





Comptes rendus des maraudes de 2023
- Maraude du 16 décembre 2023
- Maraude du 18 novembre 2023
- Maraude du 21 octobre 2023
- Maraude du 23 septembre 2023
- Maraude du 26 août 2023
- Maraude du 29 juillet 2023
- Maraude du 1° juillet 2023
- Maraude du 3 juin 2023
- Maraude du 6 mai 2023
- Maraude du 8 avril 2023
- Maraude du 11 mars 2023
- Maraude du 11 février 2023
- Maraude du 14 janvier 2023
Compte rendu de la maraude du 16 décembre 2023
Maraude du 16 décembre 2023
…/…Alors que l’année 2023 touche à sa fin, nous tenons, toute l’équipe de Pays de Fayence Solidaire, à vous remercier pour l’incroyable chemin que nous avons parcouru ensemble. Cette chaîne de solidarité qui existe chez notre association depuis des années ne se tarie pas. Chaque mois avec votre bonne humeur vous arrivez jusqu’au Mille Club, les bras chargés de denrées ou de vêtements, mais aussi vous, les donateurs qui nous font des dons financiers tellement utiles, vous, le Foyer Rural qui nous héberge, vous, les associations ou groupements qui collectent pour nous, vous, les bénévoles qui nous offrent une heure, deux heures, des dizaines d’heures par mois de votre temps…
M E R C I A V O U S !!!
En plus comme disait Véronique très justement, la misère des migrants nous offre, à nous bénévoles, l’occasion de moments de grâce et d’amitié. Puisse cela rejaillir sur eux ! Comme cet instant magique à la fin de notre déchargement de maraude ce samedi soir à Tassy, quand Renat Sette nous a chanté a capella un chant de Noël en provençal, et qui sans doute a été emporté par le vent, chargé de notre émotion, vers les résidents de l’EHPAD tout proche !
Une maraude calme en ce 16 décembre 2023. « Seulement » 70 personnes environ, dont une jeune femme. Les 110 portions de repas préparé au matin par Hélène, avec la complicité d’Eric et toute leur équipe, ont été distribués dans le calme. Plus de la moitié des 120 sacs de nourriture ont été également distribués, et le surplus est parti vers l’association italienne Progetto (que nous aidons par ailleurs avec d’autres dons). Nous leur avons apporté des bâches, mais aussi des gels douche et shampoings en grand volume, ayant appris qu’ils avaient mis sur pied un système de douche solaire pour les réfugiés, près du pont de la Roya !!! Qu’ils en soient vivement remerciés aussi…
Parmi les besoins des réfugiés que nous avons pu combler un minimum ce samedi soir, notre infirmière Christine a pu délivrer de 6 points de sutures un jeune homme, qui les gardait depuis 1 mois… et qui s’étaient en partie infectés. De grandes embrassades fraternelles ont suivi, tant il était soulagé !
Voici les témoignages de quelques maraudeurs …
Ariane et Jean-François :
Notre dernière maraude de l’année ! Merci, grâce à vous tous nous sommes toujours là pour aider les migrants de Vintimille. C’est tellement important ! Durant cette année 2023, il y a eu des soirées très intenses avec de nombreuses personnes dans le besoin, mais aussi des soirées plus calmes comme celle de ce samedi. Souhaitons qu’ils soient toujours moins nombreux à l’avenir…
À notre arrivée, quelques personnes nous ont vite rejoints et aidés à monter nos installations. Ils sont heureux de nous voir!
La distribution s’est déroulée dans le calme, ils se réchauffent les mains en tenant leur plat chaud et choisissant quelques vêtements dans la file. Le stand téléphone a eu un petit succès cette fois-ci, proportionnellement au nombre. Le thé et le café sont les bienvenus pour terminer ce repas et prendre un peu de chaleur avant de commencer la nuit dehors. Le froid devient de plus en plus glacial au fur et à mesure que les heures passent. Heureusement notre infirmière est là pour soulager quelques bobos, maux de tête,…
Bernard :
Ils étaient 3 par 3 ce soir ; est-ce un signe de la Trinité à l’approche de Noël ?
Alors que nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de Vintimille, nous apercevons dans un tunnel mal éclairé trois ombres de migrants qui se faufilent rapidement le long de la route de tous les dangers. Sont-ils parvenus à passer la frontière et poursuivre leur improbable destinée vers la France, où auront-ils été repérés puis refoulés ?
Ils sont encore trois, dont peut-être une femme, à tenter d’engager la conversation dans la file devant le poste de rechargement des téléphones. Ils viennent d’Erythrée, seul(e) l’un(e) d’entre eux parle quelques mots d’anglais. Ils me demandent d’où je viens, si je peux emmener l’un d’entre eux, combien on parle de langues en France. Ils me montrent le ciel, y cherchent des étoiles, puis la lune. Est-ce un message codé ? Je ne le saurai jamais ; la conversation s’arrête là, car la file avance, et il ne faut pas y perdre sa place.
Et encore trois en fin de soirée, dont l’un souhaite faire remplacer son câble de téléphone qui est cassé. Je lui donne le « 52 » (tous nos chargeurs ayant un numéro d’identification pour faciliter les opérations de rechargement des téléphones) ; il est tellement content, que son sourire restera longtemps gravé dans ma mémoire et associé à ce numéro lors des prochaines maraudes.
Mais il était seul, Jawad, lorsqu’il vient me demander si je peux lui fournir un téléphone ou une carte SIM, ce dont je ne dispose pas, ce qu’il comprend très bien. Alors que je lui montre sa cigarette, m’apprêtant à lui dire que cela est sans doute mauvais pour sa santé, il me devance en disant : « C’est cela la misère ; j’arrêterai, lorsque je pourrai travailler pour vivre », avant de s’en retourner vers l’obscurité du pont qui jouxte le parking.
Véronique :
Le parking où se passe la distribution était propre. Les associations qui s’y relaient tous les soirs y veillent. Mais lorsque l’on jette un coup d’oeil derrière le muret qui donne sous la voie rapide, là où dorment les migrants, c’est l’horreur ! Ce ne sont qu’immondices entassées : quelle indignité que de laisser dormir des êtres humains sur ces décharges nauséabondes. Parfois, des bénévoles se retroussent les manches et nettoient. Une fois même (en 6 ans !) la municipalité de Vintimille l’a fait faire, à coups de pelleteuses. Il faudrait sans doute envisager de le faire plus souvent, une fois par mois, peut-être ?
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
18 décembre 2023par Shara Quartermaine, Organisateur
A little addendum! As many of you already know all the donations that we receive are used 100% to buy things like gloves, sleeping bags, warm hats, new underwear and toiletries for the refugees at Ventimiglia. The members of Pays de Fayence Solidaire are all volunteers and do not receive a salary. Our aim is to provide food and clothing for the refugees that find themselves at the Franco-Italian border and to offer support to the other associations based in Ventimiglia.
17 décembre 2023par Shara Quartermaine, Organisateur
Our last « maraude » of the year and a quiet one. There were about 70 refugees who came from Afghanistan, Eritrea, Sudan, West and North Africa. We placed rugs and cushions on the ground to provide « seating areas » and had plenty of food, candles, toiletries, gloves, socks and emergency blankets to hand out – all accepted gratefully and they flashed big smiles at us as they headed off with their hands full. Sometimes they ask quietly if they can have 2 pairs of socks or an extra tube of toothpaste – when we explain that we just have to see how many people will turn up and cannot give them any extras, they accept the news graciously and then try their luck later We now have a nurse who comes down to Ventimiglia with us and she has her work cut out for her – it is not always that easy for them to get access to any sort of medical assistance.
When we left to head back to Fayence, the car park was quiet, all the cushions and rugs had been rolled up and taken away to provide bedding for the night. This year we have been down to Ventimiglia 15 times and have also provided clothing for Caritas and a few other associations operating on the border. Together with the other volunteers and organisations, we have ensured that there has been at least one meal a day provided for the refugees in Ventimiglia. Our ability to do that is entirely due to your generosity and support. Thank you so much – very best wishes from everyone at Pays de Fayence Solidaire.



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Compte rendu de la maraude du 18 novembre 2023
Maraude du 18 novembre 2023
Merci pour vos dons en nature ou espèces qui nous ont permis d’assurer cette nouvelle maraude du 18 novembre. Nous avons distribué 136 repas chauds à base de pâtes-lentilles-légumes-merguez, un sac de victuailles pour le lendemain, une couverture à chacun, ainsi que quelques vêtements, et des produits d’hygiène. La soirée s’est passée dans une grande sérénité. A noter que 6 ou 7 policiers étaient postés à distance, donc une présence plus importante qu’habituellement, sans doute due au déplacement à Vintimille d’un ministre ce jour là.
Françoise :
Nombreux d’entre eux se sont installés au centre du parking, sur les coussins et nattes déposés au sol, pour manger le repas préparé avec amour, boire le thé à la menthe ou le café et discuter…comme une envie d’être ensemble, comme en été, mais ici dans le noir et le froid.
Nous sommes repartis avec le plein de leurs jeunes sourires et de sincères remerciements adressés à tous ceux qui ont participé de près ou de loin à cette distribution.
Avec un unique magnifique sourire d’une jeune Ethiopienne arrivée depuis peu à Vintimille, répondant positivement à la proposition d’aller dormir une ou deux nuits à l’abri, mais refusant finalement, évoquant son compagnon qui était de « voyage » aussi .. et préférant rester dormir sous le pont avec lui. Le « thank you Mama », dit en repartant dans la nuit et avec le sourire fendait le cœur…
Esperons qu’ils auront un peu moins froid cette nuit, et pas de faim au ventre … quelques moments de répit dans leur si long et difficile parcourt vers une vie meilleure…
Bernard :
Cela faisait longtemps que nous n’avions pas installé le dispositif de distribution de la maraude en pleine nuit, et cela lui a donné dès le départ une ambiance particulière. Les migrants se faufilèrent tranquillement, à la lueur de nos projecteurs, telle des ombres, vers la distribution.
Celle des couvertures est particulière, car s’il faut tisser un long fil de laine pour obtenir une couverture, il faut de même une longue chaîne de petits gestes, des donateurs et des bénévoles, pendant plusieurs mois, pour les recueillir, les trier, les stocker, les acheminer et enfin pouvoir les distribuer en quantités suffisantes aux migrants.
Ceux-ci s’agglutinent devant le coffre de la voiture contenant plus d’une centaine de couettes, de duvets, de coussins et de couvertures. Il faut parfois faire preuve d’autorité pour ne pas se laisser déborder, mais surtout de douceur pour pouvoir rassurer chacun qu’il pourra avoir quelque chose, qu’il y en a assez pour tous, et faire accepter que la distribution se fasse l’un après l’autre. On obtient ainsi progressivement un calme relatif qui va permettre d’échanger quelques mots avec chaque migrant et lui permettre ainsi de prendre son temps pour choisir l’article qu’il souhaite.
Pouvoir choisir ! Le choix, le choix entre une couverture ou une couette , ou encore un duvet : lorsque celui-ci est possible, les visages s’éclairent ; parfois un sourire, parfois une lumière dans les yeux.
Le choix. Quel choix ? Pendant quelques brefs instants de vie, celui-ci ne se limite plus au choix de vivre ou de mourir, mais à celui de comment survivre.
En disposant la couverture sur son dos, à sa demande car ses deux mains sont déjà encombrées par les sacs de denrées qu’il emporte, j’ai la furtive sensation de lui remettre cette couverture comme s’il s’agissait de la clé de sa maison.
Les coussins ont moins de succès, même si certains les réclament. Un migrant m’explique qu’il n’a pas besoin d’un tel confort puisqu’il dort à même le sol. Et la couleur ! Le rose n’est pas toujours le bienvenu. Mais il a quand même été pris ce petit coussin rose !
Puis ils s’en vont dans la nuit, dans le froid, épuisés mais contents. Avec désormais une couverture pour seule maison.
Hors texte : content de revoir, en fin de soirée,Jawad . Je ne l’avais pas revu depuis longtemps ( depuis la maraude du 8 avril 2023 ) et on a discuté un peu, comme de vieilles connaissances, de son périple …. Et de tout le bien dont il a le souvenir du Kosovo et des Kosovars !
Laurence, notre infirmière dévouée:
Il n’y a pas eu de soins cette fois ci : les chaussures et les chaussettes protègent les pieds. Mais en cette saison, des refroidissements, et aussi la gale pour lesquels nous sommes démunis.
Martine:
Toujours émue par le paradoxe de côtoyer la plus grande des détresses – loin de chez soi, des siens, de sa langue – le dénuement total et l’endurance poussée au bout du bout – et la chaleur humaine qui s’échange entre eux et nous. Ils étaient encore très nombreux. Beaucoup ont mangé sur place et quand nous sommes partis, le parking était nickel… Ils ont donc tous veillé à ne pas laisser de déchets sur place.
Et de ma place à la distribution du café, j’ai pu voir leurs visages vraiment, vraiment ravis d’avoir reçu des couvertures !!!
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
19 novembre 2023par Shara Quartermaine, Organisateur
It was our turn to prepare food for the refugees at Ventimiglia yesterday and we drove down in several vehicles, absolutely packed full of food, water, tea, coffee, toiletries, new socks, gloves and hats – and probably most importantly- blankets! We had been told by Friday’s group that the numbers had been stable at about 90-110 refugees for the last few days. This was great news as we had just over 100 blankets, duvets and sleeping bags that we could hand out It was already dark and quite cold when we arrived at the luxurious car park, opposite the cemetery, by the river! Small groups of people began to arrive shortly after. We decided that it was best to hand out the blankets early as many of them leave once they have received their food and little bag of toiletries etc. It was a little chaotic to begin with – there is always the fear (justifiable) that there won’t be enough to go round. So some queued for food and others queued for blankets and then, clutching their big bags, headed off to get into the food queue. Luckily we had enough – food wise and blanket wise – for everyone, and it was a delight to see so many smiling faces heading off into the night. Hopefully they will have had a better night last night – well fed and a “little” warmer than on previous nights!!
We have a small request – we would love to be able to hand out warm gloves when we go back down to Ventimiglia just before Christmas – we can buy them for about €2.00 a pair at the moment – so a donation of 20€ would buy 10 pairs of gloves and make them very happy indeed. Yesterday I had to hand out extra socks for them to put on their hands at night
Thank you from all of us at Pays de Fayence Solidaire.



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Compte rendu de la maraude du 21 Octobre 2023
Maraude du 21 octobre 2023
Les bonnes nouvelles ne sont pas si fréquentes, mais en voici une concernant Mimmo, ce maire de Calabre qui avait fait revivre son village en accueillant des migrants :
Immense victoire en Italie et soulagement pour tous ses soutiens.
Condamné en première instance à 13 ans de prison et à une très lourde sanction financière. Mimmo était jugé en appel ce jour.
Le parquet Italien avait demandé en appel une condamnation de 10 ans et 6 mois de prison ferme.
L’ensemble des accusations portées contre l’ancien maire de Riace se sont écroulées. Les peines en première instance ont été annulées.
La Cour d’appel Italienne a acquitté Mimmo des principales charges portées contre lui.
Il ressort libre avec une peine d’emprisonnement avec sursis d’un an et six mois. Les 17 autres accusés dans ce procès hors norme contre la solidarité et l’accueil des migrants sont tous acquittés.
Pour la peine avec sursis les juges ont estimé que Mimmo avait abusé de son pouvoir de maire dans la politique d’hospitalité qu’il a animée à Riace.
Caro, caro Mimmo, la tua generosa utopia di #Riace resta un faro.
En pièce jointe, malheureusement, l’information n’est pas aussi bonne : de jeunes migrants hébergés dans un foyer à Grasse se trouvent en butte à l’hostilité de certains habitants. Soyons solidaires d’eux !
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Merci pour vos dons en nature ou espèces qui nous ont permis d’assurer cette nouvelle maraude du 21 octobre dont voici trois témoignages :
Rolande :
Toujours ce divin paysage sur une mer enchanteresse, au point de ralliement de Beausoleil. Toujours sur le terrain vague de Vintimille qui côtoie le cimetière, cette vision dramatique de cette cohorte d’hommes et de femmes qui ont risqué leur vie pour la franchir dans le but d’échapper à la dictature, à la misère. Ces êtres humains et à qui nous tenterons ce soir, avec respect, de communiquer un peu de considération et de chaleur. Le matériel qui servira lors de ces échanges humanitaires s’est bien enrichi depuis ma dernière participation : tables, sièges, spots, matériel de recharge pour les portables, coussins pour la prise des repas… le tout chargé, déchargé, mis en service avec rapidité et dextérité suivant un plan minutieusement préparé par une équipe aguerrie et homogène.
Le fumet du repas chaud préparé chez Eric est alléchant, celui du café et du thé qui seront distribués n’ont rien à lui envier. Les sacs contenant les repas froids, les nécessaires de toilette, les socquettes, les couvertures de survie, quelques vêtements chauds sont les bienvenus. Nous recevons une demande pressante de chaussures et d’anoraks…
Comme à l’accoutumée, je ressens de la honte à voir ces personnes alignées en file indienne pour venir recevoir nourriture et petit nécessaire pour survivre dans la dignité.Ce soir, nous avons rassasié environ 160 hommes, peu de femmes (trois je pense).Tous remercient, les sourires qui ponctuent les paroles sont plus ou moins éclatants en fonction de l’âge de nos « invités ». La lassitude et une forme de découragement se lisent sur plusieurs visages, comment ne pas comprendre ? Nous aimerions pouvoir tenter de discuter, mais le temps de distribution est court, tous sont pressés de passer au stand suivant, nous ne pouvons les faire attendre.
Notre distribution dans sa globalité s’est déroulée dans le calme, mais un homme exacerbé par une forte consommation d’alcool s’est montré agressif envers l’une de nous. Situation douloureuse à vivre pour une bénévole venue, comme toute l’équipe de Pays de Fayence Solidaire, pour tenter d’améliorer un instant le quotidien de ces expatriés volontaires.
Laurence, notre infirmière dévouée, n’a guère eu le temps de visionner les évènements, accaparée comme elle le fut par le traitement de petites plaies et maux divers.
La nuit est venue qui voit disparaître nos visiteurs vers quelques recoins cachés sous un pont, à l’abri d’un porche…Pauvre triste monde ! Réaction qui m’a beaucoup émue : un jeune ami migrant bisant en souriant sa couverture de survie !
Bernard :
Bien que la veille de la maraude ait été sous le signe des alertes météorologiques, nous sommes partis confiants ce samedi vers Vintimille où nous attendait un ciel dégagé au soleil couchant. Peu de migrants présents lors de notre arrivée, mais ceux-ci sont arrivés progressivement pour constituer une longue file d’attente : près de 160 migrants, dont quelques femmes, ont ainsi pu bénéficier d’un succulent repas chaud préparé le matin par notre équipe de cuisiniers animée par Eric, d’un sac de victuailles, de produits d’hygiène et de quelques vêtements.
Un grand merci à tous nos donateurs, donatrices et bénévoles, dont le soutien constant et sans failles permet à notre action de s’inscrire dans la durée.
Lorsqu’on prépare une maraude, on a beau essayer de tout prévoir, l’imprévu et la péripétie sont toujours au rendez-vous ! Une erreur de clé le matin, quelques soucis de débordement des gamelles contenant le repas chaud lors de leur transport vers le local de Tassy, ne nous ont pas empêché de partir dans les temps et d’arriver dans les délais à Vintimille.
Alors que l’installation du dispositif de distribution était en cours, nous avons été confrontés à la violence de l’un des migrants sous l’emprise de l’alcool et probablement de la maladie, induites par des années d’errance et de misère. L’intervention de Filippo, un bénévole italien très souvent présent lors des maraudes, qu’il soit ici remercié, a permis d’éviter que la situation ne dégénère, mais celle-ci a pu être éprouvante pour certains membres de notre équipe.
Au poste de distribution des boissons, les échanges sont brefs, car les migrants veulent avant tout aller se restaurer. Mais je n’oublierai jamais notre discussion avec Redwan, qui s’exprime dans un français impeccable. Alors que je lui demande de quel pays il est originaire, il me dit qu’il vient du Soudan du Nord, qu’il a fui voici déjà plusieurs années. Devant mon étonnement, puisqu’on n’ y parle généralement que l’arabe et l’anglais, il m’explique qu’il apprend le français sur YouTube depuis seulement dix-huit mois ! Quelle opiniâtreté ! Quel talent !
Alors que nous sommes sur le départ, deux migrants reviennent exprès pour nous remercier et nous dire qu’ils se sont régalés, tandis que d’autres installent leur bivouac de fortune pour passer la nuit sur le parking.
Félix :
Courage, Dignité.
Voilà ce dont témoignent les migrants à chaque maraude. Courage d’affronter les intempéries sous les abris précaires des ponts autoroutiers, les difficultés de subsistance alimentaire, les problèmes d’hygiène, de santé, les blessures psychologiques accumulées depuis le début de l’exil il y a des mois, des années pour certains. Drames dus aux guerres, misère économique, impossibilité d’envisager un avenir sur sa terre de naissance et, au long du périple, menaces, humiliations, peurs, marginalisation, perte d’identité. Dignité malgré tout. Ils sont là, debout, en file patiente, ils attendent leur part quotidienne de survie, ils quêtent nos regards, notre main tendue vers eux.160 hommes et quatre femmes ce soir, jeunes, Africains venus d’Érythrée, du Soudan, d’Afrique subsaharienne, du Maghreb aussi. Sourires, mots hésitants, infimes, échangés en anglais, en italien, en français. Les regards s’allument, s’enjouent quelquefois. Ils viennent de la nuit, je vois leurs mains ouvertes – mains de travailleurs- leurs yeux brillants dans la lumière du réverbère. Ils reçoivent leur part, un mot encore vers nous, un sourire, et ils s’en vont vers la nuit en petits groupes d’amis, seuls quelquefois, et c’est terrible. Quelques-uns – très rares- ont sombré dans l’alcool. Ils dérivent lentement, ils vont se perdre. Dégradation. Violence. Les autres autour les raisonnent, prennent patience.
M. est sénégalais. Il a travaillé 14 ans dans les champs du Sud de l’Espagne. Clandestinité, exploitation. Il a rejoint la France. Sa demande de statut de réfugié politique a été refusée. Le voilà sans-papier en Italie. Il espère toujours. Il veut juste travailler, « gagner sa vie », aider les siens en galère au pays. M est souriant, digne.
Un chemin d’errance parmi les 160 en rade ce soir à Vintimille.
On est là pour le paquet de vivres, pour le sourire, la poignée de main, le regard vers eux, et c’est important sur leur route.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
22 octobre 2023par Shara Quartermaine, Organisateur
At the end of September, 3 years ago the Roya valley, which is a natural border between France and Italy, was terribly damaged by Storm Alex, an early season cyclone. Luckily, in spite of the red weather warnings, the heavy rains that hit the French and Ligurian riviera on Thursday and Friday did not leave the same mark – the association that distributed food on Thursday night warned those present not to seek shelter under the viaduct along the river and to head away from potential flood zones. There was a call for warm clothing and footwear as many of them are still in summer gear and wearing sandals. Thanks to all your donations last month we bought over 100 survival ponchos which they were delighted to receive last night – they are easy to fold into a pocket and will keep the worst of the cold and the rain off over the next week or so. Footwear is a little harder to come by and will always be a problem but we do our best! We are on a mission now to try to gather as many blankets as possible for the cold winter months and will definitely buy some more ponchos as they seemed to be a great success last night As ever THANK YOU for your generosity – they are hugely appreciative of everything that we do for them in this increasingly hostile world.
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Compte rendu de la maraude du 23 septembre 2023
Maraude du 23 septembre 2023
La secrétaire se permet d’ajouter un mot : les maraudes sont une action collective qui fédèrent beaucoup d’acteurs : donateurs, cuisiniers, maraudeurs, logistique, etc, et sans eux tous, rien ne serait possible. Depuis deux ou trois ans, de nouveaux adhérents prennent en charge l’organisation des maraudes à tout de rôle, avec d’autres plus anciens. Il faut souligner le travail admirable qu’ils font : préparer une maraude, cela veut dire faire des achats, constituer les équipes et les mettre en place, préparer le matériel, penser à tous les détails d’organisation et de communication. D’ailleurs, souvent, les personnes qui participent pour la première fois à une maraude soulignent leur bonne organisation.
Un immense merci donc à Françoise, Shara, Véronique, Bernard, Gérard et Gérard, et merci, bien sûr, à vous toutes et tous !
Martine
3oo personnes et un calme impressionnant, une dignité et de la chaleur humaine. Quelques mineurs, plus que d’habitude. A noter que le parking avait visiblement été nettoyé et que tout était propre quand nous sommes repartis !
Je repars toujours partagée entre admiration (qu’est-ce que je serai capable de faire à leur place ?) et colère contre un monde qui s’est très bien organisé pour que l’argent passe les frontières mais laisse les humains bloqués derrière ces limites administratives, à la merci de tous les abus, de tous les vents, de tous les océans et déserts….Et c’est comme ça aux abords de toutes les frontières !!!
Félix :
Plus que jamais, j’ai ressenti ce samedi combien notre engagement était juste.
J’ai été très impressionné par l’infinie patience et le calme de ces centaines de personnes en souffrance. Elles avançaient tranquillement, respectueusement, malgré la faim, faisaient effort de sourire, d’empathie, de gratitude. Aucune agitation, aucun débordement. C’était poignant de croiser leur regard, de savoir pour chacun de ces hommes le drame de l’exil, l’abandon d’une terre natale, les épreuves horribles au long du parcours, les difficultés à venir dans nos pays riches incapables de penser l’accueil des misérables. Combien de Soudanais samedi ? Plus de 200 peut-être. Les pays en guerre se vident de leur sang jeune et c’est insupportable. Comment peut-on être indifférent au destin de cette jeunesse qui ne demande que son dû, la paix, un partage équitable de la richesse de la vie?
Ariane et Jean François :
Une maraude impressionnante ce samedi 23 septembre de par le nombre… Quand nous sommes arrivés, déjà beaucoup de personnes nous attendaient assis le long du mur.
Dès que nous avons ouvert nos voitures, quelques hommes souriants et parlant un peu français sont venus nous aider à décharger les caisses et à tout installer.
L’organisation était parfaite et cela a permis une distribution très fluide.
Un bon repas chaud aux arômes d’épices lointaines a réchauffé les cœurs. Bravo à l’équipe cuisine ! Nous pouvions malheureusement voir sur les visages une détresse malgré les beaux sourires qu’ils nous rendaient. Mais la file ne désemplissaient pas… aurons-nous assez pour nourrir tout le monde ? Cela a été malheureusement un peu juste…Pas facile de prévoir pour autant de monde. Mais malgré cela tout s’est déroulé dans le calme et le respect de chacun.
Véronique M. :
Une maraude pas tout à fait fait comme les autres tant les réfugiés étaient nombreux, au moment où le Pape François vient de critiquer depuis Marseille le « virus de l’extrémisme », et « la dictature de l’indifférence » à l’égard de naufrages et de noyés que chacun « s’habitue » à considérer comme « des faits divers » et « des numéros », sans « visages » ni « histoires ». Les 300 jeunes hommes ( à noter la présence de 3 femmes) présents sur le parking ont un visage, un corps marqués par leur histoire que nous ne pourrons pas partager.
Ils sont déjà organisés dans l’espace pour recevoir le repas chaud du jour (riz ,lentilles, légumes, épices, poulet) préparé par Shara et son équipe, le sac de nourriture pour le lendemain, puis un kit léger de produits d’hygiène savon/shampoing et un caleçon ( il s’agissait pour moi d’évaluer la taille de chacun avant de le glisser dans le sachet, les derniers recevant un caleçon manifestement trop grand. Pas assez de tailles M et L).
Deux religieuses italiennes nous ont rejoints sur le parking. Infirmières, elles soignent régulièrement les réfugiés pour Caritas.
Chapeau bas Messieurs les réfugiés, toujours dignes, respectueux, courageux, nous gratifiant souvent d’un sourire de remerciement. Bonne chance à vous.
Shara :
L’autre soir nous sommes allés à Vintimille ne sachant pas vraiment combien de personnes allaient nous attendre. Les titres de la presse indiquaient que des milliers de personnes traverseraient l’Italie pour passer la frontière. Il y avait en effet de nombreux – environ 300 – jeunes hommes, – fatigués et vraiment patients, qui nous attendaient, sagement assis le long du mur, espérant qu’une des associations allait arriver et leur donner de quoi manger. Alors que nous installions nos tables et déchargions les véhicules, certains sont venus nous aider à porter les lourdes caisses et les jerricans d’eau.
Une fois que nous avons été installés et prêts, ils se sont mis en file pour recevoir leur nourriture avec l’obligatoire cuillerée d’harissa par-dessus !! Ensuite ils allaient à la table suivante où on leur donnait un sac pour compléter leur repas du soir – ils sont tous si minces !.
Beaucoup étaient en short et T-shirt et demandaient discrètement si nous avions des couvertures pour eux, mais malheureusement nous n’en avions pas assez pour chacun. Nous ferons de notre mieux pour en apporter à notre maraude d’octobre. A ce moment-là, ils auront vraiment besoin de quelque chose de chaud pour se protéger la nuit.
La situation politique est terrible. La France a renforcé ses patrouilles à la frontière et les demandes d’asile sont souvent rejetées – tant d’entre eux viennent du Soudan ou d’Érythrée ; tant d’entre eux ont été obligés de fuir la Tunisie.
Nous leur demandions leur nom et leur souhaitions la bienvenue ; en retour ils nous remerciaient de leur apporter de la nourriture et de prendre le temps de les écouter. Un échange simple et très humain. Le Pape François a souligné que nous partageons une mer commune, Mare Nostrum, la Méditerranée. Sur un rivage les gens vivent dans l’abondance, la consommation et le gaspillage, et sur la rive opposée les gens vivent dans la pauvreté et la précarité.
Merci de nous soutenir dans tout ce que nous faisons ; chaque don reçu sert directement à l’achat de nourriture et de produits d’hygiène pour les réfugiés. Merci en leur nom.
Bernard :
Comme la file des migrants se déplace lentement, cela nous donne davantage l’occasion pour tenter d’engager la conversation avec quelques uns d’entre eux. Beaucoup proviennent du Soudan, « à cause de la guerre » m’explique l’un d’entre eux. « Nous sommes tous dans la même situation, mais chacun d’entre nous a sa propre histoire » rajoute-t-il, insistant sur la singularité de chacun. Il m’explique ainsi que les familles, comme la sienne, sont très dispersées car elles ne peuvent que rarement fuir ensemble.
Un autre m’indique que lorsqu’ils se croisent ou se rencontrent, les Soudanais se saluent mutuellement par un « makana(?) », formule de politesse dont la compréhension et la traduction demeurent ici incertaine ! Quelle frustration que cet obstacle de la langue qui limite considérablement nos échanges, alors même que l’on ressent un fort besoin de dialoguer chez certains migrants.
Les demandes de téléphones, de câbles, d’écouteurs sont très fréquentes, et nous ne pouvons hélas les satisfaire ! Mais les migrants le comprennent toujours facilement, nous en remerciant même alors qu’on ne leur a rien donné !
Alors, nous sommes un peu désarçonnés lorsque l’un d’entre eux nous demande l’élastique utilisé pour réunir les cartes permettant d’identifier les téléphones en cours de rechargement. Très content qu’on le lui donne, il s’en empare prestement pour réunir ses tresses, et poursuit tout souriant son chemin.
Cela reste stupéfiant de voir que le moindre petit-rien puisse procurer autant de satisfaction.
Et voici le témoignage de Shani, 16 ans, qui avait participé à la maraude de septembre :
J’ai trouvé cette expérience enrichissante, le service était très bien organisé. Ce qui nous a permis d’avoir un contact agréable avec les personnes que nous devions servir. Cette expérience m’a fait me sentir utile et m’a permis d’oublier mes problèmes quelques heures en étant face à une population qui manque de tout.
Cela m’a également permis de faire de bonnes rencontres malgré la barrière de la langue.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
24 septembre 2023par Shara Quartermaine, Organisateur
Last night we drove down to Ventimiglia not quite knowing how many people would be waiting for us. All the headlines in the press have indicated that thousands would be making their way up through Italy and across the border. There were indeed many – about 300 – young, tired, and very patient young men waiting for us; sitting quietly along the wall, hoping that one of the associations would turn up to give them some food. Whilst we set up our tables and unloaded the vans, they watched on, some came over to help carry the heavy crates and jerry cans of water. Once we were all set up and ready to go, they filed up and came to get their food; lentils, chicken and rice with spices and herbs and the obligatory dollop of harissa on the top!! Then they moved on to the next table where they were given food parcels to top up their evening meal – they are all so thin! And then Veronique, Ariane and Anne gave them small bags with toiletries and new boxer shorts – they were so happy with their collection of bags. Many of them were in shorts and tshirts and discreetly asked if we had any blankets for them – but sadly we simply don’t have enough to hand out to everyone. We will do our best to get some together for our maraude in October – by then they will really need something warm to cover them at night. The political situation is terrible; France has strengthened its border patrols and requests for asylum are often rejected – so many come from Sudan and Eritrea – so many have been forced to flee Tunisia. We ask them their names and welcome them – they in turn thank us for bringing them food and taking the time to listen to them. A simple and very human exchange. Pope Francis pointed out that we share a common sea, Mare nostrum, the Mediterranean – on one shore people live in a world of wealth, consumerism and waste and on the opposite shore people live in poverty and uncertainty. Thank you for supporting us in all that we do – every donation we received goes directly towards purchasing food and toiletries for the refugees. Thank you on their behalf



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Compte rendu de la maraude du 26 août 2023
Maraude du 26 août 2023
Une « petite » maraude sans collecte le matin, mais deux équipes formidables pour ce samedi 26 août !
Merci de tout cœur à tous les participants d’avoir affronté la chaleur caniculaire de cette fin d’été, que se soit pour la préparation d’un taboulé géant sous la houlette de Christine – qu’on remercie particulièrement – ou pour la distribution à Vintimille !! Distribution d’un repas malheureusement pas assez copieux pour nourrir tout le monde, ils étaient si nombreux.. !! Nous avions pourtant 220 repas avec nous, plus 220 pains, 230 œufs, biscuits et eau…
Le lendemain l’association sur place a servi 300 personnes… lundi soir ils étaient à nouveau 200 !
Deux nouvelles jeunes maraudeuses sont venues nous rejoindre ; ce fut un plaisir de les avoir à nos côtés ! On les écoute nous raconter leurs impressions sur leur toute première maraude,
ainsi que les récits qu’en ont fait Martine, Laurence et Chantal !
Marina :
C’était pour moi la première maraude et je garde en tête un beau moment plein d’espoir, de partage, mais aussi de tristesse. …Je m’attendais à une expérience humaine difficile, mais c’est vrai qu’être confrontée à cette réalité m’a énormément touchée, notamment un jeune adolescent de 17 ans, venant du Soudan, qui n’arrivait pas à sourire malgré la bonne humeur apportée par Danielle. J’ai perçu dans son regard la misère, les difficultés rencontrées, ainsi que la tristesse. C’est le moment le plus fort que j’ai ressenti.
Martine :
Encore plus de 200 hommes, seulement 3 femmes, qui font tout pour rester dignes et souriants, alors que j’ai peine à imaginer dans quel état je serais si je devais vivre, ne serait-ce que quelques jours, dans les mêmes conditions qu’eux.
Cette maraude a été une peu magique, calme et sereine, détendue !! Y compris notre zébulon (c’était l’impression qu’il me faisait depuis des mois ) en état d’agitation extrême en juillet, qui a visiblement été soigné : il était gentil, souriant. Et comme il a repris quelques kilos, il était beau. C’était un bonheur qu’il vienne saluer aimablement tout le monde.
J’avais proposé à ma petite fille, Shani 16 ans, en vacances à Nice, de venir avec moi pour cette maraude. « C’est bon d »être utile », m’a-t-elle dit en repartant ! Elle reviendra dès que ce sera possible.
Ils ont besoin de nous, de gens qui vont à leur rencontre… Et nous avons besoin d’eux pour nous sentir utiles !! (un des besoins fondamentaux des êtres humains)
Laurence, notre infirmière :
Une maraude où je n’ai rien vu d’autre que des plaies sur des jambes noires et des regards pleins d’espoir et de soulagement. Illusoires comme l’est leur vie en exil. La gale, des troubles intestinaux, des gênes respiratoires, sur lesquelles je ne pouvais rien. La bobologie…un petit moment d’attention à leur misère.
Chantal :
Lorsque nous arrivons, le soleil darde encore ses rayons sur le grand parking vide de Vintimille. A peine avions-nous installé nos tables, nos assiettes et le ravitaillement, qu’une longue queue d’hommes se met en place, dans le calme, deux par deux, silencieux, patients. Alors que nous commençons à servir, la queue s’allonge, se renouvelle. Quelques 200 hommes, 3 femmes. Aucun débordement ; des Soudanais, des Érythréens quelques Pakistanais et, bien sûr, des Africains de l’ouest, Guinée, Sénégal, Côte d’Ivoire, Tchad. Et un petit nombre d’Algériens et de Tunisiens.
Comme dans tous groupes, il y a les forts, les fiers, ceux qui sourient, et les immensément tristes.
Tous sont bien habillés, mais les chaussures -de bonnes chaussures- manquent à beaucoup.
Laurence, sans discontinuer, soigne, panse, conseille d’aller lundi à la Caritas. Surtout, elle met du baume au coeur de ces hommes qui ont tant besoin que l’on s’occupe d’eux .
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Compte rendu de la maraude du 29 juillet 2023
Maraude du 29 juillet 2023
Pour commencer, une bonne nouvelle, transmise par une de nos adhérentes :
« Ibrahima, jeune Ivoirien arrivé en France il y a 6 ans A été hébergé par une famille française dans la région parisienne pendant 2 ans et demi, il a poursuivi de bonnes études (ses professeurs et camarades ont dû se mobiliser pour qu’il ne soit pas renvoyé dans son pays). Bonne nouvelle : après avoir obtenu un BTS d’électrotechnique, il vient d’être embauché par RTE (Réseau de Transport d’Electricité), à Lyon. Un beau parcours qui réconforte ! »
Et maintenant, les maraudes :
Nous nous sommes rendus à Vintimille deux fois en cette fin de mois, les 29 et 30 juillet, afin de pallier l’absence de bénévoles dans d’autres associations en cette période de vacances et de garantir un repas par jour aux réfugiés.
Samedi 29 juillet, c’était notre tour, nous nous sommes rendus à Vintimille, dans les conditions habituelles (4 voitures dont une camionnette, les tables, les repas du jour , les sacs….). Le site de distribution (le parking à proximité de la base de pompiers) n’a pas été touché par l’ incendie important qui a sévi sur les hauteurs de la ville à partir du mercredi, à 4 km de la frontière. Ouf!
L’équipe de Jean Pierre et Dominique a préparé 200 repas. Nous en distribuons 170. Les réfugiés sont moins nombreux que les jours précédents. Grâce à vos dons en nature ou en argent, nous distribuons aussi un sachet de nourriture pour chacun, des produits d’hygiène (savon, brosses à dent, dentifrice, rasoirs…), et des vêtements (les tshirts étaient très convoités!).
Les réfugiés viennent du Soudan, d’Albanie, du Maroc, d’Algérie, d’Érythrée, de Guinée…
La plupart s’installent sur les tapis et draps que nous avons ramenés pour manger et boire. D’autres s’éloignent. Au moment de partir, Michel se retrouve avec 3 téléphones rechargés mais non réclamés par leurs propriétaires. Après quelques recherches, nous nous apprêtons à les remettre à l’équipe du lendemain, quand nous voyons les 3 jeunes guinéens revenir à la hâte pour les récupérer. Ouf!
Les 30 repas et 30 sacs restants sont distribués à la seconde maraude le lendemain dimanche midi 30 juillet, dont voici un extrait du compte-rendu de Françoise :
Tous les 210 sandwiches ont été donnés, plus des portions de restes de la veille agrémentés avec des restes de thon pour les sandwiches… au total environ 50 portions supplémentaires pour au total environ 180 voyageurs. Et tout est parti !
Pendant que la distribution se faisait un homme a eu un malaise. Heureusement aidé par d’autres réfugiés, il s’était écroulé sur le parking. Ils se sont serrés pour lui donner de l’ombre, et nous l’avons rafraîchi. Ils sont ensuite partis sous le pont en le soutenant.
Avec des biscuits à lui donner nous sommes parties sous le pont à sa recherche … Par ci par là des corps allongés sous un drap ou une couverture, d’autres qui mangeaient par petit groupe, parmi toutes les montagnes de crasse du chantier du pont, et les détritus à perte de vue… Il y régnait curieusement une relative fraîcheur, avec une légère brise qui soufflait, et qui rendait un peu plus supportable ce décor apocalyptique.
Ce qui m’a frappé c’était la propreté sur leur cartons et couvertures de fortune. Leurs souliers reposaient « en dehors » du lieu de repos. De la dignité malgré tout … Quand nous sommes parties cet homme a soulevé difficilement sa tête et nous a rendu un regard vraiment intense en guise de remerciement. Un regard aussi plein de résilience, comme chez tant d’autres..
Pas de vêtements ni produits d’hygiène cette fois ci.
Beaucoup de ces voyageurs semblent être vraiment jeunes, adolescents.
Voici le témoignage de deux maraudeurs du samedi soir, François Régis et Odile:
Nous sommes en vacances chez nos amis Véronique et Gérard, qui nous invitent à participer à la maraude du 29 juillet. Nous habitons près de Lille, tout à l’autre bout, et sommes membres d’un collectif, Migraction 59, dont le but est d’offrir l’hospitalité le temps d’un week-end à des exilés qui veulent passer en Grande-Bretagne, et qui sont coincés à Calais dans des conditions indignes, le plus souvent pendant des mois. Nous, nous avons choisi d’accueillir à la maison, une fois par mois, 3 exilés (jamais les mêmes) : un répit de 48 heures, repas chauds, douches, lessives, sommeil, au calme sous un toit… Ils sont nos hôtes, que nous accueillons comme ils sont, mutiques ou communicatifs. Beaucoup sont passés par Vintimille. Après un temps de gêne, un contact sincère finit par s’établir autour de jeux de société, matchs de foot, photos de famille, musique, confection de plats en commun… Ils repartent le lundi matin un peu requinqués, le plus souvent.
Quand nous arrivons sur place, à Vintimille, nous sommes attrapés par la rudesse du lieu. Cet espace vide, poussiéreux, presque fantomatique, chargé de toutes ces silhouettes à venir. Nous sommes touchés par les draps que Shara et Francesca ont installés au sol, comme les tapis qu’étendent les nomades à l’étape. Quelques espaces de dignité recréés, le temps d’un repas.
Odile : Véronique m’a placée à la distribution du repas. Je vois ces gens s’avancer, par petits groupes, sans discontinuer. A la maison, j’ai tout mon temps pour être attentive à chacun, chercher le mot ou le geste qui va pouvoir « briser la glace ». Ici, je n’ai que quelques secondes : de l’harissa ? Du sel ? J’ai envie de faire durer cet instant : « Ca va comme ça ? » « Un peu plus ? ». Je joue avec trois mots d’Anglais, d’Italien, d’Arabe. « Bonjour, do you want mele (sel en arabe) ? » Je les regarde, je leur tends à deux mains la boite en carton contenant la salade … c’est tout ce que je peux faire pour communiquer. Frustrant, mais nous sommes dans l’essentiel. A plusieurs reprises, je me dis que ce jeune homme sera peut-être parmi ceux que nous accueillerons à la maison, cet automne. Je suis presque contente à l’idée que je reconnaîtrai peut-être un visage, plus tout à fait étranger.
François : Je suis à la fin du parcours, comme une conclusion : offrir un gobelet de café ou de thé à la menthe très sucré, et une bouteille d’eau. Ils sont encombrés par leur sac, souvent le regard fuyant ; pas facile d’établir un contact, même dans ce geste si symbolique d’offrir un café. Je respecte cette attitude, dans laquelle doivent se mêler honte, lassitude, endurcissement, pudeur, faim…Quand c’est possible, je risque alors une question « Where do you come from ? »
Ce sont quelques flashs, il y aurait tant à dire ! A propos de la douceur ferme de Shara à l’infirmerie, l’installation ingénieuse de Michel pour recharger les téléphones dans le coffre de sa voiture, la bienveillance un peu sur le qui-vive des 2 Gérard, l’art d’organiser la queue de Félix, l’efficacité souriante de Christiane, Martine, Odile, Véronique, Francesca. Chacun est à sa place, disponible et concentré. C’est un privilège d’avoir partagé ces moments intenses.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
30 juillet 2023par Shara Quartermaine, Organisateur
This weekend Pays de Fayence Solidaire has managed to organise 2 « maraudes » to Ventimiglia as several of the groups were unable to provide food for the refugees. Last night we handed out food, tea, coffee, toiletries and new socks and underwear to about 170 people – predominantly from Sudan. We had a worrying moment as we prepared to leave because we still had 3 phones on charge and could not find their owners – but just as we made contingency plans for dropping them off with a local volunteer, the three young Sudanese guys reappeared to pick them up! They had wanted to leave them on charge for as long as possible!!!!!
A smaller group went down to Ventimiglia today to serve lunch and hand out water – apparently the water went in a flash as Ventimiglia has no water fountains accessible to the refugees so they are entirely reliant on the volunteers to provide them with drinking water. There have been wild fires all around Ventimiglia over the past week, including along the river where many of the refugees seek shelter from the heat and direct sun. If it’s not one thing it’s another! But on the whole they still seem to be amazingly resolute and hopeful that their lot will improve. We can only wish them Good Luck as they head off to find somewhere cool to rest. Thank you for supporting our work – it means so much to both us and them



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Compte rendu de la maraude du 1° juillet 2023
Maraude du 1° juillet 2023
Nous avons encore à déplorer deux décès à Vintimille ces derniers temps : deux noyades qui sont peut-être des suicides…Que faire face à ces désespoirs ? Modestement, nous apportons un peu de nourriture, en plus d’un moment de chaleur humaine. Continuons !
La maraude du 1er juillet s’est bien passée : équipe d’pluchage de légumes sous la houlette de Shara, équipe de collecte sous celle de Gérard, avec l’aide de toute une sympathique famille, équipe de maraudeurs motivée et efficace.
Voici les témoignages des maraudeuses et maraudeur ,
Emilie :
En tant que gestionnaire et coordinatrice de la Recyclerie de Seillans, me rendre à la maraude ce 1er juillet m’a permis de mieux comprendre les besoins des réfugiés de Vintimille. Ainsi, nous pourrons sélectionner de façon plus efficace les vêtements, appareils, objets ou livres à donner.
J’ai apprécié une équipe formidable de bénévoles bien organisés mais surtout très attentifs à chaque individu venu chercher, au delà des denrée alimentaires, soins infirmiers, vêtements, etc, un peu de réconfort. Un simple échange de regard, un sourire de quelques instants, leur apportent après un long voyage et les expériences inhumaines subies, un peu de considération. Derrière ces furtifs échanges et questions banales qui leur sont posées par Félix pour les accueillir, se trouvent les fondements de leur identité : le simple fait de donner leur nom et d’exprimer d’où ils viennent les rassurent.
Je garde en mémoire certains sourires vraiment magnifiques et lumineux. (J’ai remarqué d’ailleurs qu’ils apprécient beaucoup le dentifrice qui est venu à manquer en fin de distribution.)
Merci pour cette expérience enrichissante ; j’invite chacun à aller découvrir ce qui se passe sur ce parking de Vintimille, et à participer aux maraudes organisées une fois par mois par Pays de Fayence Solidaire.
Merci notamment à Shara qui à une patience et une compassion inouïe qui relèvent d’une grande intelligence de coeur et d’esprit.
Anne :
C’est la seconde maraude que je fais avec Pays de Fayence Solidaire auquel je dis d’abord ma gratitude pour m’avoir accueillie, moi qui réside dans un autre département : une étrangère quasiment ! (l’étranger : qui sait où ça commence, qui sait où ça finit ?).
Entre tous les thèmes qui me soulèvent le cœur dans notre société, le sort réservé aux migrants me mobilise particulièrement ; donc je suis heureuse de pouvoir participer, même très modestement, aux maraudes, que je vis comme une manière de protester contre le sort inhumain et absurde qui leur est fait et d’alléger, certes très à la marge, les souffrances qui leur sont imposées.
Première réflexion : bravo pour votre organisation, impeccable ! Et c’est indispensable d’être si organisés et nombreux. Nombreux pour pouvoir calmer le jeu si l’un vient à se fâcher, à « péter les plombs », ce qui est très compréhensible dans leur situation. Samedi, ce fut calme.
Je m’abstiens de les questionner, mais j’aime être à la table des boissons (thé et café) parce que là ils peuvent s’attarder, revenir et, s’ils veulent, raconter. Je m’abstiens en principe de les photographier, d’autant qu’ils peuvent craindre que leur image n’arrive un jour sous les yeux d’un proche qui les croit arrivés à destination, mais j’ai remarqué cette fois que certains étaient très contents d’être pris en photo ; les réactions varient sans doute beaucoup d’une culture à l’autre.
J’ai demandé en arrivant où je pourrais acheter des cigarettes : un Soudanais m’a guidée, le premier tabac était fermé, on a marché un bon kilomètre ; il faisait attention à ce que je ne risque rien en traversant les rues ; dans son anglais peu académique, c’est lui qui m’interrogeait : « Calais…is far ? » « you…children ? » Lui a laissé au Soudan un fils qui n’a pas deux ans. Il me mime la guerre…
Sont venues deux jeunes femmes africaines qui sont parties prestement après avoir pris de l’eau. Une femme plus âgée aussi, apparemment plutôt « en situation de rue » que migrante, elle non plus ne s’est pas attardée. Avec les deux jeunes noires à l’allure fière, j’aurais bien aimé échanger : je sais que c’est beaucoup plus dur pour les femmes que pour les hommes d’être à la rue et que le voyage est plus risqué pour les femmes.
Nous avons bénéficié de l’accompagnement de jeunes : cette fois-ci des scouts français, le mois dernier un groupe de Turinois solidaires. J’ai trouvé leur présence très bénéfique, ils apportent une belle énergie. Les Turinoi(se)s s’étaient lancé(e)s après le repas dans une partie de ballon avec qui voulait. Ce samedi de jeunes Italiens installés sur le parking ont prêté leurs instruments de musique aux migrants qui voulaient jouer, et on a eu droit à un concert de percussions d’inspiration maghrébine. C’est si simple : ils n’étaient plus des déchets qu’on rejette ; ces migrants – jeunes pour la plupart – étaient redevenus des humains qui aiment jouer, bouger leurs corps, faire de la musique. Ils étaient rendus à leur dignité d’êtres humains, parce que reconnus tels par d’autres. Si notre présence un moment facilite ce genre de – allez j’ose un gros mot – transfiguration, même si ce sont des plaisirs de courte durée, ils sont bons à prendre et bons à partager !
Shara :
Bonne maraude ; sept scouts français étaient là pour nous aider et il y avait une fanfare. Beaucoup de Soudanais, Érythréens et Afghans. Plusieurs cas de gale assez graves. Nous les avons orientés vers la Caritas, ouverte dès lundi.
Et le mot de Gérard :
Regards tristes séparés de leurs racines,
Regards d’enfant séparés de leurs familles,
Regards de colère ayant subis les affres de la guerre,
Regards angoissés ayant affrontés les chemins tourmentés de l’exil,
Regards vides ou….,
Regards plein d’espoirs recherchant une vie meilleure.
Une maraude c’est un bref moment de partage. La jeunesse était là. Celle-ci, accompagnée par un groupe de jeunes scouts, a permis de voir s’ouvrir quelques sourires.
Un groupe de percussionnistes a donné du rythme à cette soirée un peu particulière dans une ambiance de fête.
Tout cela a été possible grâce à la générosité de nos donateurs, et a l’engagement de notre équipe de choc.
Merci à eux.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
2 juillet 2023par Shara Quartermaine, Organisateur
Another “maraude” in Ventimiglia yesterday evening – we were helped by French scouts and a team of old and young! The atmosphere was calm; many came from Tigray, Sudan, South Sudan and Afghanistan and had spent miserable months in Libya – several asked for a doctor and we told them that on Monday morning they could go to Caritas for treatment. They have skin problems and scabies, infected wounds and old injuries – none of which are easy to treat when you have no ability to wash or to seep on a clean bed, let alone change your clothes! We patched them up, in a very temporary fashion – but they smiled broadly, were content to be cared for and whispered softly Thank you sister” as they wandered off to find a shady spot for supper. As always they were thrilled to receive shower gels, toothbrushes and toothpaste, new socks and underwear – and as always we are so grateful that we receive donations from you, thereby ensuring that we can continue to offer them these little luxuries thank you from all of us at Pays de Fayence Solidaire



Compte rendu de la maraude du 3 juin 2023
Maraude du 3 juin 2023
Bernard :
» Choukran, merci … » est-il venu me dire avant de partir rejoindre son logement improbable. M. a longuement discuté avec l’un de ces jeunes italiens venus aujourd’hui découvrir et nous aider pour cette maraude où leur présence a été fort appréciée des migrants.
Cela a en effet créé un peu d’animation sur ce parking presque désert, avec quelques airs de tambour et jeux de ballon.
On ressent alors une certaine joie, celle de leur avoir fait un peu plaisir. La nourriture qu’on leur apporte est certes importante; l’échange, le dialogue lorsqu’il est possible, le sont tout autant, sinon plus. Car c’est à travers eux qu’ils ne sont plus seulement des migrants, ou des survivants, mais des personnes comme vous et moi, des êtres vivants.
Comme ce partage de la connexion wifi de mon téléphone qui a permis à ce jeune marocain, dont la recharge de son téléphone est épuisée, de pouvoir joindre l’un de ses proches. Peut-être sa maman dont ce sera le lendemain la fête ? Un geste si simple, si banal, et pourtant, à travers la joyeuse accolade qu’il me fait spontanément pour me remercier, en souligne toute l’importance. Il faudra envisager de mettre en place un point wifi lors des prochaines maraudes pour tous ceux qui disposent d’un téléphone mais ne peuvent, faute de crédit, l’utiliser.
« Je n’ai pas fait tout ce chemin pour cela … J’ai quitté la misère, mais c’était pour devenir et être LIBRE. Ici je ne le suis pas. Alors …? » nous explique un autre migrant, mi désabusé, mi déterminé.
Et voici que ce sont eux qui nous protègent ! Lors du départ, sans l’intervention de Zidane et de deux jeunes marocains, la violence de Mustafa aurait pu tourner au désastre. Comment ne pas comprendre cette violence, pourtant ? Qui est le signe du désespoir au delà de son agressivité. Une violence qui s’exprime contre nous et dont les autres migrants veulent nous protéger. Une violence aussi tournée contre lui même qui n’est que le résultat de celle qu’il subit depuis des années. Une violence qui le détruit, mais qui ne nous détruira pas. Mais lui, lui, le sera sans doute à jamais.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
4 juin 2023par Shara Quartermaine, Organisateur
Yesterday evening we had the help of 15 young Italians from Torino who came down to Ventimiglia for 3 days to help various associations and try to understand the complexities of life for refugees on the border between Italy and France. It was so reassuring to meet such open minded and empathetic young people – they were incredibly helpful, interested and caring, taking the time to speak to many of the refugees. Last Monday the newly elected right wing mayor of Ventimiglia carried out a “cleaning”’operation along the banks of the Roya river where many of the refugees camp. The river banks are filthy and in desperate need of cleaning, but it would appear that this was more of a publicity stunt and a way of moving the refugees away – all their tents have gone but none of the waste has been cleared up so far. Quite a few of the refugees have applied for asylum in Italy but have to wait for approximately 2 years and are not entitled to work during that period, which in turn means that they cannot afford lodging – hence their tented homes. Nobody is quite sure how things are going to pan out in Ventimiglia with this new mayor, but it would appear that they are going to try to keep moving the refugees on; France has posted extra police brigades on their side of the border so I think the game of ping-pong will continue. We really felt that the refugees were very grateful for what we could give them – and were delighted to receive shower gels, toothbrushes, toothpaste and deodorant – these are just small things but I think in such circumstances, they mean the world to these young people.



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Compte rendu de la maraude du 6 mai 2023
Maraude du 6 mai 2023
Voici donc les témoignages de deux maraudeurs du 6 mai :
Félix :
Combien de personnes ce soir dans cette longue file d’attente? Pas loin de 200, Soudanais, Érythréens en majorité et aussi Guinéens, Ivoiriens, Libyens, Egyptiens, Marocains, Tunisiens. Jeunes hommes et jeunes filles ( une dizaine aujourd’hui) sur les routes de l’exil depuis des mois, des années pour certains. Combien viennent d’être ramenés en Italie après une énième arrestation en France?
Ils espèrent le bout du voyage, une terre où travailler, aider la famille laissée au pays. Ils sont en petits groupes de “pays” ou d’amis de rencontre ; ils sont solidaires, ils partagent leurs rêves, leurs désillusions, leurs espérances. Ils sont seuls aussi quand la nuit vient, le froid, la peur de l’échec. Leurs parents ne doivent pas savoir qu’ils sont échoués au bord d’un fleuve, sans toit, sans travail, sans papiers pour exister.
Surtout, ne pas les filmer, les photographier, leur image pourrait trahir leur détresse auprès des leurs. Celui qui me dit cela parle au nom de tous, il est en colère à la vue du caméraman de la télé italienne. On intervient. Tout s’arrange.
Ils sont tous calmes, patients, dignes, souriants souvent, quelquefois taciturnes, intériorisés. On le serait à moins. Comme chaque fois, une impression d’énorme malentendu, de gâchis insupportable : toutes ces personnes fuient les dictatures et la faim, elles ne rêvent que d’un travail rémunérateur pour que survivent les proches.
Nous, peuples, états européens, pouvons faire infiniment plus pour les aider. Un exemple parmi tant d’autres : Aladin, égyptien, est à Vintimille depuis plusieurs jours, en rage, triste, découragé : Obligation de Quitter le Territoire Français, OQTF, après des années de séjour à Marseille où il travaillait depuis trois ans, officiellement employé par une entreprise à la réfection d’un hôpital. Il vient d’Egypte, un pays dit « stable, sans menace physique « pour les opposants….il ne peut donc obtenir le droit d’asile. Pour lui, l’avenir ne sera pas européen. Sur son parcours d’exil, chaque migrant porte la croix de l’injustice et de la détresse.
En écho, cette pensée de Claude : Amis maraudeurs, n’ayant pas participé a cette maraude du 6 mai, je me sens légitime de vous faire part de la réflexion suivante : des centaines de migrants, des milliers sans doute, pendant la même nuit, en d’innombrables variantes, ont tous le même rêve ; comment l’expérience si intime d’un rêve peut-elle être vécue collectivement ? Ces rêves, cauchemars douloureux associés à la nostalgie qui, le jour, leur envoie des morceaux de paysage natal, images de bonheur, organisent, la nuit, des retours effrayants ; le jour montre le pays perdu, la nuit l’enfer qu’ils ont fui ! Respectons cette fraternité nocturne !
Bernard :
C’est souvent grâce à un petit rien, un léger signe distinctif, un regard, triste ou enjoué, que le contact s’établit avec un migrant.
C’est parce qu’il porte un très joli chapeau que je m’approche de ce jeune Érythréen auquel j’essaie de faire comprendre que son chapeau est très original, ce qui le fait sourire, mais amuse surtout les autres migrants qui le suivent dans la file.
Au grand gaillard en orange, d’apparence timide, un simple clin d’œil me permet de lui faire comprendre qu’il peut sortir de la file d’attente pour venir au point phone y faire recharger son téléphone.
« Je suis quand même un être humain ! » s’exclame celui qui vient de sortir de prison et me raconte son histoire qui l’y a conduit. Je ne peux malheureusement satisfaire sa demande de téléphone, car nous n’en avons plus aucun à donner.
« I love you .. ! » claironne un autre migrant, allant en titubant de stand en stand, l’alcool l’ayant rendu plutôt joyeux, mais très insistant.
La distribution des couvertures et couettes, en fin de soirée, ne prend que quelques minutes, tant les migrants sont demandeurs. « Une grande couette pour deux, car je suis très grand » déclare l’un, tandis qu’un autre déclare : « Non, je ne la prends pas celle-là, car j’en ai déjà pris, et il faut bien en laisser pour les autres ». Même dans la misère, le sens du partage demeure donc chez certains. Quelle leçon nous donne-t-il ainsi !
En fin de soirée, autour d’une tasse de thé, un originaire de Guinée Conakry nous remercie pour le repas qu’il a trouvé excellent. Il émane de lui une très grande gentillesse, et avec simplicité, dans un français raffiné, il m’explique qu’il est passionné de cuisine, et se lance dans une discussion culinaire. Puis, avec son ami qui est lui originaire du Cameroun, il me décrit la pluralité des langues dans les différentes régions de la Guinée, et m’explique que le français y est enseigné à l’école et y demeure la langue officielle. Il me conte le mythe du « globe » dont la destruction a été la cause de la dispersion du peuple peul et de la diffusion du pulaar dans de nombreux pays d’Afrique.
Quel gâchis ! Nous sommes vieux et riches … Ils sont jeunes et pauvres, mais élégants et dignes …
Ils sont tellement fiers de parler notre langue, et nous les rejetons. Pourquoi ne pas leur donner leur chance, toutes leurs chances ?
Ils pourraient sûrement nous surprendre, et qui sait, réussir là où nous avons échoué, à générer un nouveau monde, un monde meilleur ?
Ce jeune Guinéen peut devenir dès demain serveur, puis cuisinier, et pourquoi pas chef étoilé ?
Ils en ont la capacité, l’envie, le talent, pour peu qu’on les aide à s’épanouir et à vaincre.
Aujourd’hui, ils ne font que survivre, et encore … Et pourtant, il y a tant d’humanité et de capacités potentielles chez eux.
Et, avec un peu de retard, le témoignage de Rosie, notre plus jeune maraudeuse du mois d’avril :
J’ai participé à la maraude du 8 Avril à Vintimille. Cela faisait plusieurs mois que je n’y étais pas retournée, mais ce que j’ai retrouvé m’était si familier. Des personnes à mes côtés ayant pris du temps pour les autres, dans le simple objectif d’aider et de soulager la vie difficile de nombreux réfugiés en Italie. J’ai eu la chance de discuter avec l’un d’entre eux qui était venu du Ghana. Il m’a demandé mon prénom et quand je lui ai répondu, il a souri et a dit « Rosie, c’est comme la fleur! ». Je suis surprise et encouragée à chaque fois par leurs sourires.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
11 mai 2023par Shara Quartermaine, Organisateur
Following our latest trip down to Ventimiglia (on Saturday 6th May) we find that our funds are running low; a combination of factors are at play. Over the last two months we have noticed a significant drop in the amount of donations (foodstuffs/clothing/basic necessities) made to our association – quite probably due to inflation, reduced spending power and the holiday season kicking in! Meanwhile the French border police have increased their presence on the French/Italian border in anticipation of a « wave » of refugees fleeing Sudan and Tunisia (to date there is no evidence of this « wave » of arrivals); the French government maintains that Italy is misleading the public by claiming to stem the flow of arrivals from North Africa and so has beefed up the police presence on its own border to ensure that this tidal wave of refugees cannot enter France. This has resulted in an increased number of young refugees finding themselves stuck in Ventimiglia, reliant upon associations like ours to feed and clothe them. The Pays de Fayence team, upon arrival at Ventimiglia on Saturday evening, found an Italian television crew at the carpark, filming the refugees. This caused huge upset – Félix was told by a distressed refugee that they were terrified that their families would see them on television and would then be aware of the terrible conditions that they were living in. These young men and women have left their families and homes in the hope of a brighter future and I can assure you that the situation that they find themselves in, once they arrive in Ventimiglia, is anything but bright! The television crew agreed to stop filming and calm was restored. 200 meals were served and blankets, coats, underwear, toiletries and ponchos were handed out. Phones were charged and the hot tea and coffee went down a treat. We bought over 200 pairs of socks, boxer shorts, rain ponchos as well as all the food to feed the masses – everybody was fed that night and had a food parcel for the next day to tide them over. But this has meant that we are in need of donations – this sounds like a Red Nose Day Appeal – BUT…….€30 buys 12 pairs of boxer shorts or 45 pairs of socks or 25 tins of sardines – all of which would make the greatest difference to those who have nothing. As you know by now, and donations we receive will go DIRECTLY to feeding and clothing the refugees. Thank you on their behalf – from all the team at Pays de Fayence Solidaire
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Compte rendu de la maraude du 8 avril 2023
Maraude du 8 avril 2023
Bonjour à toutes et tous,
En pièce jointe, vous trouverez le programme du festival « Ukraine à Nice » qui se déroule dans les prochains jours.
La dernière maraude, organisée par Shara, s’est, une fois de plus, bien déroulée. Les participants maraudeurs ont beaucoup à en dire, comme vous pouvez le lire ci-dessous :
Shara :
Notre maraude du 8 avril tombe le weekend de Pâques et le mois de Ramadan. Grâce à votre générosité, nous avons pu charger notre camionnette et 3 véhicules avec les grandes casseroles contenant un délicieux repas chaud préparé par Éric et son équipe, et des sacs alimentaires à distribuer pour le lendemain. Il fait froid la nuit au bord de la rivière, donc nous avons aussi apporté avec nous des couvertures et des duvets, de belles vestes chaudes et des tapis du sol. Presque tout est parti – nourriture et vêtements !! Un grand merci à vous toutes et tous
A notre arrivée au parking à Vintimille, nous avons trouvé une vingtaine de jeunes réfugiés qui nous attendaient avec impatience – plusieurs entre eux ont demandé des couvertures et des vestes pour la nuit. Nous leur avons expliqué qu’il fallait d’abord installer les tables, la rubalise, décharger les véhicules et qu’ensuite on pourrait distribuer le repas et les couvertures. Comme d’habitude ils ont accepté notre explication et se sont mis en rang pour attendre. La distribution s’est passé au calme ; des mamans sont venues manger avec leurs jeunes enfants, qui ont dit qu’ils avaient très faim mais étaient souriants quand même !
J’ai parlé avec un jeune homme du Liberia qui m’a expliqué qu’il venait d’arriver en Italie, après deux ans de travail en Tunisie. Mais, à cause du discours du Président Kais Saied contre les migrants sub-sahariens et les attaques violentes qui s’en sont suivies, il a été obligé de fuir la Tunisie. Une fois arrivé en Italie il ne savait pas où aller ni quoi faire. Je l’ai dirigé vers la Caritas (ouvert du lundi au samedi) et Upupa pour des aides législatives. Il me semble que nous verrons de plus en plus d’ Africains subsahariens qui, encore une fois, ont pris la décision de fuir pour sauver leur vie. Hier les garde-côtes italiens tentaient de sauver plus d’un mille de migrants en danger à bord de deux bateaux de pêche dans la Méditerranée……venant de la Tunisie.
Danielle :
Une fois de plus une organisation du début à la fin formidable. Merci Éric pour ton accueil et ta gentillesse. Tout est bien pensé. J’ai trouvé cette fois ci un peu plus de stress de la part de nos amis réfugiés. Mais comment leur en vouloir avec ce qu’ils vivent, ajouté pour certains au Ramadan……merci, merci à vous tous.
Bernard :
Après avoir vu, la veille, à la Maison Pour Tous de Montauroux, le magnifique film de Cécile Allegra » Le Chant des Vivants », quelle émotion de revoir « les mêmes » survivants à Vintimille, tant leurs parcours et leurs histoires paraissent si proches, si communes. Sauf que ce ne sont pas « les mêmes », mais au contraire des êtres qui sont tous différents et dont nous ne faisons qu’effleurer, lors d’une maraude, la singularité.
Au moins trois jeunes femmes sont présentes ce soir sur le parking, ce qui n’est pas si fréquent. Si jeunes, si belles, si frêles, si démunies. Deux sont venues timidement nous demander de recharger leur téléphone. L’une claudique en se tordant les chevilles car elle marche dans des chaussures d’homme, trop petites ou trop grandes pour elle. En fin de soirée, elle aura pu récupérer de nouvelles chaussures plus adaptées à son pied, retrouvant ainsi toute sa prestance.
Une autre jeune femme, accompagnée d’un très jeune enfant, après s’être ravitaillée, s’enfonce dans la nuit vers son refuge sous le pont, marchant d’un pas vif, sans hésitation ni crainte apparentes, en tenant fermement par la main cet enfant. Quelle pitié de voir, lorsque nous partons, à proximité des conteneurs à poubelle, un tricycle abandonné, lui aussi seul dans la nuit. Est-ce le jour l’unique jouet de cet enfant ?
« Vous êtes une association française ? Pourquoi faites-vous tout cela pour nous » ? Je me retourne, surpris, mais n’ai pas le temps d’engager la conversation avec lui, car un autre migrant s’interpose entre nous pour venir récupérer son téléphone. Le temps de le lui remettre que l’autre est déjà reparti. Dommage que cette occasion de dialogue ait été ainsi perdue.
Ah, ces téléphones, quelles histoires ! Jawad vient me demander de lui remplacer le téléphone qu’on lui a donné le mois précédent et qui s’est avéré défectueux. Un peu plus tard, la distribution des quelques téléphones qu’il nous reste, pour la plupart des modèles très anciens, s’opère dans une confusion assez totale, car il est impossible de satisfaire tous les demandeurs. La tension est palpable mais compréhensible, tant il est vital pour un migrant de pouvoir disposer d’un téléphone. Aussi, lorsqu’un migrant me ramène un téléphone dont l’accès est verrouillé, je me trouve désolé et confus que cela ait pu échapper aux contrôles faits sur chaque téléphone qui nous est donné avant de le redistribuer.
Et toujours le sanglier qui a bien grandi, bien vieilli et bien grossi depuis nos dernières maraudes.
Au moment de partir, un petit groupe dresse juste derrière notre voiture son bivouac pour la nuit, et nous souhaite un bon retour.
« Vous avez encore beaucoup de route ? » me demande gentiment la jeune gendarme, en me rendant mes papiers après les avoir contrôlés à la frontière. Ces quelques mots me paraissent soudain incongrus. Non, nous n’avons plus que quelques kilomètres à faire pour rejoindre nos petits nids douillets, mais nous laissons derrière nous des survivants dont la route a été et demeure si longue à parcourir …
Gérard :
Cela fait 2 ans que je fais des maraudes.
Des fois on se dit…c’était une bonne maraude.,,,super organisation, offre alimentaire suffisante , l’accueil,et la bienveillance d’un groupe de maraudeurs à l’écoute… pourtant on ne peut s’habituer (et heureusement) aux visages tourmentés, aux souffrances déjà endurées, ( passage par la Libye,) à un avenir plein d’interrogations ???
D’où viennent ils? Ont-ils fuit la guerre, la famine, les dictatures ? Continuons ce petit espace d’accueil . Merci à cette belle association pleine de bienveillance.
Rosario :
Comme d’habitude la dernière maraude orchestré par Shara a été parfaite en termes d’organisation.
Les équipes commencent à êtres bien rôdées, sans aucun ‘capitain’ qui dirige ; tout le monde sait ce qu’il faut faire dans l’empathie et la bonne humeur.
Samedi soir, j’étais au poste café, thé et eau, ce qui m’a permis de me promener dans cet espace de no man’s land où nos amis réfugiés et migrants viennent trouver un peu de chaleur humaine, mais aussi ou certains élisent « domicile » sous le pont de la voie rapide.
Justement samedi soir je me suis immergé dans ce monde souterrain pas loin de la Roya pour discuter avec les hommes assis sur des canapés et fauteuils de fortune autour d’un feu, au milieu d’une crasse indescriptible à la limite du supportable, mais dignes et souriants.
J’ai essayé de calmer un différent entre un Marocain, complètement hors de lui et sous l’emprise d’alcool ou de la drogue, et un Sénégalais qui ne répondait pas aux insultes, car il ma confié que si la police vient, ce n’est bon pour personne.
Plus loin ,derrière des toiles de fortune, il y avait d’autre personnes allongées par terre.
D’énormes rats se baladent au milieu des détritus, sans compter l’immanquable sanglier qui vient carrément sur le parking.
Cette situation m’a mis en colère contre cette Europe qui ferme les yeux, les portes, et surtout les coeurs.
Au moment de rédiger la constitution européenne, les législateurs voulaient, dans l’article 2, établir une Europe « chrétienne », par chance l’opposition a pu éviter cela, au nom du multiculturalisme , car aujourd’hui devant le désastre de l’accueil, le mot « chrétien » n’aurait vraiment pas de sens.
Sur la centaine de réfugiés et migrants, à part un jeune Afghan et un Roumain, tous venaient d’Afrique .
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
10 avril 2023par Shara Quartermaine, Organisateur
On Easter Saturday we prepared a feast to take down to Ventimiglia in the evening – for many it is Ramadan and they are fasting during the day (even in these difficult circumstances), but we could give them a hot meal to enjoy for « iftar » and a food bag with lots of fresh fruit and supplies for the following morning. When we arrived in Ventimiglia a small group had already gathered and were asking for warm coats and blankets as the nights continue to be cold – especially if you are sleeping in the open by a river! Luckily we had come well prepared and, once everyone had been served some food and helped themselves to toiletries and new socks and underwear, we unloaded the coats and blankets that we had with us. This is when the African ‘souk’ kicks in and there is quite a lot of jostling and discussion that goes on – it is impossible to manage in a ‘Western’ manner – believe me we have tried so many variations on the same theme – but at the end of the day most of our coats and all of the blankets had gone and most people seemed to at least have something warm for the night!!!!! Once the initial rush of migrants had come to an end, a few women and their young children appeared for supper – the children were hungry but smiling amidst the chaos, and their mothers were protective and did not stand around to chat – they needed to feed themselves and their children and then find somewhere to sleep that night. As predicted we are starting to see sub-Saharan Africans arriving who had previously been living and working in Tunisia, but have been forced to leave in the last few weeks following the statement made by President Kais Saied in late February condemning illegal immigration. I spoke to a 21 year old from Liberia, whose 2 year work contract in Tunisia had come abruptly to an end and his only option was to leave – he has no idea where he is going to go and what he is going to do but he said that gangs of Tunisians were attacking sub-Saharan Africans on a daily basis and it was not safe to stay. As I write this 400 migrants are onboard a sinking vessel in the Search and Rescue area off the coast of Malta and the Maltese authorities have ordered passing merchant ships not to carry out a rescue operation. There are women and children aboard and many need medical assistance. Yet there is nothing unusual about this!
We will continue to do what we can to help the migrants that we meet at Ventimiglia and to also support the other associations that work in the area. It is just a drop in the ocean but at least we can make a tiny difference to their day. Thank you to everyone that helps Pays de Fayence Solidaire – it enables us to help those that need it most.



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Compte rendu de la maraude du 11 mars 2023
Maraude du 11 mars 2023
Bonjour à toutes et tous,
Nous vous rappelons la conférence de Enzo Barnaba, ce samedi 18 mars à 15 h, au Mille Club à Fayence, sur le thème des migrations.
Elle sera suivie, à 17 h de notre assemblée générale ordinaire, puis d’une assemblée générale extraordinaire pour modifier les statuts de l’association afin de lui donner une direction collégiale.
Nous vous y attendons, que vous soyez adhérent ou non !
Cette maraude du 11 mars a été une fois de plus réussie, grâce à votre générosité. Vous, donateurs infatigables et fidèles, avez bravé les éléments et la tempête pour apporter vos dons. Jean-Pierre, Dominique et leurs amis ont réussi à concocter un bon plat chaud, dans les coups de vent. Les maraudeurs et maraudeuses ont été efficaces, comme toujours. Voici leurs impressions, en commençant par Bernard, qui en a été l’organisateur :
Bernard :
Prévoir l’imprévisible, imaginer l’impensable, pourrait devenir la devise de l’organisation d’une maraude, puisque celle-ci se déroule bien souvent d’une façon différente de celle qu’on a prévu !
Cela faisait bien longtemps qu’il n’y avait eu autant de vent sur le pays de Fayence, mais celui-ci n’a découragé ni les donateurs, ni les maraudeurs.
Partis sous les bourrasques, nous avons retrouvé un calme tout relatif à Vintimille, car les vrombissements du groupe électrogène installé sur le parking par l’association Progetto nous y ont accueillis.
Le nombre de migrants à Vintimille a fortement varié au cours des jours précédents la maraude (passant de 80 à 160, puis 100, puis 140 … ). Nos cuisiniers ont finalement préparé 125 repas chaud (pâtes, poulet, courgettes, épices..) et on avait un peu plus de sacs de denrées à donner. Alors qu’en milieu de soirée nous avons craint d’avoir trop de repas, ceux-ci ont finalement tous été distribués car un groupe de migrants est arrivé plus tardivement, tandis que le reliquat de sacs a pu être apporté aux migrants situés à la gare.
Bien que ce soit toujours plus ou moins la même chose, en fait aucune maraude ne se ressemble. La présence de plusieurs femmes et la détresse d’un père de famille, accompagné de sa compagne et tenant, en pleurs, son enfant dans ses bras, sont des situations particulièrement poignantes. Cette famille a pu être hébergée pour la nuit par Filippo et sa femme.
C’est avec lui que j’ai pu discuter avec un jeune migrant parlant un peu le français, et qui nous a raconté, en rigolant franchement, qu’arrivé récemment à Vintimille, il avait franchi quatre fois la frontière ces derniers jours, avant de se faire arrêter à la gare, où il fanfaronnait semble-t-il. Etait-ce une ruse de sa part, comme je l’ai tout d’abord pensé, pour simuler un comportement détendu et joyeux pour ne pas se faire remarquer, ou au contraire de l’inconscience, comme semble l’indiquer Filippo, pour qui la discrétion est pour un migrant la règle de base pour ne pas se faire arrêter ?
La possession d’un téléphone est vitale pour un migrant. Z. semblait désespéré lorsqu’il nous apprit qu’il avait (de nouveau) perdu son téléphone. Nous avons pu lui en donner un nouveau et son accolade, de remerciements, fut un véritable échange. On a pu également dépanner deux autres migrants qui avaient eux aussi perdus leur téléphone.
C’est toujours un grand plaisir d’accueillir de nouveaux maraudeurs, ce que j’étais il n’y a pas si longtemps.
Alors place à leurs témoignages, ainsi qu’à ceux de toute l’équipe.
Merci à eux et à tous les donateurs sans lesquels notre action n’existerait pas.
Ariane :
Une maraude de plus… différente et à la fois toujours pareille. Nous sommes arrivés alors qu’un générateur était installé pour permettre à ceux qui ont un téléphone de les recharger. Il y avait donc déjà quelques personnes. Nous avons revu nos plans d’installation et après avoir tout mis en place, une belle file d’attente s’est formée. Il fait moins froid, les migrants prennent un peu plus le temps de se servir et de manger sur place. Nous sommes étonnés car cette fois nous arrivons à communiquer un peu plus, beaucoup parlent français et viennent d’Afrique (Ghana, Mali, Côte d’Ivoire,…) et pour nous c’est une première, plusieurs femmes sont dans la file, souvent avec des enfants cachés derrière…une femme nous a particulièrement touchés. Elle vient d’arriver, elle semble désemparée. Elle nous explique qu’elle a un bébé de 9 mois. Peu après, le papa arrive avec le petit dans les bras. Il semble encore plus perdu et fond en larme en nous expliquant sa situation.
Heureusement que des associations comme la nôtre et des personnes comme Filippo et Loredana existent pour les aider…on aimerait tellement pouvoir faire plus.
Patricia :
Première maraude.
Nous sommes arrivés à Vintimille, Quelques migrants étaient présents près d’un groupe électrogène qui fonctionnait afin de leur permettre de charger leurs téléphones. Nous avons déchargé les véhicules et mis en place les tables comprenant les différents points de ravitaillement.
Les sacs avec alimentation froide et boisson.
Un repas chaud.
Des produits d’hygiène,
Des vêtements chauds.
Le point des boissons chaudes avec un thé à la menthe délicieux et du café.
A leur passage, je vois des jeunes hommes, certains au regard plein d’espoir, d’autres en souffrances…
Il y a quelques femmes également…
Tous sont en survie.
Ils viennent d’Afrique, nous échangeons un sourire, quelques mots avec de l’humour, qui réchauffe leur cœur.
Le temps est frais, ils prennent le temps de manger leur repas chaud aux alentours et disparaissent…
Une maman avec son bébé de 9 mois dans les bras ainsi que le papa m’ont profondément touchée.
Ils ont été recueillis par un couple magnifique.
Merci à toutes les personnes de l’association.
Coco
Bonjour à tous, samedi dernier était la première maraude pour David et moi. A vraie dire ce que nous a le plus impressionné c’était la parfaite organisation de la part de nos « leaders » de Fayence Solidaire, en particulier Shara et Bernard. Bravo. Tout a eté très bien dirigé et l’installation faite un peu de temps. Nous deux ne savions pas trop bien quoi faire, mais avions essayer d’aider le mieux possible. Si bien nous n’avons pas eu l’occasion de parler avec beaucoup des jeunes nous nous sommes bien aperçues qu’ils sont la plupart des réfugiés économiques. Le travail que nous faisons est très louable et soulage la situation des migrants d’une façon temporaire, mais est ce qu’on pourrait faire plus à la source ? Ils risquent tout pour avoir une bonne vie. Mais comment les aider d’avantage? David remarque qu’il y avait une grande différence dans la façons de prendre les dons, quelques uns plus ou moins arrachaient tout ce qu’ils pouvaient avoir, tandis que des autres avaient l’air même un peu gêné de prendre quelque chose. Quant à la distribution du plat chaud, ce qui m’a le plus impressionné c’était que presque tous demandaient plus de piment: tabasco et harissa tout ensemble ! Est-ce que le piment tue la faim ? Merci pour cette expérience. A répter.
Claude
Chaque personne qui passe dans notre vie est unique ; elle laisse toujours un peu d’elle-même et s’en va avec un peu de nous.
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
12 mars 2023 par Shara Quartermaine, Organisateur
The last two « maraudes » have been so different – as is often the case! February was freezing cold and the refugees arrived in small groups, looking tired and desperately in need of hot food and tea. They did not hang around to chat – it was too cold in the carpark by the river for small talk – and they took their hot food and food parcels and headed off to find somewhere to shelter for the night.
Yesterday evening it was an unseasonal 18 degrees in Ventimiglia and there was much more inclination to stay and chat. Another association were there when we arrived at the carpark and had a generator going to charge phones and were handing out hot tea and coffee. We set all of our tables up and unloaded the cars – pasta with chicken and a vegetable sauce, food parcels with milk, cheese, fruit, water and biscuits; toiletries, new underwear and socks, hand knitted scarves and beanies, gloves and blankets – all gratefully received by the stream of young refugees. Many were francophone from West Africa, Eritreans and Sudanese, and the odd Afghan or Pakistani. A young man from Pakistan showed me his paperwork – he needed to complete his application for asylum but in order to do that he needed a fiscal stamp and passport photos, for which he had to pay. Caritas in Ventimiglia generally help with asylum applications, but apparently they only take on a certain number per month, and unfortunately would not help this young man. He was so patient, terribly polite and obviously desperate. As luck (?) would have it, when we were cleaning up at the end of the distribution one of our members found a folded piece of paper with a 20€ note in it – awful for the person who had lost it, but a gift for this young man. He could hardly believe it when we explained that we had found it on the floor and would give it to him to pay for his passport photos and his fiscal stamp. The relief on his face was palpable.
We were also faced with a desperate young father from Mali, clutching his crying baby in his arms – he too was in tears. He said to me, » I have to find somewhere safe off the streets for my family tonight, please help us. » Fortunately I had just phoned a lovely Italian couple who will give lodging to families for a few nights when they arrive in Ventimiglia – we had some extra food parcels to give them to help them out for the next day – when they arrived they scooped up mother, baby and husband and took them home with them. It was truly heartbreaking to see such distress in a young man; they normally control their emotions so well, one can only imagine that they had suffered some pretty bad experiences on their route up through Italy. We all breathed a sigh of relief as they climbed into the car, knowing that at least for 48 hours they would have the chance to rest and gather their strength for their ongoing journey.
So our work continues, we are extremely grateful to all of you for your support – the fact that we can buy new things for these refugees and watch their faces as they get to choose what they want – is thanks to you. Mille merci!!


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Compte rendu de la maraude du 11 février 2023
Maraude du 11 février 2023
Compte-rendu de la maraude et aussi d’une visite en semaine à Vintimille et Menton ( Shara ) :
Malgré le froid vous étiez nombreux à venir à la collecte de samedi matin au Mille Club et grâce à vous tous, nous avons pu préparer 120 sacs alimentaires pour la distribution, et Éric et son équipe ont préparé deux grandes casseroles avec pâtes, pois-chiches, légumes et merguez pour les jeunes réfugiés à Vintimille.
Un très grand merci pour tous les participants !
Ils n’étaient pas si nombreux ce samedi à la distribution – et ils avaient l’air fatigué. Peut-être ils ont préféré rester dans un endroit abrité ou bien ont-ils réussi à franchir la frontière. Il faisait très froid au bord de la rivière à Vintimille, ce samedi soir.
Mais nous avons pu distribuer tous les sacs alimentaires et aussi le repas chaud, d’abord au parking et ensuite à la gare, avec l’aide de Jacopo qui travaille avec WeWorld et la Caritas.
Mardi 14, je suis retournée à Vintimille car j’avais promis à un jeune Soudanais, Hassan, de lui apporter une tente. Il m’avait déjà demandé en janvier si je pouvais lui fournir une tente, mais, problème de communication, et il ne l’avait pas réceptionnée. Donc, cette fois-ci, j’ai pris rendez-vous avec lui pour ce mardi et j’ai pu lui remettre une tente, et une autre tente pour un jeune Soudanais de Darfour. Ils ont, tous les deux, demandé l’asile en Italie, mais ça peux prendre jusqu’à 2 ans.
Ensuite, je suis allée déposer des vêtements chauds à l’association Relier Menton qui va a la frontière plusieurs fois par semaine pour parler et aider les jeunes qui sortent de la Police aux frontières (PAF). Elle m’a dit qu’il y avait beaucoup des jeunes Ivoiriens, Guinéens et Camerounais sortis ce matin-là – très déprimés. Un mineur de Côté d’Ivoire a dit qu’il a essayé 4 fois dans une journée de passer la frontière ; la police a même pris ses empreintes pour vérifier son âge (il a 17 ans) mais à chaque fois il a été refoulé. Apparemment, ils fuient l’Italie car les camps en Calabre sont terribles – ils ne nourrissent pas les réfugiés, les bâtiments sont en ruine et ne sont pas chauffés. Souvent ils prennent ces jeunes « en esclavage » pour travailler dans les champs (ces camps dans le sud de l’Italie sont souvent gérés par la mafia calabraise – la’Ndrangheta).
Maintenant je passe la parole à nos maraudeurs!
Témoignage de Bernard /
Nous avons déployé des trésors d’imagination pour essayer de modifier notre organisation pour cette maraude, afin de permettre aux migrants d’avoir le temps de manger tranquillement, puis de choisir les produits d’hygiène et les vêtements mis à à leur disposition.
Mais ce soir, les migrants sont peu nombreux, et arrivent au compte-goutte. Et lorsqu’il fait froid, le migrant n’a pas envie de s’attarder sur le parking. Il nous faudra donc intégrer cette donnée dans nos futurs projets de distribution.
Longue discussion avec un migrant marocain qui parle un peu français et surtout italien ! Ma compréhension de ses propos a donc été incertaine ; désignant son vélo dont il est très fier, il m’indique que les Italiens laissent plus facilement que les Français leur vélo dehors … Il me désigne ensuite les collines qui surplombent le parking et m’explique que beaucoup de maisons y sont inhabitées, voire abandonnées, ce qui permet à certains migrants de s’y abriter.
Sa gestuelle m’a tout d’abord fait penser, de façon certes incongrue, qu’il me demandait une djellabah ; j’ai ensuite réalisé que ce Soudanais souhaitait en fait une couverture ! Lorsque je la lui ai remise, j’ai eu droit à un » like ». Puis ce fut le tour de son voisin : deux « like » et un grand éclat de rires, avant de remettre une dernière couverture à un troisième migrant. Comment peut-on imaginer que dans un tel désarroi, une telle misère, ce simple geste puisse susciter de tels sourires, et cette joie furtive dans leur regard ? Merci aux donateurs.
On ne devrait jamais s’habituer à l’horreur, et c’est pourtant le cas. J’avais été révolté lorsque j’avais vu pour la première fois, voici quelques mois, des sangliers sur le parking. Ceux-ci sont toujours là, vaquant tranquillement à leur occupation de nettoyage du parking en fin de soirée. Et je trouve maintenant cela presque normal, ces sangliers semblant désormais quasiment domestiqués.
Allons-nous arriver à la même conclusion avec les rats qui envahissent les lieux de couchage des migrants situés sous la rocade ? Et si ce n’était pas la présence des rats le problème, mais celle des migrants ?
Notre indignation ne devra jamais faiblir face à ces situations. Demandons des hébergements dignes à Vintimille pour les migrants et exigeons des autorités de prendre en charge les rats sans pour autant les anéantir.
Témoignage de Oliver (notre plus jeune maraudeur) :
Le soir du samedi 11 février sur le parking de Vintimille une vingtaine de jeunes hommes et d’adolescents jouaient avec un ballon le sourire au visage. Incroyable qu’ils puissent encore s’amuser et rigoler entre eux, alors qu’ils vivent des moments tellement difficiles. Mais c’est peut-être la seule façon de continuer.
Ce soir- là, nous nous attendions à une centaine de migrants ayant besoin d’eau, de nourriture, de couvertures et de vêtements. Et pourtant pas plus de 70 hommes et femmes étaient présents. Le nombre fluctue énormément de jour en jour en fonction du nombre de migrants qui ont pu passer la frontière franco-italienne. Certains avaient le sourire au visage, d’autres semblaient alourdis par la douleur émotionnelle et physique qu’ils avaient déjà vécue sur ce long chemin.
Après avoir pris leur nourriture, la majorité sont partis dans leurs groupes, peut-être pour aller se trouver une place sous le pont ou peut être simplement pour ne pas s’arrêter trop longtemps pendant cette nuit très froide. Les quelques sujets de conversation entretenus pour ma part tournaient autour du football et notamment sur le très bon parcours des Lions de L’Atlas (l’équipe de football du Maroc) lors de la Coupe du Monde. Je pense que l’équipe a pu rendre fier son pays, mais aussi le reste du continent africain!
Témoignage de Danielle :
Une fois de plus une excellente maraude avec un groupe plein d’empathie et heureux d’être présent pour tous ces jeunes laissés pour compte, de plus avec ces températures particulièrement basses. Pour moi ce fut en plus une nouvelle expérience en préparant le repas chaud chez Eric et Hélène avec Chantal.
Merci Shara pour tout. Tout ceci m’apporte une conscience de la cruauté de la vie à laquelle je n’étais pas habituée. Mais tous ces jeunes ont quand même des sourires qui évoquent leur reconnaissance et, malgré la barrière de la langue, nous arrivons à avoir une certaine complicité.
Pas de compte rendu publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
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Compte rendu de la maraude du 14 janvier 2023
Maraude du 14 janvier 2023
Pour passer la frontière, certains migrants sont prêts à prendre des risques mortels, et c’est ce qu’il s’est passé ce lundi 9 janvier : un homme a été électrocuté sur le toit d’un train en partance de Vintimille vers Menton
Il s’agit d’un homme dont l’identité est encore inconnue. Il a été retrouvé électrocuté, le corps calciné, sur le toit d’un train SNCF à la gare de Menton-Garavan. Nous organisons une commémoration en hommage à cette personne afin que cette énième mort ne tombe pas dans l’oubli collectif : nous ne parlons pas de chiffres sur une liste de morts -qui ne cesse de s’allonger-, mais de vies, de parcours et d’histoires personnelles. Nous parlons d’une vie brutalement interrompue par la violence des frontières. Nous nous retrouverons ce dimanche (15/01), à 11h, à Ponte San Ludovico (frontière basse), pour dire adieu à cet homme et lui rendre hommage. Apportez-lui des fleurs, des bougies, des pensées, des chansons et tout ce que vous souhaitez lui dédier.
Compte-rendu de la maraude :
Le nombre de migrants bien augmenté ces jours-ci : les 120 repas concoctés par Eric et ses aides, et autant de sacs alimentaires ont été distribués. La collecte de dons, nourriture et vêtements, a été abondante et nous ne vous en remercierons jamais assez.
MERCI !
Mot de Gérard, l’organisateur de cette maraude :
« Né au bon endroit….et au bon moment…!
Qui a choisi de naître à Kinshasa, à Modagiscio, à Karthoum, à Téhéran ou à Kaboul ? La guerre, les bandes armées, la famine, les dictatures y sévissent.
Nous qui sommes des privilégiés, a-t-on le droit de fermer nos frontières, de leur reprocher de chercher un peu d’espoir en une vie meilleure? »
Environ 120 Érythréens, Ethiopiens, Somaliens, Ivoiriens, Guinéens, Marocains et Algériens, jeunes et plein d’espoir. Nous avons été obligés d’appeler La Croix rouge car l’un d’eux était très mal en point…
Mot de Francesca, notre plus jeune maraudeuse :
Arrivés sur place, nous avons vite compris qu’il y avait plus de monde que prévu, les portions de nourriture ont donc été modifiées pour pouvoir satisfaire tout le monde.
Avec Shara, nous nous sommes chargées de distribuer les chaussettes, slips et gants (chaque réfugié a reçu une de chaque) ainsi que les quelques écharpes et bonnets qu’on avait.
Au cours de la maraude, j’ai eu l’opportunité de parler avec un groupe de 4 jeunes Ivoiriens. L’un d’entre eux m’a expliqué qu’ils voulaient tous gagner la France. Ils étaient partis à l’âge de 13 ans et cela faisait 4 ans qu’ils voyageaient ensemble passant par la Mauritanie, la Libye, la Tunisie, puis une fois arrivés à Lampedusa ils ont commencé la traversée de l’Italie.
L’un d’eux était l’aîné de sa famille et avec cela venait la pression de devoir rapporter de l’argent à un jeune âge. Âgé de 15 ans, il avait déjà passé 4 jours en mer dans un petit bateau ayant quitté la côte libyenne. Il avait également passé des semaines dans le camp italien à Calabria (sud) avec à peine de quoi se nourrir. Il était donc très reconnaissant pour ce qu’on apporté à Vintimille.
Vers la fin nous avons également distribué les tapis de yoga à tout le monde et les quelques couettes que nous avions. Il faisait un froid glacial et ni le pont sous lequel les réfugiés s’abritent de la pluie, ni la gare n’offrent un grand réconfort…
Et enfin un mot de Christiane, nouvelle maraudeuse :
Après une collecte à Fayence le matin où, grâce aux nombreux et généreux donateurs, nous avons pu préparer 120 sachets de nourriture à distribuer, me voici partie en fin d’après midi pour ma 1ère maraude à Vintimille, accompagnée et parrainée par Gérard.
Je suis impressionnée par l’efficacité de l’organisation!
Tout se fait de façon fluide, dans une ambiance chaleureuse, amicale et sécurisante: de la mise en place, pendant la distribution et jusqu’à notre départ.
Une équipe bienveillante et à l’écoute, tout en gardant la distance nécessaire pour une équité vis à vis de tous.
Une journée pleine d’ humanité avec pour finir des échanges riches en émotion avec quelques unes des jeunes (voire très jeunes) personnes restées sur place qui nous relatent leurs parcours.
Malgré leur condition de vie, plutôt de survie, ces personnes restent pleines d’espoir.
Puisse l’avenir leur donner raison !
Voici aussi le compte rendu de Shara publié sur le site de la cagnotte en ligne de GoFundMe
15 janvier 2023 par Shara Quartermaine, Organisateur
A quick update at the start of 2023 to say we are still going strong at Pays de Fayence Solidaire and will continue our monthly trips down to Ventimiglia to support the refugees and the other associations helping on the border. Nothing seems to be changing – there are rumours about a camp reopening but nobody can agree where it should be so, when in doubt, don’t change the status quo! Even the Italian police (present at the car park when we hand out food and clothing) said that a camp needs to be opened so that the minors and the sick can be taken care of. Last night we had to call an ambulance because one of the refugees had fallen and was quite badly injured – they were great and came quickly and took him to hospital – but once he is released, he will be sleeping in the streets again in unsanitary conditions – and with the nights getting colder. So many of the refugees were minors last night – but they are 17 years old – and the border police claim that they have falsified their paperwork and that they are actually adult (therefore they are under no obligation to take them in and care for them). One of the young boys we spoke to had had his phone stolen and had no way of contacting his family in the Côte d’Ivoire – he had their numbers stored in the phone but did not have any other record if their telephone numbers – something we are all guilty of these days. One just calls the contact but doesn’t actually learn the number! Awful situation for both him and his parents – we can only hope that he can get a message to his embassy and at least let them know he is alive. When we left the car park they were heading off to find somewhere to sleep – with new bed mats to lie on, clean clothes and food for the night. Just as we were leaving we remembered that we had Dynamo/solar torches that we could give them – they were over the moon!!!! And on that note, waved us goodbye, thanked us for all we had done and headed off into the dark! Fingers crossed for those resilient young boys – we can only hope that things will improve for them at some stage. I am going to track down more solar powered torches for the refugees – it saves them using their phones to see where they are going at night. We all wish you a healthy and happy 2023 and thank you for your support.


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