone des cartes susceptibles de prouver leur identité, et c’est en voyant un titre de transport « Indigo » que je comprends qu’ils ont déjà séjourné en région parisienne !
En fin de soirée, alors que deux téléphones n’ont toujours pas été récupérés par leurs propriétaires, nous sommes en train d’imaginer avec F. un plan pour qu’ils puissent venir les récupérer le lendemain sur le parking, lorsque le retardataire arrive tranquillement avec deux tickets « Sesame » lui permettant de récupérer ses téléphones.
Mission accomplie : un grand soulagement pour tous !
Quelques instantanés de Gérard T:
« Il y a des gestes pour dire « il fait froid » dans toutes les langues et on se comprend tout de suite ; lui est derrière la table aux vêtements, son regard à la fois intense et résigné me touche ; je pense à quand « il fait froid » dans ma maison, et au thermostat qu’on effleure, au pull qui traine, aux chaussettes à choisir ; je lui répond d’un sourire solidaire mais silencieux, et cela m’attriste profondément. »
« Sous l’arche de la rocade un groupe de migrants fait salon ; je m’approche mais un sanglier s’interpose sans me regarder, il est gros, et entre lui et moi des rats se promènent en grand nombre et librement. »
Un mot de Félix :
100 personnes ce soir à la distribution. La nuit annule les visages. Il fait frais ce soir, les corps se recroquevillent au creux des vêtements accumulés. Malgré tout, les yeux brillent, et les sourires, à notre présence. Le plat épicé, le thé et le café encore brûlants réchauffent l’âme. Beaucoup de paroles et de gestes de gentillesse et de gratitude. » Ce que vous faites est très important pour nous, merci, merci!! » me dit un grand homme ivoirien et il reviendra deux fois le formuler en compagnie d’amis.
De ma “table des boissons” un peu excentrée, je regarde les copines et copains affairés dans la chaîne de distribution. On fait une belle équipe bien organisée. Les jeunes de Progetto présents ce soir me disent plusieurs fois » Bravo! Bellissimo! ». Toute cette empathie rassemblée, exprimée, me touche. François, notre cher président, peut sourire là-haut sur son étoile quelque part au firmament des exilés.
Et le mot de Claude :
Dans l’ombre de ces corps qui jaillissent de nulle part, qui ne font que surgir, évanescents entre rives et rivages, je vois des routes devenues éternelles, des tombes amoncelées entre îles et continents, tout un lot d’origines qui se retrouvent brouillées dans un radeau de baluchons.
Nous voici ramenés au « ventre occidental », comme aurait dit Césaire ; toute naissance est nue, fragile et démunie, dès lors toute naissance en ce monde convoque notre générosité et appelle cet héritage universel de justice.
Le Marocain me montre son torse fracturé par la police (laquelle ? Je ne sais pas) ; le Burkinabé me dit souffrir de sa hanche et de sa jambe, il a chuté dans la montagne ; Algériens, Tunisiens et Egyptiens sont fatigués et découragés ; ils toussent et ont mal à la tête ; les Soudanais (tous venant du Darfour) se grattent, dermatites, gales !!
Le voici notre parking, remis à plat, esquisse, rude, dense et illisible où nos amis migrants vivent de l’intérieur avec tant de souffrances et courageusement tant d’aisances et d’adaptations inouïes. Ils respirent déjà le vent, encore violent, d’un avenir commun !!
Vous trouverez aussi le compte rendu de Shara sur le site:
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
20 novembre 2022par Shara Quartermaine, Organisateur
It was our turn to do the food distribution at Ventimiglia last night and we were lucky enough to have lots of blankets to hand out as winter seems to have suddenly arrived! Among the Sudanese, Eritreans, Afghans and Malians, there were some familiar faces;!others had just arrived and were so grateful for the blankets as they contemplated a night under the motorway flyover. Students from the local college had cooked a chicken and peanut curry for the refugees – a wonderful initiative that brings awareness of what is happening on the Franco-Italian border to the young people in the canton de Fayence and puts their catering skills to good use! Next month we will hopefully take lots of warm winter coats with us, gloves and hats as the cold nights set in. Thank you on their behalf for your donations – we really do use it to buy new socks and underwear, rain ponchos and sleeping bags – things that are “luxuries” for the refugees.
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Compte rendu de la maraude du 22 Octobre 2022
Maraude du 22 octobre 2022
Voici, avant le compte-rendu de la maraude du 22, deux informations :
· Si vous souhaitez avoir une idée des terribles difficultés rencontrées par les migrants sur leur chemin d’exil, un film diffusé sur Antenne 2 la semaine passée, » Shadow Game » est visible en replay sur internet. Il évoque particulièrement le parcours de jeunes adolescents issus de pays du Moyen-Orient et est très instructif (on y voit même « notre » parking de Vintimille).
· Voici le témoignage d’une de nos adhérentes qui a participé aux journées d’observation à la frontière italienne à Menton :
Un peu déstabilisée par le fait d’observer les forces de l’ordre, j’ai été frappée par le nombre impressionnant de migrants renvoyés par la police française vers la frontière italienne : une cinquantaine pendant mon observation qui a duré quatre heures, le 13 septembre. On comprend qu’ils soient nombreux à être nourris le soir, à Vintimille.
Beaucoup sont jeunes, et ce qui étonne, c’est le peu de bagage qu’ils emportent avec eux : juste un petit sac à dos ; tous leurs vêtements sont sur eux. Certains portent leur doudoune malgré la chaleur.
Vous trouverez en pièce jointe le compte-rendu exhaustif de ces deux journées organisées par la CAFI qui est un collectif d’associations d’envergure nationale ou internationale.
Compte rendu de la maraude ‘(BL) :
Une maraude exige, dans le mois qui précède, un minutieux travail pour coordonner les nombreux bénévoles associés au QUI fait QUOI ! Des donateurs aux migrants, il existe une longue chaine de solidarité où chacun trouve sa place pour contribuer à la réussite de l’opération. Il faut prévoir les véhicules et les maraudeurs ; solliciter l’équipe des cuistots sur laquelle repose la lourde responsabilité de préparer puis de livrer les repas avant le départ ; collecter les vêtements et les autres produits, notamment d’hygiène, qui seront donnés ; gérer les stocks et procéder à quelques achats ; vérifier les batteries qui seront utilisées pour assurer l’éclairage et le rechargement des téléphones des migrants ; cueillir la menthe nécessaire à l’élaboration du thé, selon une recette quasi-secrète qui ne se transmet qu’aux initiés qui préparent aussi le café ; et ne pas oublier de commander le pain, qui devra être cherché le matin même, juste à temps pour ouvrir l’accueil des donateurs …
Heureusement, il n’y a pas eu d’imprévus, et ce jour J, la collecte a été importante : elle nous a permis de préparer une centaine de sacs de denrées alimentaires et de recevoir de nombreux vêtements.
Merci à tous les donateurs !
De Shara :
J’ai trouvé les migrants très gentils et reconnaissants, mais très fatigués aussi. Ils nous ont aidé à l’installation et aussi après pour ranger tout et nettoyer le parking qui était moins sale que la dernière fois. J’ai demandé à un jeune si je pouvais le prendre en photo avec un des bonnets tricoté par Josette et je lui ai montré la photo que j’ai prise à la collecte de la fameuse tricoteuse – il était ravi et tout souriant pour sa photo – prise de derrière quand même!!
De Bernard :
Peu de migrants ce soir, mais avec une grande diversité de nationalités.
Dès l’arrivée, le ballon qui leur est proposé est accepté avec enthousiasme par deux joueurs, mais ceux-ci ne sont pas assez nombreux pour se constituer en équipes.
Un certain calme, une ambiance presque feutrée, propice au dialogue avec plusieurs migrants parlant le français.
« Je suis un touriste ! » conclut l’un d’entre eux, après nous avoir décrit son périple qui l’a conduit au fil des années du nord de l’Afrique au nord de l’Europe, en passant par la France, la Suisse, l’Espagne, l’Allemagne …
Un autre nous explique également son périple, rendu compliqué par le virus du covid et la perte de ses papiers d’identité, et s’indigne de l’absurdité de cette frontière qui le bloque à Vintimille et l’empêche pour l’instant d’aller retrouver sa femme qui habite à Lourdes.
Deux autres, électriciens de métier, s’insurgent contre les salaires de misère dans leur pays et la répartition inégale et injuste de la richesse issue du pétrole dont leur pays dispose pourtant.
Deux représentants de la maréchaussée s’introduisent discrètement sur le parking, mais sont vite repérés ! Ils se montrent courtois, très au fait de la situation de certains migrants, intéressés par notre action ou pour mieux nous identifier ? Ils hésitent quelques instants à goûter au plat chaud distribué aux migrants, mais leur obligation de réserve finit par l’emporter, et ils repartent aussi discrètement qu’ils sont arrivés.
« Merci, c’était très bon ! » vient nous dire à la fin un migrant, alors que nous commençons à préparer notre départ. Ce geste de gratitude fait alors vraiment plaisir, et se doit d’être transmis à toute l’équipe des cuistots.
Les sauvages ne sont pas toujours ceux à qui l’on pense. A Vintimille, par exemple, trois nouveaux auxiliaires œuvrent sur le parking où se déroule la distribution aux migrants. Après celle-ci, ils arrivent tranquillement, font un petit tour pour estimer la situation, puis s’attachent à l’élimination des restes de repas et autres détritus. Plus rien n’étonne les migrants qui ne les saluent pas, mais ne s’en éloignent pas pour autant, certains filmant la scène incongrue.
Il faut dire que ces nouveaux auxiliaires sont trois sangliers !
Les vrais sauvages, ce sont ces humains qui, en poste de responsabilité, laissent croupir dans la misère et la saleté leurs congénères.
De Félix :
Ce soir, une soixantaine de personnes de diverses origines: Soudanais en majorité, Érythréens, un Egyptien, des Bengalis, quelques Afghans et Pakistanais, un Burkinabé, un Guinéen, et, fait notable, des Maghrébins plus nombreux cette fois, Tunisiens et Marocains, un Algérien qui tente de rejoindre ses proches en France. Je reconnais un Marocain présent ici depuis le printemps. Il a un petit boulot chez un fleuriste. Pas assez de revenus pour avoir un logement décent. Il espère être régularisé en Italie. Beaucoup de gentillesse, de témoignages de gratitude. Deux Marocains nous aident à ranger jusqu’à la dernière minute. Ils nous disent » Heureusement, vous êtes là. Cela nous aide à tenir. «
Vous trouverez aussi le compte rendu de Shara sur le site:…/…
Pas de compte rendu pour cette maraude de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
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Compte rendu de la maraude du 24 septembre 2022
Maraude du 24 septembre 2022
Compte rendu de la maraude par Véronique D. :
Une météo peu favorable pour ce week-end des 24/25 septembre ! Grâce à vos soutien et générosité, grâce aux équipes des bénévoles très efficaces, nous sommes partis avec des véhicules bien chargés, apportant avec nous une bonne centaine de couvertures ! Un tagine de légumes, pois chiches et merguez avec un riz coco a été préparé par cinq dynamiques cuisinières.
Le surplus a été donné à Direct Support, un groupe de jeunes Allemands installés à Vintimille pour le mois de Septembre.
Un grand merci à vous tous, donateurs, bénévoles, maraudeurs et maraudeuses!
Et maintenant quelques impressions de cette maraude :
De Rosario :
Après avoir sommairement ramassé 4 ou 5 gros sacs remplis des déchets plastiques et papier, le services de la mairie de Ventimiglia ne passant qu’une fois par semaine , nous avons installés tables et barnums et commencé la distribution d’un délicieux plat de légumes, merguez et riz, avec le traditionnel sachet de produits non périssables ( boîte des conserves, lait longue conservation, oeufs durs , etc,) des produits d’hygiène et pas mal de couvertures.
Il y avait une centaines de réfugiés, beaucoup d’Afghans et de Soudanais.
Pendant ce temps Claude, notre Médecin du Monde à la retraite, a prodigué pas mal de soins : vilaines blessure aux pieds et aux jambes, un cas de gale . Le surplus de nourriture est resté sur place, car deux jeunes Allemands de Direct Support avec leur van sont en place pour une semaine.
Nous avons aussi distribué sourires et regards.
De Jean-François et Ariane :
Jean-François et moi avons participé pour la seconde fois à la maraude de Vintimille. Nous avons emmené notre fille Isaline de 16 ans qui était très heureuse de pouvoir nous accompagner dans cette soirée d’entraide. Notre première maraude, en début d’été, était sous un beau soleil.
Cette fois ce fut sous un ciel gris avec quelques gouttes et des températures plus froides. Malgré la météo, lorsque nous sommes arrivés, certains jeunes jouaient au cricket avec une batte taillée dans un morceau de bois. D’autres nous attendaient, prêts à nous aider à monter les stands et nous demandant si on avait des vestes pour eux.
Personnellement, j’étais au stand des soins d’hygiène. Au début, il faut suivre le rythme, ils sont beaucoup et on essaie de se comprendre. C’est pas toujours évident.
Jean-François était au stand de café/thé. Il a eu l’occasion de discuter avec plusieurs migrants d’Afghanistan, d’Algérie et du Maroc.
Ensuite, Shara avait prévu une distribution de couvertures pour eux, tout est très vite parti. J’ai trouvé que tout se passait dans une bonne entente générale, ils sont reconnaissants du travail de l’association. Merci beaucoup pour votre investissement auprès d’eux et n’hésitez pas à nous contacter pour les prochaines collectes, maraudes.
De Bernard :
God save the king ! Quelle surprise, lorsque nous arrivons sur le parking, de voir que les migrants disputent une partie de cricket, ou de base-ball, dans le rire et la bonne humeur ! Il faut donc contourner le terrain improvisé afin de ne pas interrompre la partie et aller garer les voitures.
La mise en place de la distribution doit donc tenir compte de cette nouvelle configuration et des flaques d’eau.
On se laisse, il faut bien le dire, quelque peu déborder par les migrants qui se mettent très rapidement en file, compacte, après le point qui délimite à l’ordinaire l’entrée de la zone de distribution. Il s’avère impossible de les faire reculer un peu : tant pis pour le protocole !
Du coup, cela bouchonne un peu pendant la distribution des repas, d’autant plus que les stands de distribution des produits d’hygiène, de vêtements, de couvertures et de sacs de couchage ont beaucoup de succès.
Parmi les migrants, plusieurs s’expriment en français, et discutent volontiers avec nous.
« La vache qui rit, tu sais pourquoi ? » …me demande un réfugié en rigolant. « Si tu me le dis, je te donne 1.000 » … Pris au dépourvu, je me lance dans l’histoire improbable d’une vache qui voyant passer un lapin rose tacheté de vert se met à rire et conclus en lui disant que j’ai gagné. « Non, tu dis n’importe quoi, là, me répond-il. Ce n’est pas la vraie histoire … Bon, maintenant je te laisse, car il faut que je m’en retourne à mon lieu de couchage ».
Sugar, Algérien ou Tunisien, se lance dans la comparaison de la cuisine française et celle de son pays, qu’il juge nettement supérieure ! Il apprécie le café et le thé servis, ce dernier étant bien sucré. Il évoque la mort de son papa d’un second infarctus, il y a 20 ans, presque dans ses bras, lorsqu’il avait à peine onze ans. ”Tu vois ce que je veux te dire, il fumait trop mon père. Eh bien, il a eu raison, le docteur ! “ commente-t-il en m’expliquant que lui aussi fumait trop lorsqu’il était chez lui, mais plus maintenant, car les cigarettes sont ici trop chères. Il m’indique également qu’il aime trop le sucre. “ Tu vois mes dents, là ? ” en pointant sa dentition dans un grand sourire. Celle-ci mériterait effectivement de nombreux soins, qu’il n’aura sans doute pas de sitôt, signe de grande misère.
Vous trouverez aussi le compte rendu de Shara sur le site:
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
25 septembre 2022par Shara Quartermaine, Organisateur
Luckily the torrential rain that was forecast for yesterday both in the canton de Fayence and Ventimiglia never quite materialised – which was a blessing for the refugees and to be honest for us too! When we got to Ventimiglia a group of young Afghans were playing a very animated game of cricket – with interesting wickets set up between barriers and a tennis ball instead of a cricket ball. They were all very hungry and we barely had time to unload the vans before they were queuing for food and asking how soon we would start dishing it out. I am not sure whether they had eaten at all since the night before as when it rains they tend to find shelter and are reluctant to move from there. We had masses of delicious tagine and coconut rice with spicy merguez and harissa to serve up – plus food bags and new underwear, socks and ponchos to hand out to them. They are delighted to receive their ‘gifts’ and their eyes light up when they can actually chose things – it’s the small things that count! Last week we were lucky enough to receive a large donation of blankets from a local association – perfect timing really – we could give everyone a blanket last night and with the damp weather they will have really needed it. So as always thank you so much for your support and interest in what we do – it is very little but at least it is direct support and goes straight to the people who need it most. Elections this weekend in Italy do not bode well for those stuck at the border and we will be monitoring closely the impact that it may have on them – not that the situation can get much worse!!!!




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Compte rendu de la maraude du 27 août 2022
Maraude du 27 août 2022
Compte rendu de la maraude par Véronique D. :
Sous la baguette de Shara, un repas fut préparé au matin par l’équipe de Jean-Pierre pour 180 personnes, et 180 sacs de nourriture non-périssables étaient préparés par d’autres mains – toujours avec vos dons !
Le nombre de réfugiés n’avait cessé de changer les jours précédents, sur place entre 90 et 100 réfugiés…
Nous avons pu déposer le soir même tous les bons restes chez la sœur de Délia à Vintimille, pour aider à la maraude du lendemain. Avant de passer la paroles aux maraudeurs, merci à tous ceux qui nous ont aussi apportés vêtements et autres ce jour-là !
Rosario :
J’ai parlé avec deux Tunisiens, l’un de 21 ans, le plus loquace, l’autre de 29 ans, probablement de la même famille. Ils sont arrivés à Lampedusa dans un petit bateau, la peur de leur vie.
A Lampedusa, comme d’habitude, ils ont été enfermés au centre de rétention où la nourriture n’est même pas celle que l’on donnerait à un chien. Ensuite, après avoir signé un document, ils ont été transférés en Sicile puis à Rome, dans une véritable prison au milieu de drogués et de délinquants. Deux mois après, ils sont arrivés en train à Vintimille. Par cinq fois, ils ont essayé de passer en France, mais chaque fois, ont été refoulés ; la dernière fois ils ont réussi à faire une demande de visa “de visite”, car un de leurs cousins possède deux restaurants à Paris.
Avec un éventuel permis de séjour, suite au contrat de travail, ils pourraient rester en France. Ils étaient très heureux de notre maraude, la meilleure qu’ils aient connue m’ont ils dit. Ils m’ont quand même demandé s’il était possible de passer en France avec nous le soir. J’ai expliqué que ce n’était pas possible, car cela mettrait en danger l’existence même de l’association, sans compter les poursuites judiciaires. Ils ont bien compris et n’ont pas insisté.
En Tunisie, pour les jeunes, il n’y a pas d’avenir sauf pour les riches ; le plus jeune a essayé de trouver un peu de travail sur place en Italie, il parle un peu plusieurs langues, mais on n’a pas voulu de lui car il n’est pas en possession d’un permis ; ainsi les patrons italiens veulent être dans la légalité, alors que le pays croule sous le travail au noir……..
Francesca :
Une fois arrivés à Vintimille nous avons commencé les installations dans le parking. Les tables pour le repas, d’autres tables pour les boissons et l’hygiène. Avec Roseline nous avons rempli de barquettes avec la salade de riz et merguez, poivrons et pois chiches – qu’on a ensuite garnies d’une grand quantité de harissa selon la demande de tout le monde !
Des scouts français et italiens nous ont également rejoints et se sont très vite impliqués en nous aidant à la distribution des œufs durs, des derniers repas etc. Ils étaient très intéressés par ce qu’on faisait et j’ai pu expliquer en quoi consistait Pays de Fayence Solidaire aux filles avec qui j’ai parlé. Certains des scouts ont pris l’initiative d’aller jouer au foot avec les hommes sur le parking. C’était un beau moment de partage inattendu pour tout le monde.
Françoise :
Particulièrement touchée, lors des deux dernières maraudes, plus que d’habitude, par la lassitude qu’on peut lire dans le regard de certains…
D’autres avec des sourires furtifs – francs ou timides, montrent ainsi qu’ils sont touchés par le bon repas qu’on apporte et tout ce que nous distribuons ce soir-là grâce à vous tous… ou repartant avec une casquette rigolote sur la tête ; quelqu’un nous laisse un grand éclat de rire dans l’air et rejoint ses camarades de galère en riant.
La boîte de casquettes, reçue au matin lors de la collecte (merci !!), a fait beaucoup d’heureux ce soir-là !!
Ce samedi nous avons été accompagnés dans la distribution par des scouts italiens et français. La même unité qui organise des assemblées autour de la problématique des réfugiés à Vintimille, et qui nous avait déjà rejoints en mars dernier. Des jeunes gens venus de différentes régions, très impliqués et qui nous questionnent, entre autre, sur le sort des femmes et l’aide spécifique que nous leur apportons lors de nos maraudes. On sent qu’ils sont eux aussi déjà impliqués dans la solidarité, voués au bien de tous et sensibles au soutien qu’ils peuvent eux aussi apporter au difficile quotidien des réfugiés.
Un match de foot et un chant ont clôturé cette nouvelle soirée maraude … pas comme les autres.
Chantal :
Belle maraude que celle de samedi dernier, et utile comme toujours. Les migrants étant un peu moins nombreux, nous avons pu leur parler plus longuement, plus personnellement. Des cas très différents les uns des autres; certains tout juste débarqués et heureux d’être là, encore peu conscients des difficultés à venir; d’autres ayant déjà une longue expérience de plusieurs pays européens ; un Soudanais notamment, qui a tout vendu pour se payer le voyage et retournerait bien au pays s’il le pouvait. Beaucoup nous manifestent leur reconnaissance…..
Shara soigne des pieds malmenés. Les chaussures et baskets manquent beaucoup.
Hommage à François et Véronique qui ont fait œuvre utile en créant Pays de Fayence Solidaire.
Samedi matin à la fin de l’abondante collecte, Nicole nous a lu sur le pas de porte du Mille Club, un très beau texte en mémoire de François. Voici quelques extraits en partage :
Du chanteur breton Gilles Servat les paroles de « Je vous emporte dans mon cœur »
Je vous emporte dans mon cœur
Par-delà, le temps et l’espace
Et même au-delà de la mort
Dans les îles où l’âge s’efface
Et même au-delà de la mort
Je vous emporte dans mon cœur
Tous ces mots qui de moi, s’envolent
Demain, vous ne les entendrez plus
Les doux oiseaux de nos paroles
S’ils ne se croisent jamais plus
Demain, quand les étoiles tremblent
Cherchez Arcturus ou Vega
Et nous serons encore ensemble
Si vous pensez un peu à moi
Maraude (supplémentaire) du 23 août 2022
Compte rendu de la maraude par Gérard W :
Une maraude simplifiée ?
Pas si simplifiée que ça, quand le nombre de migrants varie de 200 à 100. Sandwichs ou plat pour combien ?
Avec une équipe de choc, un super plat de pâtes améliorées pour 150 personnes à été réalisé dans le rire et la convivialité.
Pour la maraude une équipe de 6 personnes a été constituée ( dont 3 nouveaux adhérents)
Tout s’est déroulé dans le calme et l’efficacité. Merci pour eux
Compte rendu de la maraude par Véronique D. :
Voici tout d’abord un compte-rendu de la maraude supplémentaire du mardi 23 août. Le repas pour 150 personnes fut préparé par une belle équipe de 7 personnes avec Gérard aux manettes et Shara aux pâtes !
Nous sommes ensuite partis à six à Vintimille, accompagnés cette fois de 3 nouveaux maraudeurs. Voici leurs comptes-rendus de la soirée ; nous leurs souhaitons encore la bienvenue parmi nous et les remercions de leur participation.
Thierry :
Pour moi « maraude » signifiait parcourir les rues de la ville à la recherche de gens nécessiteux, j’avais donc une certaine appréhension par rapport à la façon de procéder.
Finalement donc, cette mission m’a paru plus facile, presque sereine, à servir ces jeunes personnes dont l’expression variait entre gratitude, grande lassitude et résignation.
Difficile d’imaginer que l’on puisse vivre comme ça, dans ces endroits insalubres, et sans connaissance de son avenir.
Bravo pour votre dévouement, je reviendrai c’est certain, je ne sais pas encore à quelle fréquence.
A bientôt !
Françoise & Jean :
Concernant cette belle soirée de solidarité, nous tenons à vous témoigner toute notre reconnaissance sur l’engagement et la disponibilité que vous avez mis en œuvre pour que nous puissions nous intégrer à votre équipe avec plaisir et bonne humeur.
Nous n’avions aucune idée de la manière dont se déroulait une maraude mais grâce à votre organisation, l’esprit d’équipe et les valeurs qui vous animent, nous avons vécu ce moment avec une grande facilité et simplicité, alors que les conditions de ces populations sont si dramatiques à vivre.
Dans l’attente de vous retrouver, nous vous souhaitons plein d’énergie pour vos prochaines actions.
A bientôt.
Amitiés.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
28 août 2022 par Shara Quartermaine, Organisateur
This last week has been a busy one for Pays de Fayence Solidaire as we committed to distributing food twice in Ventimiglia – there were several associations who could not help this month. On Tuesday we cooked a big pasta salad with tuna, sweet corn, peppers and eggs – and a small team headed across the border in the evening heat to distribute food to about 120 refugees. Yesterday evening we left a torrential downpour (an absolute blessing!) in the Canton de FAYENCE and once again headed across the border to the rather sunnier Ventimiglia! 18 scouts were there to help us – they are spending 3 days in Ventimiglia to learn about the refugee crisis and the situation on the Franco/Italian border. We handed out food to about 90 refugees – they had huge helpings and were very well fed because we had catered for quite a few more. A young Afghan (who has been helping with the camps in Calais and Dunkerque) came to chat to us and told us that the refugees were always delighted to see Pays de Fayence Solidaire as the food was the BEST and we always took good care of them:-) our first aid kit certainly came in handy yesterday evening as many of them have minor injuries and infections due to their insalubrious living conditions and constant movement. Luckily there is a doctor on site at Caritas during the week and Médecins du Monde are present twice a week to treat them. Thank you for all of your support and help – on behalf of all of us at the Association and in memory of François…/…



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Compte rendu de la maraude du 30 juillet 2022
Maraude du 30 juillet 2022
« Enfin de compte, quel est le sens d’une science capable d’envoyer un homme sur la lune, mais incapable de mettre un morceau de pain sur la table de chaque être humain ? » Carlos Ruis Zafon
Compte rendu de la maraude par Gérard W :
J’ai d’abord été touché par la générosité de nos donateurs lors de la collecte du matin. Un grand bravo à l’équipe qui assure avec le sourire. Préparation d’un excellent taboulé par notre nouvelle recrue en cuisine, Christine et 5 aides, en une matinée, d’un plat pour 100 personnes, très apprécié par les « passagers ». La maraude, un peu d’humanité, une rencontre humaine forte, de l’écoute, partage et bienveillance, étaient au rendez-vous.
Je laisse Félix, Michel et Véronique, qui étaient à la maraude, s’exprimer car ils ont les mots justes:
Félix :
Lendemain de maraude…
Hier (30 juillet), plus de cent bonhommes et deux filles isolées, tous Erythréens, Somaliens, Soudanais, Africains de l’ouest, un Irakien, quelques Maghrébins, deux Italiens âgés. Quelle que soit leur origine, tous dans la même galère avec au creux de la conscience une petite île d’espérance qui donne un cap. Le lieu de refuge sous le viaduc et la place du parking deviennent très sales. Les autorités locales sont coupables d’abandon. Pas d’abri organisé, pas de point d’eau, pas de regard de la société locale sur cent humains à la dérive. Malgré tout, les exilés sont dignes et souriants, ils communiquent leur gratitude et leur gentillesse .
Chaque fois, on prend une leçon d’humilité. Notre présence, celle des groupes et individus qui se succèdent le soir à Vintimille, les aide à tenir. Il n’y a pas l’ombre d’un doute, ce que nous entreprenons a beaucoup de sens.
Après plusieurs années de pratique concertée grâce à l’engagement de François notre président, notre groupe est maintenant une belle équipe, notre action bien organisée.
La présence de Claude notre toubib permet d’alléger les souffrances de certains – hier, un gars particulièrement en difficulté qui sera pris en charge avec l’aide KNK et Caritas.
Kesha Niya Kitchen (KNK) et Manuela de Caritas nous ont rejoints. Eux aussi sourient malgré les difficultés quotidiennes dans leur tâche. Ils sont des éléments essentiels à Vintimille sur le parcours des réfugiés. Chacun fait ce qu’il peut avec ses moyens et ils font une chaîne de solidarité, KNK à la frontière, à Vintimille et à Dolce Aqua où ils se sont installés, Manuela au sein de Caritas au contact de tous ceux qui errent désemparés dans la ville, notamment auprès des filles isolées.
Manuela va prendre un peu de recul après sept ans d’engagement quotidien. Honneur à elle!
Le groupe des jeunes de Progetto anime le point d’accueil et de rencontre à l’entrée de la ville. Cours de langues, conseils, assistance téléphonique…On est un élément de l’ensemble comme quelques dizaines de personnes et combien de groupes français et italiens.
Nous avons livré hier du matériel, des vêtements, des produits sanitaires à KNK et Caritas.
L’aide des donateurs du Pays de Fayence est précieuse! Merci à eux!
Michel :
À notre arrivée, le parking est vide. Le bitume est si chaud… Nous nous installons à l’ombre du pont qui longe la Roya. Au bout de quelques minutes, nous devenons imperméables au roulement des voitures au-dessus de nous, le quotidien de certains de ceux qui vivent là, dans la précarité la plus complète. Nous sommes presque une douzaine à nous activer. L’installation se fait avec légèreté, sans avoir à nous préoccuper du soleil, de la nuit ou de la pluie. On lève le regard et déjà, des dizaines de visages attentifs forment une file disciplinée le long de la rubalise. Chacun à notre place, la distribution peut commencer. Nourriture, hygiène, vêtements, recharge des téléphones, petite antenne médicale que tient Claude… On essaie de couvrir quelques besoins essentiels d’existences ballottées, négligées, niées, que nous croisons un soir d’été près d’une frontière qui les repousse et que nous franchissons, nous, sans aucun contrôle. Absurde. Et intolérable.
Aucun reproche de leur part de l’injustice de la situation, pas de regards d’envie, mais de la reconnaissance au plein sens du terme à travers un sourire, un mot maladroit, un geste d’entraide dans un échange forcément déséquilibré que nous aimerions, eux comme nous, si différent…
Il y a juste ce qu’il faut de nourriture pour la centaine d’entre eux qui ont honoré le rendez-vous. Des membres de Caritas, de KNK sont là. Nous échangeons avec eux sur leurs difficultés, leur courage, leur lassitude. Nos approches sont différentes, notre solidarité est essentielle. Aucune institution n’est présente sur les lieux, même pas la police (juste au début pour noter les numéros de plaques de nos véhicules). Nous avons su nous en passer… De retour, nous pensons à tous ceux qui, présents et absents, ont su rendre notre modeste action possible. Ils sont dans notre cœur.
Véronique M.:
Avec trois véhicules à nouveau bien chargés, grâce à votre soutien, (cette fois ci une livraison importante à l’association KNK et de chaussures à la Caritas), nous voilà partis une nouvelle fois à la rencontre des réfugiés à Vintimille, dormant sous les ponts ou les abris bus. Quelques réfugiés jouaient au foot sur le parking lors de notre arrivée et environ 110 migrants nous ont rejoints progressivement et se sont au fur et à mesure regroupés en file indienne à notre arrivée, pressés de pouvoir manger. Toujours impressionnants par leur dignité, leur calme. Ils viennent de Somalie, du Soudan, d’Érythrée, de Tunisie, d’Albanie, du Tchad, d’Irak…
La soirée fut très intense. Les migrants ont mangé avec plaisir (nous sommes toujours surpris de la quantité d’harissa ajoutée pour certains) un taboulé préparé par Christine, et son équipe de cinq cuisiniers, taboulé complété sur place par un œuf dur; ils ont reçu chacun un sac de victuailles non périssables pour le lendemain. Ils ont pu boire (de l’eau, du thé ou du café), se ravitailler en produits d’hygiène de base, en t-shirts et shorts (il y en avait beaucoup mais pas pour tous malheureusement) et quelques sous-vêtements. Nous étions désolés de ne pouvoir répondre à leurs besoins de chaussures (à part quelques exceptions, on les procure à Caritas pour une distribution plus aisé). Ils ont pu aussi recharger les batteries et les téléphones, sous la bienveillante coordination de Gérard T qui fut soulagé en fin de soirée d’avoir restitué chaque téléphone au bon propriétaire.
C’était la première maraude pour Maya, infirmière qui, après avoir distribué les sacs, a assisté Claude notre médecin, quia soigné toute la soirée les blessures, les furoncles et autres bobos plus ou moins graves. Certains jeunes auraient besoin d’un suivi médical, notamment l’un d’entre eux très malade, que nous n’avons pas réussi à convaincre de partir à l’hôpital.
Maraude (supplémentaire) du dimanche 17 juillet 2022
Quelques informations avant de vous parler de la prochaine maraude :
– le 17 juillet, Françoise et trois autres personnes ont effectué une maraude « allégée » supplémentaire, sans collecte (les différentes autres équipes sont moins nombreuses en été pour assurer le repas du soir des « voyageurs », à Vintimille.)
– on a à déplorer un accident mortel : dans la nuit du 17 au 18, deux migrants, un homme et une femme, qui tentaient de passer la frontière en suivant l’autoroute à pied, ont été fauchés par une voiture. L’homme est décédé ; la femme est dans un état très grave.
– Migrants Var Est, association d’aides aux migrants à Draguignan, recherche d’urgence des logements – au moins pour l’été -, pour des familles déboutées du droit d’asile. Contact : 06 46 00 07 55
– un conseil de lecture par une de nos adhérentes :
Un livre d’une rare puissance : « La Passeur » de Stéphanie Coste, qui fait partie de la sélection Prix du Livre du Var de cette année.
Ce livre conte la destinée de Seyoum, un passeur érythréen sur la côte libyenne, un être dévoyé, cupide, rongé par la drogue, et qui un jour croise un homme originaire du même pays que lui. Et le passé revient alors vers lui tel un boomerang.
Compte rendu de la MARAUDE du 17 juillet :
L’été il faut souvent compléter le manque de bénévoles qui s’efforcent de se relayer toute l’année de leur présence sur le parking de Vintimille. Une petite maraude supplémentaire à 4 maraudeurs a donc été organisé le dimanche 17 juillet et une autre en dehors des dates mensuelles est prévu le 23 août. Toutes deux sans collectes. Ce dimanche-là à notre arrivée, une équipe de jeunes gens venus des Etats-Unis, Canada et Afrique du Sud ( apparemment d’une congrégation religieuse et sportive ! ) jouaient au volley-ball avec certains réfugiés. Ils s’en donnaient à cœur joie, non loin, d’autres ballons de foot circulent sur des terrains imaginaires ! Presque tous ont pu se régaler avec (une fois n’est pas coutume) 90 sandwiches au thon, salade, tomates que nous avions achetés avec vos dons ! accompagnés par environ 300 l d’eau et des oranges, et notre « centrale téléphonique » pour la recharge des portables ! Certains joueurs étaient tellement pris par le plaisir de jouer, qu’ils sont venus trop tard à la distribution… Heureusement notre réserve stratégique (nourriture non périssable) a là encore pu montrer son utilité ! La trousse de secours est aussi venue à point…
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
6 août 2022 par Shara Quartermaine, Organisateur
Chers vous tous,
Notre ami et président François Piérard vient de nous quitter ce jeudi 4 août, après une longue maladie, qu’il a affronté avec tant de courage.
Nous tenons en ce jour à lui rendre hommage.
Tu es parti, ami François. On savait que tu allais nous quitter mais voilà l’évidence qui nous laisse seuls, et tristes et pauvres soudain.
On voudrait te dire simplement « Merci François. Au revoir, Bon Homme ».
Merci pour ton exemple, homme de parole, homme de confiance, homme droit, indigné par l’injustice, homme courageux, engagé jusqu’au bout malgré la souffrance et la fatigue pour aider les plus démunis, les parias de la terre.
Nous avons appris de ta patience, de ton écoute, de ton exigence.
Tu nous as tant donné par ta présence au cœur de notre groupe.
Tu étais celui qui rassemble, celui qui apaise. Tu as montré le cap.
Nous n’oublierons jamais ton sourire, ta parole franche, ton regard curieux, ton appétit de toujours apprendre des autres, de la vie.
Amis François et Véronique, vous faisiez parmi nous un duo formidable.
Nous savons, Véronique, combien tu as été courageuse et droite au long de cette épreuve terrible.
Chacun de nous est avec toi en ces jours douloureux.
Bernard, Claude, Félix, Françoise, Michel, Pierre-Marie, Shara, Véronique M
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Compte rendu de la maraude du 2 juillet 2022
Maraude du 2 juillet 2022
Avant de passer la parole à Françoise et ses maraudeuses, nous vous invitons à lire, en pièce jointe, un texte de Thierry Leclère (auteur du film « Prince, les chimères de l’exil »).
ð TEXTE A INSERER …
Compte rendu de Françoise :
Chers vous tous,
La première maraude de l’été a eu lieu ce samedi 2 juillet. Nous remercions toutes les personnes qui y ont participé d’une façon ou d’une autre !!!
Avant de vous laisser avec quelques perceptions de trois des neuf maraudeurs présents ce soir-là, nous vous rappelons que deux concerts caritatifs sont organisés au profit des Ukrainiens.
Il est toujours temps d’en parler autour de vous, de vous inscrire et de venir nous rejoindre à l’un ou à l’autre, pour vivre une belle soirée Jazz dans un cadre magnifique.
Ce double concert servira à financer, dans les prochains mois, des achats pour faciliter la vie des Ukrainiens dans le canton, mais aussi en Ukraine.
N’hésitez plus, réserver votre place et venez rencontrer des artistes formidables !!
Ci-joint les informations nécessaires pour le lundi 11 juillet au domaine du « Val d’Iris » à Seillans à 21 h et le mardi 12 juillet au domaine du Château Tournon à Montauroux à 19 h.
La parole à trois maraudeuses :
Christine :
Première maraude pour moi ce samedi 2 juillet ; nous partons à 4 véhicules bien chargés. Je remercie Gérard qui m’a gentiment fait une place dans son véhicule à la dernière minute.
Après une distribution qui se passe relativement dans le calme, les migrants organisent une partie de foot sur le parking et nous attendons que la charge des téléphones par Gérard (le pauvre !) soit terminée.
J’en profite pour faire un tour parmi les migrants assis qui regardent le match amical et fais ainsi la connaissance rapide mais toujours trop courte avec quelques-uns (l’orthographe des noms n’est que phonétique), malgré la barrière de la langue et arrive à mieux communiquer avec ceux ayant quelques notions d’anglais ou de français :
– ALAAM, du Soudan, jeune de 23 ans, qui s’est retrouvé en prison pendant 4 mois en Lybie, lors de sa traversée.
– JOANA, d’Erythrée, magnifique jeune fille de 17 ans, avec un sourire ultra bright, unique fille de cette maraude, parmi plus d’une centaine de garçon ! … partie de son pays à l’âge de 11ans, passée par l’Egypte, le Soudan, la Libye , etc…; je m’inquiète de son sort parmi tous ces jeunes hommes …
– MAHARI, d’Erythrée ou du Soudan, je ne sais plus, à qui je demande de me montrer l’endroit où ils vivent. J’enjambe le parapet et la suis sous le pont assez large, très long et longé sur un côté par une rivière cachée ( La Roya) derrière une barrière de bambous.
Et là, le choc ! Je vois un tapis de vêtements abandonnés qui jonche le sol. Evidemment n’ayant rien pour laver les affaires données par les associations, quand elles sont sales, les migrants les jettent. Peut-être faudrait-il voir à mettre une grosse caisse à disposition afin qu’ils puissent les y déposer et être récupérés, soit pour les laver, soit pour les jeter dans des containers à cet effet. Parce qu’en plus, tout cela peut entrainer des maladies ou infections (exémas, gale, teigne, …), par manque d’hygiène générale.
Enfin, j’ai discuté avec Nicolas ROMERO, jeune étudiant américain-mexicain de l’Université de New-York qui était là pour un projet de documentaire sur les migrants qu’il mettra en ligne sur son site, mais dans peut-être plusieurs mois car, me dit-il, cela prend du temps pour faire le montage. Il avait demandé à l’association l’autorisation de filmer, ce qui lui a été accordé. Je vous mets ici son site, si vous souhaitez y faire un tour vers septembre et prendre connaissance du film qu’il aura mis en ligne : nicoromerofilms.com
A un moment, deux policiers en civil, qui n’en ont pas du tout l’allure (j’ai failli leur demander leur carte ! ), viennent contrôler nos pièces d’identités et repartent après l’avoir fait, sans problème.
Laurence :
Cette maraude , où il y avait beaucoup de réfugiés s’est déroulée dans le calme et une impression de tranquillité. Est-ce la chaleur qui n’incitait pas aux débordement ? Sans doute pas, car elle n’a pas empêché une partie de foot ! Personnellement, j’ai reçu beaucoup de sourires en distribuant des produits d’hygiène. Le dentifrice a manqué pour les derniers.
La chaleur favorise les abcès en tout genre et avec Claude nous avons « charcuté » un jeune dans l’espoir de le soulager d’un gros furoncle dans le dos. Le suivi aléatoire de cette intervention nous laisse dans le doute quant à son efficacité. Le sentiment d’apporter un peu d’humanité dans ces conditions de vie inimaginables nous est exprimé par l’envie de communiquer de ces jeunes, de parler, de se raconter … Merci pour eux de ce que l’association leur offre
Véronique M :
Les voitures à nouveau bien chargées, grâce à votre soutien, (mais sans couvertures cette fois compte tenu des grosses chaleurs), nous voilà partis une nouvelle fois à la rencontre des réfugiés vivant dans la rue à Vintimille, dormant sous les ponts ou les abris bus. Environ 130 migrants nous ont rejoints progressivement sur le parking et se sont au fur et à mesure regroupés en file indienne à notre arrivée, pressés de pouvoir manger. Toujours impressionnants par leur dignité, leur calme. Ils viennent du Sénégal, du Soudan, d’Érythrée, du Maroc, d’Albanie, du Tchad… A noter la présence d’une très jeune femme.
La soirée fut très intense et particulièrement détendue . Les migrants ont mangé avec plaisir (avec beaucoup d’harissa ajoutée pour certains) la salade composée (riz, poivrons, tomates, thon, œufs) préparée par Eric et son équipe de cuisiniers; ils ont reçu chacun un sac de victuailles non périssables pour le lendemain. Ils ont pu boire, se ravitailler en produits d’hygiène de base, en t-shirts (il n’y en avait pas pour tous malheureusement) et sous-vêtements. Nous étions désolés de ne pouvoir répondre du tout à leurs besoins de chaussures.
Ils ont pu aussi recharger les batteries et les téléphones, tout en donnant des sueurs froides à notre ami Gérard qui fut soulagé en fin de soirée d’avoir restitué chaque téléphone au bon propriétaire.
Après avoir mangé, une vingtaine de jeunes se sont mis à jouer au foot avec le ballon que nous avions apporté. Le jeune mexicain qui fait des travaux de recherche sur la problématique de l’eau, déjà parmi nous début juin, et qui ce soir-là filmait la distribution des repas, s’est joint à eux. Moments de partage virils, joyeux et précieux.
C’était la première maraude pour Christinequi n’a pas hésité, à accompagner un migrant sous le pont pour mieux comprendre leur environnement tellement précaire. Privés d’eau les jeunes gens n’ont d’autres solutions que de laisser derrière eux, sur place, les vêtements usagers, remplacés par des vêtements propres.
Claude, notre médecin, a soigné toute la soirée les blessures, les furoncles et autres bobos plus ou moins graves. Laurence, infirmière, s’est jointe à lui pour l’aider, une fois la distribution terminée. Certains jeunes auraient besoin d’un suivi médical.
Nous avons été impressionnés par X, un jeune tchadien qui parlait sept langues. Ce jeune intellectuel aux lunettes rondes, parlant notamment français et arabe, les deux langues officielles de son pays, et l’anglais, a pu faciliter les échanges avec les autres migrants. Il nous a dit son plaisir de voyager, de découvrir la culture des habitants des contrées traversées, de découvrir les traditions alimentaires. Il avait son cahier, ses crayons avec lui pour écrire. Félix, notre écrivain bénévole fayençois a longuement échangé avec lui et lui a offert Majid, héros de son magnifique roman plein de poésie.
Communication de Claude :
En maraudeur zélé, j’étale mes sentiments. Mais, bon sang, il y a quand même de quoi hurler et nous ne hurlons pas, ou pas assez.
Par la grâce de Vladimir Poutine, les « grands » s’assemblent beaucoup, ces temps-ci. Et l’on parle de géostratégie, de pétrole, de gaz et de blé. On converge plus qu’on ne diverge, c’est l’avantage d’avoir un ennemi commun, et peut-être d’autres à venir.
Mais, hormis les Ukrainiens (légitimement) accueillis par l’Europe, il est un sujet qui n’est pas traité, un sujet sur lequel on glisse, comme on glisse, dans le secret des familles, sur les cadavres relégués au placard.
De par le monde, nombre de populations cherchent un refuge contre la guerre, contre les dictatures, contre la faim, contre le climat déréglé par les occidentaux mais qui frappe d’abord chez eux.
Ceux-là n’ont pas de noms, ne font l’objet d’aucune conférence. Contrairement à ce que raconte l’extrême-droite, leur vague ne déferle pas et ils ne menacent de remplacer personne. Ils meurent en silence ou survivent dans les caniveaux de notre silence.
La Méditerranée est un cimetière, les îles grecques proches de la Turquie sont des geôles. Le nord de la Manche devient un guet-apens, comme notre parking à Vintimille. Là-dessus, motus !
Le traité de Dublin arrange tout le monde qui oblige les migrants à demander l’asile où ils atterrissent, essentiellement en Grèce et en Italie.
L’Occident proclame, à l’occasion du conflit en Ukraine, qu’il défend « ses valeurs ». En matière de réfugiés, « ses valeurs » sont aux abonnés absents.
En vain le HCR et les organisations humanitaires interpellent nos dirigeants.
Nous allons bientôt tous migrer vers les plages blondes, ce qui est bien, mais n’oublions pas tous ceux pour qui le sable est un linceul.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
4 juillet 2022par Shara Quartermaine, Organisateur
Our maraude on Saturday 2nd July was under a hot sun and when we arrived in Ventimiglia, the first thing we did was to hand out water bottles to the refugees waiting for us. It was not until after we had served 130 meals that the sun went down behind the centro storico of Ventimiglia and the temperature dropped by a few degrees. Which meant that a ragged bunch of Eritreans and Sudanese started to play football – mostly barefoot or in socks, with the odd one or two lucky enough to be sporting a pair of battered trainers! But the lack of footwear did nothing to diminish their enthusiasm for the game! Just before we left we handed out more water and new socks to the players and their supporters!Many of them were waiting for their phones to charge and needed as much charge as possible on their phones so that t he could then call home and reassure their families that they were ok. Many of them were familiar to us as we saw them a month ago when we last went down with food and clothing. It seems as if it is becoming increasingly difficult, dangerous and expensive to crois from one country to another (certainly for these young men). We talked to a lovely young man from Chad who left his home in 2008 to travel across Africa and around the Mediterranean, documenting his travels and the encounters that he has had en route. He was absolutely thrilled because Felix gave him one of his books – a treasure he said he would carry with him at all times. No two maraude are the same – but we always leave wishing we could do more and trying to content ourselves with the fact that at least we have done something!!! 129 young men and a solitary Eritrean woman were fed and given clean clothing and toiletries to at least make them feel a bit cleaner for 24 hours. Our next trip down to Ventimiglia is at the end of July and we are hoping that the numbers won’t increase dramatically!!



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Compte rendu de la maraude du 4 juin 2022
Maraude du 4 juin 2022
Compte rendu non disponible ( ou disparu suite à panne de messagerie ? )
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
5 juin 2022par Shara Quartermaine, Organisateur
9 of us travelled down to Ventimiglia yesterday afternoon. During the day a busy team of people had prepared food for an estimated 120/140 refugees and another team had sorted out clothing donations and prepared food bags to hand out. Some of the Ukrainian refugees came to give us a hand in Fayence in the morning – many hands make light work! When we arrived at Ventimiglia there was a long line of patient young refugees waiting for us – many had not eaten for 48 hours and they were desperate for food and water. We explained that we needed 15 minutes to set up the tables and get the food supplies unloaded and we would then start serving. They accepted that and waited patiently – no easy task when you are tired, footsore and hungry! Most seemed to be from Eritrea and Sudan – very thin and worn out, in broken sandals, often mismatching, or trainers held together with string. We had some trainers and flip flops to give them – it is unbelievably difficult to hand them out as at least 100 refugees wanted the 25 pairs of shoes that we had! We tried to give them to the most needy, but there are never enough and it is terrible having to send them away empty handed in broken sandals or flip flops. I have promised to go down next week with more shoes – some of our lovely members are keeping an eye out at the ‘vide grenier’ for shoes and we will see if we can get a good stock of shoes in to deliver to Ventimiglia next week! At least we managed to feed everyone and they had towels, t-shirts, socks and underwear to take away with them. The money we receive on GoFundMe allows us to buy socks, underwear, small backpacks, waterproof ponchos, bed rolls and, when we find them, discounted trainers and shoes. from all of us at Pays de Fayence Solidaire



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Compte rendu de la maraude du 7 mai 2022
Maraude du 7 mai 2022
Compte rendu de la journée du 7 mai pour les migrants à Vintimille
Une collecte n’est pas l’autre, les participants le savent, les équipes changent, de nouveaux s’intègrent régulièrement et joyeusement aux « anciens »,et vous, les donateurs de passage, qui êtes toujours aussi nombreux et aussi généreux à nous soutenir !
La préparation du repas se fait toujours avec autant de facilité apparente, là aussi dans une ambiance amicale et chaleureuse !
Merci à vous tous !
Les voiture bien chargées, grâce à votre soutien et à une montagne de couvertures (arrivées par la Croix Rouge de Fayence), nous voilà partis une nouvelle fois à la rencontre des réfugiés vivant dans la rue à Vintimille, dormant sous les ponts ou les abris bus.
Véronique Mauroy nous raconte son vécu ce soir-là, …
Partis sous une pluie battante de Tassy, nous sommes arrivés à Vintimille, répartis dans cinq véhicules, les coffres pleins sous un soleil timide.
Nous avons remis en arrivant vos ordinateurs et matériel informatique à deux jeunes gens de Progetto 20K, l’association italienne qui vient d’ouvrir un lieu d’accueil pour les réfugiés à 1 minute à pied du lieu de distribution.
Les policiers italiens nous ont emprunté dès notre arrivée, nos cartes d’identité, pour vérification puis se sont éclipsés une heure plus tard après nous les avoir rendues.
Les migrants sont arrivés progressivement sur le parking. Originaires d’Afghanistan, d’Albanie, du Mali, du Soudan, d’Egypte, du Maroc, d’Erythrée, ce sont en majorité de jeunes hommes. A noter la présence de deux hommes plus âgés d’une soixantaine d’années et d’une famille (Papa, Maman, et un jeune garçon de 13/14 ans). Et nous retrouvons Mohammed, facétieux, et tellement avide de communiquer, notamment avec son amie Shara ! Lui et un autre jeune homme que nous reconnaissons sont là, bloqués à Vintimille, depuis plusieurs mois, malheureusement.
Nous avons distribué 74 repas et distribué les sacs de nourriture habituels, couvertures et vêtements, boissons et produits d’hygiène. Les chaussures et sacs à dos n’étaient pas suffisants pour répondre aux besoins. Beaucoup de dignité, de maintien, de respect mutuel.
Tout s’est déroulé paisiblement. Nous nous apprêtions à aller jusque la gare pour distribuer les derniers repas chauds et les sacs de nourriture quand un groupe d’Albanais s’est proposé pour emmener la nourriture restante et la distribuer plus loin.
Nous avons donc repris la route vers Tassy où, accueillis par trois patous qui gardaient leur troupeau à proximité, nous avons déchargé les véhicules.
La prochaine maraude est programmée le 4 juin….
…. et quelques mots de Bernard, un autre maraudeur …
Ce lecteur, assis à même le sol et plongé dans un épais livre, nous attendait-il lorsque nous sommes arrivés sur le parking pour y installer le dispositif de distribution pour cette maraude ? Lui peut-être pas, mais la police sûrement, qui, aimablement, recueille nos pièces d’identité !
Au poste de rechargement des téléphones, chacun s’empresse de venir déposer son appareil, et malgré les neuf prises disponibles, il faut parfois attendre que l’une se libère. Ce qui arrive à K. qui, après trois tentatives, peut enfin me confier son téléphone, contre la remise d’une petite carte avec un bandeau de couleur qui permettra de l’identifier lorsqu’il viendra le reprendre. Et presqu’aussitôt, celui-ci se met à sonner : j’appelle K. qui, à moitié courbé dans le coffre de la voiture où les téléphones sont en charge, pourra quand même recevoir sa communication.
Tout cela laisse du temps, et nous voici engagés dans une longue conversation, en français, avec un jeune Egyptien qui après un séjour de 4 ans en région parisienne vient en Italie pour tenter d’y obtenir des papiers qui seraient, assure-t-il, plus faciles à obtenir ici. Qu’il est étrange de parler avec lui de la richesse de l’Afrique, qu’il estime pillée par la corruption de ses dirigeants qui étouffent dans les prisons ou dans le sang ceux qui auraient quelques velléités de changements. L’exil est alors la seule solution, explique-t-il dans un large sourire, répétant sans cesse : « le problème, c’est ça le problème ! ». Lorsque son téléphone est chargé, bien que partiellement, il me dit au revoir et s’éloigne tranquillement dans la nuit…..
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
8 mai 2022 par Shara Quartermaine, Organisateur
On Saturday evening 10 of us drove down to Ventimiglia with as many blankets and sleeping bags as we could fit in the cars, as well as hot food, food parcels, torches, ponchos, jackets and toiletries. We were met by a group of about 60 refugees from Eritrea, Sudan, Afghanistan, Mali, Morocco and Albania. Some had just arrived, others have been in Ventimiglia for a short while and the odd one or two are now regular attendees! Some are still full of hope regardless of the difficulties that they have encountered en route; others are weary and traumatized and seem to be on auto-pilot. As ever, they are on the whole, grateful for what we can offer them, and many just hang around to chat, asking if they can help, or helping the newcomers find what they want. Between us we all manage to make ourselves understood one way or another! And at the end of the distribution we leave them there in the car park, working out where they will sleep for the night. Thank you for continuing to support us – we are dividing our time between helping the Ukrainians in the Canton de Fayence, and making sure that we continue to provide essential food, clothing and first aid to the refugees stuck at Ventimiglia. We could not do it without your support and that of our many volunteers. merci merci



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Compte rendu de la maraude du 9 avril 2022
Maraude du 9 avril 2022
Compte rendu non disponible ( ou disparu suite à panne de messagerie ? )
Pour mémoire : samedi 19 mars 2022 : organisation de la première collecte de produits pour l’Ukraine
Pas de compte rendu de Shara sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
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Compte rendu de la maraude du 12 mars 2022
Maraude du 12 mars 2022
ð Compte rendu non disponible ( ou disparu suite à panne de messagerie ? )
Bernard
A peine arrivés sur le parking de Vintimille, un groupe d’une vingtaine de scouts italiens, d’obédiences diverses, âgés de 16 à 18 ans, nous y rejoint. Après une brève présentation par leur responsable, ils se joignent à nous pour préparer la mise en place de la distribution qu’ils vont ensuite prendre en charge, notre rôle aujourd’hui étant de les accompagner dans cette démarche.
Les migrants sont aujourd’hui peu nombreux, environ une cinquantaine. Avec la jeune scout italienne, âgée de 16 ans, qui est avec moi au poste de distribution des sachets alimentaires, et qui se montre très intéressée, nous pouvons échanger quelques mots avec un Erythréen, un Soudanais, un Algérien et un Libyen originaire du Tchad.
Comment ne pas remarquer ce migrant avec son bonnet de père Noël ? Et celui-ci, dont nous ne comprenons pas ce qu’il nous demande, avant qu’un autre migrant vienne l’aider à traduire et nous indique alors qu’il veut un cure-dents ? Avant de rajouter, dans un français remarquable, avec humour ou cynisme » il a mangé trop de viande, celui-là !à ! ».
Pas de file d’attente ce soir : les migrants viennent vers nous très progressivement. Il faut dire que plusieurs matchs de foot sont en cours, non seulement sur le parking de Vintimille, mais également sur les téléphones portables ! Ceux-ci pourront être ensuite rechargés, au poste dédié à cet effet, où une dizaine de téléphones peuvent être rechargés simultanément. Sur l’un d’entre eux, une musique sonne dans la nuit : est-ce un appel, ou un enregistrement dont l’arrêt a été oublié ? Non loin de là, un migrant se montre agressif, cherchant la bagarre, mais deux autres viennent l’éloigner de la scène pour y mettre un terme.
En fin de soirée, les scouts forment un cercle, pour un émouvant concert improvisé. C’est alors que nous apercevons une lumière qui s’éloigne vers le fond du parking, et il nous faut quelques instants pour réaliser que ce feu-follet n’est autre que l’un des lampadaires portables utilisé pour éclairer les stands qui, tel un fantôme ambulant, s’échappe dans la nuit. Une brève course poursuite, sous l’autoroute, nous permets d’entrevoir un autre monde : le leur, là où les migrants se terrent la nuit pour dormir. « Mais qu’est–ce qu’il va faire avec cela ? », s’exclame le migrant qui parle si bien français. Finalement, après une brève discussion et sous la pression pacifique de quelques migrants, l’auteur de cette chiperie accepte de restituer ce lampadaire fou !
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
13 mars 2022 par Shara Quartermaine, Organisateur
This Saturday, 12th March, our ‘maraude’ was slightly different – well actually so much is different this month as we deal with the war in Ukraine and the potential arrival of Ukrainian refugees in the south of France. But our priority this Saturday was the collection of food and warm clothing and bedding for the ‘other’ refugees, many of whom are also fleeing war, genocide, dictatorships and famine. The head of the college in Montauroux wanted his students to get involved and learn about the situation on the franco/italian border. A group of the young secondary school students prepared the meal for us to serve to 100 people in Ventimiglia. It was a great way for us to explain what we do down in Ventimiglia and talk about the refugees that we encounter whilst down there. The meal that they prepared – a spicy chili con carne – went down a treat! We are really grateful to the college of Montauroux for taking this initiative – and the refugees very much appreciated the food that was prepared for them. Once we got down to Ventimiglia we were joined by 18 Italian scouts from Lombardia who helped with the distribution of hot food, clothing (new socks, gloves, underwear, hats and scarves, dynamo powered torches and a selection of coats, duvets and sleeping bags!), first aid and good company – as there were so many of us, we were actually able to take the time to chat to many of the refugees present. They came from all over the world; Afghans, Bangladeshis, Pakistan, Chad, Mauritania, Mali, Somalia, Eritrea, Ethiopia – we communicated as best we can with a bit of English/French/Italian – the odd word in Arabic, and relied on those that spoke good English or French to help translate to those who only spoke Farsi, Pashto or Arabic. Félix, who was there to greet the refugees as they lined up for food, handed out flyers translated into various languages explaining the mortal danger of trying to cross the border by climbing onto the roof of the train – sadly several young refugees have died by being electrocuted as they have made yet another desperate attempt to cross the franco/italian border. It was a ‘peaceful’ maraude – everyone was well fed and most of them left with a warm blanket or sleeping bag to keep the chill out for the night. Thank you all so much for your continued support! Pays de Fayence Solidaire is working with the local mayors, associations and individuals to coordinate aid, lodging, psychological help and support for Ukrainian refugees that have started to arrive in the canton de Fayence. Parallel to this we will still be collecting food and clothing for the refugees who, through no fault of their own, do not have free passage or access to the same services. Our work is going to be cut out for us over the months to come! THANK YOU on behalf of Pays de Fayence Solidaire and all those that we can help with your help…/…


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Compte rendu de la maraude du 12 février 2022
Maraude du 12 février 2022
Une fois de plus, votre participation a été déterminante pour que cette maraude du 12 février soit réussie. Que vous ayez fait des courses et cuisiné, préparé du café et du thé, rassemblé et donné des vêtements, chaussures, couvertures, etc ; que vous ayez fait des courses pour fournir aux migrants la nourriture et les produits d’hygiène qui leur sont nécessaires ; que vous soyez venus apporter vos dons au Mille Club ; que vous soyez venus aider aux collectes ; que vous nous ayez aidés financièrement ; que vous soyez venus à Vintimille pour assurer la distribution , vous êtes tous participants d’une belle synergie, bien réconfortante par les temps qui courent !Nous vous livrons deux témoignages de maraudeurs, et un petit texte sur le parcours de ce jeune migrant afghan tué par un train au début du mois. Il permet de comprendre quelles peuvent être les motivations des jeunes que nous rencontrons.
Un poème de Michel :
Poème sans poésie
Comme un air de Noël, dans le froid, sans la bise.
Des regards attendris, des yeux étincelants.
On y était pudique. C’est l’attente qu’on y brise.
On signait de la tête pour se dire content.
Apparente misère riche de tant cœurs d’or,
Quatre vingts bouches cachées chuchotent en attendant
De recevoir enfin, en guise de réconfort,
De quoi se réchauffer, au dehors, au dedans.
C’est alors qu’ils se fondent en une neige sombre,
En des flocons épars, les sans nom, les sans ombre,
Aventuriers du siècle vers un nouveau départ.
Ils sourient, ils dévorent, c’est l’heure de la pause.
Les langues se répondent, Babel qui se compose
D’êtres de chair, d’esprit, droits et pleins d’espoir.
… et en guise de coda :
« Le chant des cieux, la marche des peuples. Esclaves, ne maudissons pas la vie. »
Arthur Rimbaud
Le témoignage de Bernard (qui distribuait les sacs de nourriture):
Les migrants qui portent un chapeau ne sont pas nombreux, aussi ai-je tout de suite repéré T. qui, alors que nous venons à peine d’arriver sur le parking, vient immédiatement nous aider à déployer les banderoles de sécurité. Il aperçoit dans le coffre de l’une des voitures un chapeau pointu qu’il s’empresse de mettre, puis, en rigolant, se dirige vers l’accueil où il se place le premier dans la file de distribution.
Celle-ci se met en place calmement, presque doucement, car les migrants aujourd’hui ne sont pas nombreux. Ils arrivent progressivement, seuls, ou par petits groupes, attendant patiemment que tout soit mis en place.
A la distribution des sacs, on se heurte toujours à l’obstacle de la langue, mais pas à celui des regards, et le blanc des yeux dans la nuit qui tombe semble être une lueur vacillante. J’échange quelques mots avec M., parti du Mali depuis plusieurs années, avec I. qui a quitté l’Algérie voici depuis deux ans et avec G. exilé du Maroc depuis 10 ans.
Par moments, cela bouchonne, car autant les migrants défilent le plus souvent en silence devant la table où les repas chauds sont servis, autant ils s’animent devant les stands de distribution des produits d’hygiène, de vêtements, de chaussures, de sacs, de couettes et de couvertures … Pour un peu, on y retrouverait l’ambiance d’un petit marché, car chacun peut y être actif, demander ce qu’il recherche et voir quels sont les articles disponibles.
Alors que la soirée s’achève, j’aperçois R. qui se débat avec une couverture, car il est déjà encombré avec des sacs et ne parvient pas à la mettre sur son dos. Je m’avance vers lui et lui enroule la couverture comme une écharpe autour de son cou. Surpris, il me regarde avec étonnement, puis me fait un large sourire. Nous nous donnons l’accolade dans un élan de fraternité.
Sur le départ, nous retrouvons un matelas bleu destiné à une autre association, emprunté par quelques migrants qui se préparent à l’utiliser pour installer leur campement de fortune pour la nuit.
Tout semble alors presque calme. Mais il n’y a pas, il n’y aura jamais, de maraude tranquille…
Le parcours d’Ullah :
Il avait fui Kaboul en juin, avant le retour des talibans. Son corps a été retrouvé le long de la voie ferrée. Il avait encore son sac à dos.
Quinze ans et une vie devant lui. Une vie qui s’est terminée dans le Val di Susa, le long des voies ferrées de Salbertrand. C’est ainsi que s’achève l’histoire d’Ullah, dans un long voyage depuis l’Afghanistan, son pays, jusqu’en France et à Paris, où le garçon voulait rejoindre des proches.
Son corps sans vie a été retrouvé sur les voies par du personnel affecté à des travaux d’entretien de la voie ferrée. Dans son sac à dos se trouvaient une batterie externe, un bonnet en laine et un sweat-shirt. Dans la poche de son pantalon, un mot : « Demandez-les », avec des noms et des numéros de téléphone afghans.
-« J’arrive à Paris, je trouve un travail et j’aide ma famille. Je suis ici pour cela », a-t-il dit à ceux qui l’avaient hébergé au Bosco di Museis à Cercivento, dans la province d’Udine. « Ils m’ont envoyé en Europe parce que je parle un peu anglais. »
« Nous avons essayé par tous les moyens de l’en dissuader, en lui faisant comprendre qu’il ferait mieux de rester ici. Nous lui avons expliqué que les chemins du Val de Suse sont inaccessibles et dangereux, surtout ces derniers mois, mais il n’a pas voulu entendre de raisons. C’était un jeune garçon, pourtant il sentait qu’il avait l’avenir de toute sa famille entre ses mains », raconte Renato Garibaldi, responsable de la communauté Bosco di Museis.
Il faut verser 6000 dollars à un passeur pour voyager sur près de six mille kilomètres entre l’Asie et l’Europe, via l’Afghanistan, le Pakistan, l’Iran, la Turquie, la Bulgarie, la Serbie, la Croatie, la Slovénie et l’Italie.
Ullah ne reste au Bosco di Museis qu’une semaine, puis il repart à pied le long des voies ferrées, car – sans papiers et sans pass sanitaire – le train lui est interdit.
La police judiciaire de Turin l’a identifié grâce à ses empreintes digitales.
Sa famille aimerait « venir en Italie pour le saluer une dernière fois ».
Restons humains et solidaires
Pas de compte rendu de Shara sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
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Compte rendu de la maraude du 15 janvier 2022
Maraude du 15 janvier 2022
La semaine passée, nous apprenions avec grande tristesse la disparition soudaine du Dr Maarten Dormaar.
Maarten, qui nous avait rejoint depuis quelques années, était un membre actif pour la partie médicale de nos actions à Vintimille.
Son grand engagement face à la détresse humaine s’était probablement décuplé sur île de Nauru, dans le Pacifique, en 2002. Il y avait découvert un enfer pour les migrants qui y sont enfermés de longues années, dans des conditions terribles, par l’Etat australien. Travailleur humanitaire en tant que psychiatre, il avait dénoncé avec force les conditions inhumaines de leur détention, notamment pour les enfants.
Ici à Vintimille il comprenait parfaitement la souffrance des réfugiés, et les conséquences catastrophiques sur leur santé mentale et
particulièrement celles engendrées par la privation de ressources aussi simples qu’un point d’eau, des douches, des toilettes… Il voulait agir en conséquence, prêt à aller en justice s’il le fallait avec l’aide de juristes italiens. Mais la situation actuelle en Italie et le climat permanent de « grands cafouillages européens » au niveau de l’accueil des réfugiés n’a pas permis un tel projet.
A côté de cela, il apportait chaque mois des médicaments, produits d’hygiène et de soins à la Caritas à Vintimille, collectés auprès des plusieurs pharmacies du canton.
Nous le remercions pour son fidèle engagement, et nous adressons nos plus sincères condoléances à Marianne son épouse, qui depuis plus de 30 ans œuvrait à ses côtés. Marianne qui dans sa grande gentillesse a proposé à leurs familles et amis, et à tous ceux qui le veulent, de faire un don à Pays de Fayence Solidaire en mémoire de Maarten.
Qu’elle en soit infiniment remercié. Dag Maarten !
A propos de Vintimille, nous pouvons vous annoncer que durant l’année qui vient de s’écouler 46 890 repas ont été servis, pour une moyenne journalière de 128 .
Les 23 associations, dont Pays de Fayence Solidaire, ont été présentes 7 jours sur 7 sur place et cela malgré la pandémie.
Nous remercions bien sûr chacun d’entre vous de nous avoir aidé pour réaliser cela !! Aujourd’hui plus particulièrement un chaleureux merci à Florence et Moktar pour le café préparé avec soin durant presque deux ans !! Cela représente beaucoup de tasses de café !! Ils passent maintenant la main à quelqu’un d’autre : si vous vous sentez de reprendre cette tâche, merci de vous signaler auprès de nous.
Samedi vous étiez peut-être parmi les donateurs ou la trentaines de bénévoles à vous être déplacés, bravant le si petit – mais envahissant- omicron ; le beau temps a permis de faire la collecte de nourriture en plein air, devant le Mille Club. MERCI à tous !! Grace à vos dons (aussi financiers) nous avons pu nourrir environ 100 personnes , et les laisser choisir dans une multitude de choses utiles à soulager leurs journées et leurs nuits bien difficiles en cet hiver 2022. Les livres en anglais ou français, les cahiers et les stylos à bille ont eu, entre autres, beaucoup de succès.
Voici la parole de Félix, notre maraudeur-écrivain :
Nous avons parlé un peu avec chacun , Hugh et moi, à l’accueil. Question rituelle » de quel pays viens-tu? » pour entamer un échange souvent très bref à cause du handicap de la langue. Quelques mots suffisent à allumer les regards, on devine le sourire derrière ces foutus masques.
Beaucoup de Soudanais ce soir, Somaliens, Erythréens, un couple éthiopien, des Africains de divers pays d’Afrique occidentale, Cameroun, Mali entre autres, et quelques-uns du Maghreb, Maroc, Tunisie. Très peu de Pakistanais ou Afghans. Une centaine en tout.
Autant de routes incroyables de la misère ou de la guerre jusqu’à une paix espérée. Combien de rêves réalisés, combien de déçus au bout du chemin? Quelle foi, quelle patience folle pour alimenter l’espérance? Celui-là a quitté son pays il y a sept ans. Après la Lybie, l’Italie, la Suisse, l’Allemagne, la France, retour en Italie où il veut se fixer, il lui faut un travail, il est électricien.
Ces deux-là sont Maliens, ils se suivent, ne se lâchent pas, ils sont amis, comme frères. Leurs yeux brillent de leur amitié.
Une fille dans la file des hommes. Elle est éthiopienne, elle n’ose pas parler, un homme la suit de près, un mari, un proche? Elle semble si menue, si fragile.
Une impression de calme, ce soir. Souvent, un mot simple de gratitude à notre égard, un sourire, de la courtoisie aussi entre tous dans l’attente…Ils vivent pourtant l’enfer.
Vous trouverez aussi le compte rendu de Shara sur le site:
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
16 janvier 2022par Shara Quartermaine, Organisateur
A few photos taken last night during the Pays de FAYENCE Solidaire food distribution at Ventimiglia – everything was gone in a flash! Hot food was served to about 100 refugees + tea and coffee and food bags to take away for breakfast this morning. We also had plenty of coats, blankets and sleeping bags to hand out – which disappeared in minutes – as did the scarves, hats, gloves and warm socks that we had bought for them. A young Ethiopian took the time to come over and thank us, not only for the hot food and warm clothing, but simply for treating him with kindness and humanity – things that we take for granted but sadly the refugees rarely witness. Andrew was responsible for charging up as many phones as he could during the 2 hours that we were there – their phones are their lifelines and the only way that they can reassure their families that they are still alive. It makes the world of difference to them if our associations can offer them charging facilities in the evenings! Thank you so much for supporting us and following what we do at Ventimiglia. Best wishes for 2022 from all of us at Pays de Fayence Solidaire



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